Ségolène Royal défavorable à une sortie du nucléaire
Grâce à Ségolène Royal, on en sait un peu plus au sujet de la vision énergétique du gouvernement français. Celui-ci sait clairement où il va, ce qui doit tous nous rassurer et souhaite avant tout décarboner l'économie. Auditionnée mercredi 21 mai en fin de matinée par la commission d'enquête parlementaire sur les coûts de la filière nucléaire, Ségolène Royal s'est livrée à un vibrant plaidoyer en faveur de la transition énergétique, des énergies renouvelables et de la filière nucléaire.
L'énergie est un sujet qui a été souvent maltraité par les politiques. Approximations, idéologie... rares sont ceux qui maîtrisent ces enjeux et savent valoriser l'innovation et la production d'énergie peu chère et durable. L'actuelle ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a longtemps négligé ce sujet, au point d'apparaître assez ridicule en mai 2007, lors du débat télévisé avec Nicolas Sarkozy avant le deuxième tour de la présidentielle. On se souvient de ce dialogue :
Ségolène Royal : - Vous défendez le nucléaire, mais vous ignorez la part du nucléaire.
Nicolas Sarkozy : - Non, la moitié de notre électricité est d'origine nucléaire.
Ségolène Royal : - Non, 17 % seulement de l'électricité !
Nicolas Sarkozy : - Ce n'est pas exact, madame.
Ségolène Royal : - Tout cela se verra. Mais, si, c'est cela !
Finalement, les deux avaient eu faux mais, étant donné que la part du nucléaire dans l'électricité produite en France avoisine les 80 %, on peut considérer que la candidate du Parti Socialiste ne maîtrisait absolument pas la question.
Depuis qu'elle est devenue ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal fait toutefois preuve de sérieux et de pragmatisme et est maintenant celle qui dicte la vision à long terme du gouvernement en matière d'énergie. Ainsi, elle n'a pas hésité la semaine dernière à proposer d'accélérer le déploiement de compteurs électriques intelligents. De même, elle vient de mettre un terme sur les spéculations concernant l'avenir du nucléaire en affirmant clairement que la France ne pouvait ni ne devait renoncer à cette source d'énergie massive et fiable.
« Je ne pense pas que nous pourrons sortir du nucléaire », a déclaré la ministre de l'écologie et de l'énergie, ajoutant qu'un « socle de production nucléaire à 50 % est un atout dans la transition énergétique qui s'engage ». De quoi rassurer les industriels du secteur comme le PDG d'EDF Henri Proglio qui le martèle depuis des années.
En effet, et Ségolène Royal ne s'est pas privée de le rappeler, si la France affiche de bons résultats en matière d'émissions de gaz à effet de serre, c'est en partie grâce à l'atome. « 8 tonnes par an et habitant contre 12 tonnes en moyenne européenne » a expliqué la ministre, en prenant comme contre-modèle l'Allemagne, dont la décision de s'affranchir totalement du nucléaire l'a contrainte à relancer des centrales thermiques au charbon fortement émettrices de CO2.
Ségolène Royal s'est également montrée rassurante au sujet de la fermeture des deux réacteurs du site de Fessenheim. D'après elle, il faudra plutôt parler de reconversion. En effet, elle propose de faire du site alsacien « un pôle d'excellence du démantèlement », afin de positionner la France sur un marché mondial qui se chiffre aujourd'hui à 400 centrales à démanteler.
La président de la région Poitou-Charentes, longtemps critiquée par la presse, de façon tout à fait légitime d'ailleurs, s'affiche donc à présent comme une des ministres les plus sérieuses et pédagogiques du gouvernement. Alors que celui-ci semblait régulièrement botter en touche au sujet de l'avenir de la filière nucléaire française, Ségolène Royal est la première à enfin exprimer une vision de long terme. L'industrie de l'énergie peut donc voir le futur avec serénité.
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