Sédition et tentative d’assaut du musée de l’Armée : la déliquescence du Pouvoir
La vertu exemplaire de l'émeute n'a pas été démontrée à ce jour, ni surtout sa capacité à construire une alternative à ce qu'elle combat.
Xavier Renou - Petit manuel de désobéissance civile (A l'usage de ceux qui veulent vraiment changer le monde) , Syllepse, 2009, page 27

Le commando d'excités décidé à en découdre avec les factionnaires du musée de l'Armée et à forcer l'entrée du poste de garde de l'hôtel national des Invalides lors des manifestations parisiennes de ce 17 mai 2016 est parfaitement révélateur de la situation d'un Pouvoir (appelons-le comme cela) qui ne contrôle plus rien en ce sens que les institutions qu'il a sous ses ordres sont laissées à elles-mêmes, au régime minimum.
Toute réaction, toute insulte, toute atteinte aux forces de l'ordre et à tout ce qui porte un uniforme, toute autorité revêtue des insignes de sa fonction et de son pouvoir est désormais l'objet, non plus d'une simple contestation verbale, mais beaucoup plus grave, d'une prise à partie physique délibérée ayant pour objet la blessure ou tout simplement le coup mortel.
La video ci-après est éloquente, qui montre une violence et une haine exacerbées que même l'un des membres du service d'ordre chargé d'encadrer lesdits manifestants éprouve la plus grande difficulté à mesurer et à canaliser.
http://5minutes.rtl.lu/grande-region/luxembourg/910758.html
On imagine sans peine les dégâts que ce commando de guérilla urbaine – car il s'agit bien de cela – aurait pu commettre en s'en prenant aux collections du musée ou au tombeau de Napoléon Ier en entrant par le Dôme des Invalides.
Que ce genre d'action n'ait pas été l'objet de mesures d'intervention malgré la présence sur place dans l'hôtel des Invalides d'une section armée en conséquence, demeure surprenant. Plutôt que de voir quelques malheureux soldats et un officier tenter vaille que vaille de maintenir fermée la grille d'entrée sous les coups et les insultes, voici très exactement ce qu'un Pouvoir normalement organisé aurait dû faire : agir.
L'aspect brutal et soudain – le côté « flashmob » - de cet assaut ne pouvait être que potentiellement prévisible, la Préfecture de Police ayant une longue expérience en la matière des mouvements de rue et des débordements contrôlés se traduisant désormais par la prise à partie et l'agression physique des services d'ordre des syndicats par des bandes de « casseurs » ou d'autonomes demeurés insaisissables et agissant curieusement en toute impunité. Il en résulte que le risque de dérapage étant plus que probable, l'intervention de l'escadron de sécurité et d'appui de Gendarmerie posté dans un lieu et dans un quartier aussi sensible que l'est le 7è arrondissement de Paris avec ses ministères et ses monuments comme l'hôtel national des Invalides, eût dû être rendue effective. Il n'y aurait rien eu de surprenant, en cas d'agression manifeste, de violence excessive tant matérielle qu'humaine, à procéder à l'annonce des sommations règlementaires et à ouvrir le feu, au moins en l'air, comme ce fut le cas au mois de décembre 2015 dans des circonstances moins spectaculaires.
Monter sur un ring ou à participer à un combat de rue expose celui qui en fait le choix à donner des coups mais aussi à en prendre. On imagine bien en cas d'ouverture de feu contre les manifestants les cris d'indignation de toute une marge politique qui aurait alors décliné sur tous les tons sa « haine du fascisme » comme elle le fait lorsque les forces de l'ordre s'efforcent de contenir les agissements de casseurs et d'émeutiers qui mettent à sac quelques centres urbains.
Pareille indignation serait très facile à neutraliser, tout comme les vociférations haineuses.
Que de telles manifestations puissent avoir lieu alors que le pays vit, paraît-il, sous le régime de l'état d'urgence, ne finit pas de surprendre. Pourtant il semblerait que les moyens d'action aussi bien préventive qu'offensive ne manquent pas si l'on en juge certaines dotations récentes de matériel.
Dès lors, quels autres mystérieux ressorts, après l'absence d'autorité et très probablement la paralysie face à la conscience inéluctable d'une probable branlée électorale de première grandeur dans moins d'un an, empêchent le gouvernement de faire respecter comme il en a l'impérieuse obligation les institutions de la République ainsi que d'assurer le maintien de l'ordre public ?J'en vois deux : la lâcheté et la complaisance dont ce quinquennat désatreux aura décliné toutes les formes tant sur le plan national qu'international.
Mais après tout, puisqu'il s'agit d'aller au contact, je puis ici vous affirmer que pour ma part six mois me suffiraient amplement, non pas tant pour remettre le pays sur les rails que de faire en sorte qu'il cesse de tourner en rond. Question de volonté, dira-t-on. Effectivement. En avant, calme et droit.
Et les excités de la video dont les manifestations séditieuses sont ici reprises ne seraient plus qu'un vague souvenir, très vite oublié.
Sources et références
Xavier Renou - Petit manuel de désobéissance civile (A l'usage de ceux qui veulent vraiment changer le monde) , Syllepse, 2009, page 27
http://5minutes.rtl.lu/grande-region/luxembourg/910758.html
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