• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Politique > Ségo, c’est plus fort que toi !

Ségo, c’est plus fort que toi !

Ségolène Royal, nouveau produit marketing au sommet de la courbe des intentions d’achat, à laquelle je cède généreusement mes prétentions sur le slogan (détourné des consoles de jeu Sega) qui sert de titre à cet article, sera prochainement  « guignolisée », sa marionnette étant déjà dans les cartons. La nouvelle pourrait paraître anecdotique, pourtant, elle est loin de l’être. Si certains hommes politiques ou artistes s’étouffent d’indignation quand on les caricature (ce qui, en général, ne fait qu’attiser les moqueries), d’autres, plus sagaces, ont bien compris que c’est pour eux une forme de consécration, qui peut parfois se transformer en promotion.

Une consécration d’abord, parce que ce faisant, le caricaturé s’implante de manière plus profonde et durable dans le bestiaire populaire, ce qui est une condition indispensable pour exister petit à petit, surtout auprès de ceux qui, très nombreux, ne prêtent qu’une attention superficielle à la question. L’ancrage est ainsi assuré, et ceci, malgré une absence réelle d’ « épaisseur » politique. Concernant Ségo, cette absence d’épaisseur a déjà été maintes fois avancée ici-même, mon propos n’est pas de l’évaluer, mais de noter que c’est loin d’être une faiblesse de marketing, bien au contraire. Le procédé est bien connu des publicitaires depuis longtemps : avant de vous révéler l’identité d’un produit, on vous le placarde en gros pendant quelques jours, histoire de vous faire mariner un peu et de vous donner envie de savoir ce qu’il y a derrière (« Demain, j’enlève le bas », vous vous rappelez ?). Après le slogan sans grand rapport avec le produit vendu (style : « la force tranquille »), l’appât en forme de devinette entre en politique. Un moyen très malin pour se procurer de la tranche de cerveau disponible en retardant stratégiquement le besoin de se positionner clairement. Il ne reste plus qu’à fixer le tableau au mur, fonction remplie par les sondages et, maintenant, la « guignolisation » (sans présumer d’aucune préméditation de cette dernière).

Promotion, ensuite, même si, pour Ségolène Royal, seul l’avenir nous le dira. Car même sous la caricature ou le dénigrement, les préférences des auteurs des « Guignols » peuvent non seulement transparaître, mais clairement peser sur le jeu électoral. Rappelons-nous, c’était en 1994-1995 : Edouard Balladur au zénith des intentions de vote, Jacques Chirac au nadir. L’affaire semblait « pliée », mais tout le bel édifice s’affaisse inexorablement au cours de la campagne électorale. Revisitée par des Guignols au sommet de leur forme, celle-ci s’est transformée en affrontement entre "Couille-Molle" le Ganelon en gants blancs (et son âme damnée Sarko) d’une part, et d’autre part, "Pile-Poil", brave gars abandonné, un peu maladroit et un peu filou, sorte de pied-nickelé qui aime les pommes, les vaches et la tête de veau. On se rappelle sans peine lequel a franchi -« pile poil »- le cap du premier tour. (Les Guignols modifieront par la suite le personnage, entre autres pour lui faire enfiler le collant d’un justicier sans peur ni reproche qui accourt à l’appel de Supermenteur.)

On le voit, il n’y a pas que durant la campagne de 1981, avec ses images subliminales (et illégales) de Mitterrand, que les messages inconscients s’insinuent dans notre jugement. Passé révolu, influence négligeable, me diriez-vous ? Voire... Laquelle trouvez-vous la plus sympathique parmi les marionnettes des « présidentiables » actuels ? Celle du roquet vindicatif agitant un kärcher en vociférant, ou celle du mannequin pour sous-vêtements sexy qui, « le brushing dans le vent », fait fantasmer les dames ? Et donc, saurez-vous, le moment venu, faire la part de cette influence subconsciente qui s’imprime sur vos tranches de cerveau martelées par les spasmes du rire ?



Moyenne des avis sur cet article :  2.6/5   (5 votes)




Réagissez à l'article

12 réactions à cet article    


  • Thucydide (---.---.103.87) 28 janvier 2006 03:12

    En effet, c’en est presque de la télépathie...


    • Elegy (---.---.26.107) 28 janvier 2006 15:24

      Oui ca s’apparente a du marketing, y compris la « guignolisation » comme vous dites. Mais il faut reconnaitre que c’est le seul moyen d’interesser les francais un tant soit peu a la politique. Les partis et les journalistes font ce qu’ils peuvent.

      Toute personne est libre de consulter les documents officiels, les programmes politiques des partis, au moment ou ils sont publies. Et de decider en adulte. Mais ils ne le font pas.

      Le referendum sur la constitution europeenne, combien de nos compatriotes ont lu le texte ? 1% a tout casser.

      Nos braves concitoyens avaient tout le loisir de le lire, il etait disponible partout.

      Ils ont prefere ecouter les arguments politico-marketing du ’oui’ et du ’non’. Comme d’habitude. Les francais, elections apres elections, confirment clairement qu’ils se moquent du debat d’idee, qu’ils ne sont receptifs qu’aux arguments de surface, ceux qui passent le mieux a la tele.

      Alors c’est normal que chaque homme ou femme politique, pour exister, doit etre traite comme un produit dont la promotion la plus efficace et la television. Un peu comme les barils de lessive.

      Mais c’est a cause de l’attitude du consommateur, pas du fabricant.


      • Thucydide (---.---.101.9) 31 janvier 2006 14:10

        Bien sûr. Au « consommateur » de choisir ses hommes politiques correctement, et d’éviter les publicités mensongères. A quand le comparatif dans « Que choisir » ou « 30 millions d’amis » euh... pardon, « 50 millons de consommateurs » ?


      • michel Lerma (---.---.59.247) 28 janvier 2006 18:29

        Voila comment faire perdre la gauche à l’élection présidentielle.

        « vendre » un produit de marketing à la place des idées politiques.

        A qui profite le crime ?


        • mélodie (---.---.136.36) 28 janvier 2006 19:19

          vous faites référence aux guignols que je trouvent drôles mais anesthésiants en terme de conscience politique. Ce sont les bouffons du roi, ils permettent d’exorciser un raz le bol. Les politiques ne sont pas mis à mal, ils semblent moins nocifs, c’est tout. Les guignols sont à la cour du roi et servent le pouvoir. C’est vrai qu’ils sont drôles c’est bien ça le problème. Ensuite, les présenter en marionnettes en vis à vis (nous, devant notre écran) me fait penser à un jeu de miroir, qui me fait grincer les dents. NOUS sommes les marionnettes. Mélodie


          • Roues Libres Claude DP 29 janvier 2006 09:51

            N’est ce pas une autre expression du conformisme ambiant ? Les guignols y participent désormais à leur manière, qui sera probablement moins efficace qu’en 95 ou c’est justement leur relatif anti-conformisme qui avait payé. Mais rassurons-nous, Royal nous fatiguera bien avant les échéances de 2007. A monter aussi haut dans les sondages (sic) elle trouvera bien quelqu’un pour la pousser un peu...


            • Prosper Prosper 1er février 2006 17:45

              C’est triste de vous voir prendre nos concitoyens pour des imbéciles systématiques. C’est drôle de vous voir flipper à l’idée d’une femme à l’Elysée (j’entends déjà vos cris : « mais non pas du tout, ça n’a rien à voir ! » mais oui bien sur ...). C’est navrant de vous voir considérer le fait politique sous le seul aspect de l’image, mélangeant ainsi les causes et les conséquences.


              • Prosper Prosper 1er février 2006 17:46

                C’est triste de vous voir prendre nos concitoyens pour des imbéciles systématiques. C’est drôle de vous voir flipper à l’idée d’une femme à l’Elysée (j’entends déjà vos cris : « mais non pas du tout, ça n’a rien à voir ! » mais oui bien sur ...). C’est navrant de vous voir considérer le fait politique sous le seul aspect de l’image, mélangeant ainsi les causes et les conséquences.


                • Prosper Prosper 1er février 2006 17:46

                  C’est triste de vous voir prendre nos concitoyens pour des imbéciles systématiques. C’est drôle de vous voir flipper à l’idée d’une femme à l’Elysée (j’entends déjà vos cris : « mais non pas du tout, ça n’a rien à voir ! » mais oui bien sur ...). C’est navrant de vous voir considérer le fait politique sous le seul aspect de l’image, mélangeant ainsi les causes et les conséquences.


                  • Prosper Prosper 1er février 2006 17:48

                    C’est triste de vous voir prendre nos concitoyens pour des imbéciles systématiques. C’est drôle de vous voir flipper à l’idée d’une femme à l’Elysée (j’entends déjà vos cris : « mais non pas du tout, ça n’a rien à voir ! » mais oui bien sur ...). C’est navrant de vous voir considérer le fait politique sous le seul aspect de l’image, mélangeant ainsi les causes et les conséquences.


                    • www.jean-brice.fr (---.---.150.31) 18 février 2006 10:07

                      Ce qui est triste, c’est que ce n’est pas sérieux : l’enjeu mériterait une autre approche...


                      • Thucydide (---.---.103.13) 19 février 2006 08:28

                        Une autre approche ? Si vous voulez parler du candidat en lui-même, ça a déjà été fait par d’autres auteurs ici-même, et mon but n’était pas d’épiloguer, d’autant que le sujet aura sûrement de nombreuses occasions de revenir sur la sellette. Ici, il s’agissait surtout de mettre en avant l’importance de l’image et la subjectivité de nos choix, en partant du phénomène des Guignols, et en adoptant leur angle sarcastique, ce qui me semble cohérent. Dans ce but, j’ai volontairement évité de glisser sur des considérations politiques relatives à tel ou tel candidat, ce qui aurait inévitablement infléchi le débat.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès