Ségo et Marine sont dans un bateau...
Toutes les deux sont tombées à l’eau : l’une pour les idées qu’elle défend, et l’autre touchée en plein vol par un twitt assassin.
Pour Marine Le Pen, l’échec est cuisant, et même si elle tente de tourner celui-ci en victoire, évoquant le succès de la petite fille du fondateur du FN, Marion-Maréchal Le Pen qui à 22 ans, pourra chanter « maréchal, me voilà » lorsqu’elle pénètrera dans l’auguste bâtiment de l’assemblée nationale.
La présidente du FN a donné multiples raisons pour expliquer son échec, mais il semble qu’elle ait oublié l’essentiel.
N’y avait-il pas comme une légère contradiction à quitter sa place de conseillère municipale à Hénin Beaumont, pour rejoindre les bancs d’une assemblée européenne dont elle conteste l’existence, puis se présenter à la députation dans la ville qu'elle a quittée ?
Son échec a eu d’autres répercutions, puisqu’elle est involontairement responsable de celui de Nadine Morano, qui en revendiquant partager « les mêmes valeurs que le Front National » a mis un terme à ses ambitions.
Elle a aussi échouée dans sa volonté d’empêcher l’élection Nathalie Kosciuszko-Morizet, demandant à ses électeurs de se joindre au PS afin de la faire battre.
En fin de compte, Marion-Maréchal Le Pen n’aurait pas été élue sans l’entêtement de la socialiste Catherine Arkilovitch à se maintenir, (lien) et Gilbert Collard ayant toujours affirmé ne pas être membre du FN, n’envisage pas aujourd’hui de prendre la carte de ce parti, minorant finalement la « victoire » du FN. lien
Le cas de Ségolène Royal est plus complexe et son « siège de La Rochelle » s’est finalement mal passé : Avec 63% pour Falorni, contre seulement 37% pour Royal, la claque est sévère.
Il faut dire que son parachutage n’a pas été très bien perçu par les Rochelais et comment ne pas comprendre la colère de Falorni à qui, une fois de plus, on demandait de se retirer ?
En 2008, Ségolène Royal avait tenté en vain de le faire éjecter de son poste fédéral, et en 2010, elle avait voulu l’écarter des régionales. lien
Il faut remonter à 1999 dans l’histoire du trio « Ségo, Valérie, et François » pour comprendre ce qui s’est réellement passé.
On se souvient du Twitt assassin de Valérie Trierweiler : « courage à Olivier Falorni qui n’a pas démérité, qui se bat aux côtés des rochelais depuis tant d’années dans un engagement désintéressé » twitt rangé au domaine des maladresses. lien
En effet, de nombreux politologues ont avancé de multiples explications peu convaincantes, les uns assurant qu’il s’agit d’une simple gaffe, ajoutant qu’Hollande « devrait mieux conseiller sa compagne », les autres mettant ça sur le compte de la haine que se porteraient les deux femmes.
Et pourtant, il reste une autre explication.
L’exclusion du PS d’Olivier Falorni décidée par Martine Aubry n’est peut-être qu’un écran de fumée.
On se souvient que Jean-Marc Ayrault avait publiquement soutenu Ségolène Royal, (lien) et que plus tard, il avait officiellement demandé à Valérie Trierweiler à la suite du twitt de « se faire plus discrète, par respect pour le rang qu’elle occupe, fut-il officieux, auprès du président de la République », mais ce n’est peut-être rien d’autre qu’une posture officielle, et l’explication est peut-être bien ailleurs. lien
La rencontre entre François Hollande et Valérie Trierweiler remonte à 2005, (lien) s’il faut en croire Christine Courcol et Thierry Masure dans leur livre « les coulisses d’une défaite ». (Editions l’Archipel)
Quand à Olivier Falorni, et aux liens qui l’unissent depuis longtemps au nouveau couple présidentiel, on peut s’interroger sur le sens de la déclaration d’un proche de Falorni, le soir du 2ème tour de la législative estimant que « celui-ci venait de rendre à son ami Hollande le plus beau service qu’il lui ait jamais rendu ». lien
Quel serait donc ce service ?
Il est plus que probable que la présence de Ségolène Royal au perchoir de l’assemblée nationale n’enthousiasmait pas outre mesure le nouveau président de la République, et même si officiellement, ce dernier soutenait la candidature de Royal à La Rochelle, (lien) il est vraisemblable qu’Hollande aurait été plus à l’aise avec quelqu’un d’autre à cette place.
Il s’agirait donc peut-être d’une belle manipulation pour le moins machiavélique, prouvant que François Hollande a bien retenu les enseignements d’un autre François, élu en 1981.
Ségolène, pourtant déjà présidente de la Région Poitou-Charente, veut prendre une double revanche : d’abord sur son échec de 2007, sachant que « ses amis » du PS en sont pour partie responsable, ensuite sur l’autre échec des primaires socialiste, puisqu’elle n’arrivera même pas au second tour.
Ségolène a fini par le comprendre, en évoquant aujourd’hui une trahison, et citant Victor Hugo : « toujours la trahison trahit le traître ». lien
Quelle est donc cette trahison ?
C’est Paul Vermusse, sur l’antenne d’Europe1 qui l’explique en détail : (curseur à 72’)
Olivier Falorni, fils d’une famille qui a fuit le fascisme et Mussolini, a adhéré au PS, devenant premier secrétaire de la fédération de Charente Maritime, accueillant régulièrement au siège de la fédé les éléphants du PS la veille de l’ouverture de l’Université d’été de La Rochelle, et depuis 14 ans il a toujours soutenu François Hollande, même lorsque ce dernier était loin de faire l’unanimité. lien
Il y a même une véritable complicité entre les deux hommes, et Falorni a soutenu la candidature de Hollande aux primaires alors que personne n’y croyait, et que Ségolène Royal lui avait dit à l’époque : « tu ne vas tout de même pas soutenir Monsieur 3% ».
Vermusse enfonce le clou :
« De plus, Falorni a été le premier témoin de la rencontre avec Valérie Trierweiler
Lors des universités socialistes à La Rochelle de 2007 (lien) et 2008, (lien) Olivier Falorni servait à la fois de chauffeur, il a abrité ces amours discrètes entre François et Valérie (…) ils habitaient chez lui à La Rochelle ».
La suite est facile à comprendre.
La veille du second tour, Valérie Trierweiler envoie le Twitt assassin, Hollande se met aux abonnés absents, et Ségolène perdant finalement l’élection perd toute chance d’obtenir le perchoir de l’assemblée nationale.
Quand à Falorni, pour donner le change, dans un premier temps, il sera mal reçu par cette institution nationale, mais comme le dit Bruno Le Roux : « pour l’instant il ne peut y avoir de réintégration automatique dans le groupe. Mais le problème se posera, car il s’est toujours revendiqué du Parti Socialiste ». lien
C’est cette même analyse qu’a fait, sous le pseudo « Cixi-Hélène », dans les colonnes d’Agoravox, ajoutant : si elle avait eu ce poste au perchoir, « elle serait officiellement de toutes les cérémonies, et elles sont nombreuses, (…) rien que d’imaginer Ségolène à coté de François, avec Valérie dans leur dos ! Non, non ! Vraiment le pauvre homme n’en finirait pas, c’est impossible ! ». lien
Jean-Pierre Raffarin a été plus direct, déclarant au sujet de Hollande : « je ne peux pas avoir pour lui d’antipathie fondamentale quand je pense à tout ce qu’il a dû endurer en vivant si longtemps avec elle ». lien
Ce ne serait pas surprenant, sans lire dans le marc de café, qu’une femme se retrouve tout de même au perchoir, et ça pourrait bien être Elisabeth Guigou qui l’emporte, faisant ainsi un pied de nez final à la madone du Poitou, laquelle héritera peut-être, en compensation, de la direction des régions…
Car comme dit mon vieil ami africain : « on peut résister à tout, sauf à la tentation ».
L’image illustrant l’article provient de « mdamemichu.com »
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
Un peu d’humour avec Laurent Gerra imitant François Hollande, devant ce dernier sur ce lien et sur celui là.
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