Sarkozy veut-il larguer les Antilles ?
8 minutes 58 secondes d’intervention mercredi soir à la télévision, et pas un mot sur la Guadeloupe, si ce n’est une brève allusion à la réunion programmée demain avec des élus locaux. Déjà la semaine précédente, lors de son très long monologue face à 4 "journalistes", le président n’avait pas évoqué le sujet.
Décidément, Nicolas Sarkozy est bien muet sur la crise dans les départements d’outre-mer. Lui qui d’habitude ne perd jamais la moindre occasion de se mettre en avant n’a manifestement rien à dire, ni à rien à faire, concernant les graves troubles qui secouent la Guadeloupe, combinés à une grève générale depuis un mois.
Cette étrange attitude serait-elle entièrement calculée ? Le président ne mise-t-il pas sur le pourrissement du conflit pour lui faire perdre tout crédit auprès de l’opinion publique, notamment en métropole ?
Mais, au-delà d’une stratégie classique anti-conflits sociaux, Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas l’intention plus secrète de faire naître, ou d’encourager chez les métropolitains, un sentiment de rejet à plus long terme de la France d’outre-mer ? En laissant le conflit dégénérer et se transporter de plus en plus sur le terrain de la "lutte anticoloniale" contre "l’Etat méprisant", il semble dans tous les cas jouer avec le feu.
Nicolas Sarkozy n’a jamais été très à l’aise avec l’outre mer. Il n’a jamais manifesté d’attachement particulier à des territoires dont il parle très peu, où il ne se rend pas, et qu’il ne présente jamais comme un atout pour notre pays (pourtant, rappelons-le, ils donnent notamment à la France la chance unique d’avoir le 3ème espace maritime mondial).
Alors qu’il est déjà légitime de s’interroger sur l’attachement réel de Nicolas Sarkozy à la France, et les motivations véritables de sa candidature à l’élection présidentielle, on peut avancer l’hypothèse que le chef de l’Etat se passerait bien de l’outre-mer.
L’histoire, il la connaît peu, et n’y fait jamais référence en dehors des discours que lui prépare en période électorale Henri Guaino. La grandeur, elle lui est étrangère. La défense des intérêts nationaux n’est pas non plus sa préoccupation, en témoigne sa politique européenne, et son engagement forcené dans une politique étrangère de plus en plus alignée sur les desiderata de Washington.
Dans ce contexte, Nicolas Sarkozy perçoit-il les territoires d’outre-mer autrement que comme un boulet, une source de coûts et d’ennuis, une machine à dégrader les statistiques françaises, à rendre plus compliqué le respect des critères de Maastricht ?
Cherche-t-il à dégoûter les Français de leur outre-mer ?
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