Sénatoriales : un partisan de la lapidation nommé « grand électeur » par la gauche
L'omertà a bien fonctionné, et l'affaire n'éclate que maintenant dans la blogosphère :
Rachid Gacem, qui avait défendu la lapidation devant les caméras de John-Paul Lepers l'an dernier a voté aux sénatoriales en tant que "grand électeur" investi en tant que tel par la gauche.
Quelques explications sur le mode d'élection des sénateurs :
Ceux-ci ne sont pas élus au suffrage universel, mais sont choisis par un collège de grands électeurs composé principalement d'élus locaux. Principalement mais pas seulement. Dans les plus grandes villes, non seulement tous les conseillers municipaux sont électeurs, mais de plus ils nomment des grands électeurs supplémentaires qu'ils choisissent dans leur entourage.
C'est ainsi que Rachid Gacem, jusqu'à l'an dernier trésorier et chargé de communication dans une mosquée de Roubaix, a été rajouté et, sans jamais avoir été élu lui-même, a participé à la désignation des sénateurs.
L'EMISSION DE JOHN-PAUL LEPERS ET LE SCANDALE MEDIATIQUE
On se souvient de l'émission de John Paul Lepers dans laquelle Rachid Gacem n'est pas passé inaperçu :
Quelques extraits :
« La lapidation, je serais dans un pays musulman, je dis oui …. c’est la loi divine … couper la main à un voleur, je suis d’accord »
« Si demain la France devient majoritairement musulmane, c’est la charia qui doit prendre le truc, et alors ? » .
Le passage à la télévision donna un retentissement national à ces propos, qui déclenchèrent un scandale majeur.
Rachid Gacem démissionna de ses fonctions à la mosquée, et il présenta des "excuses" qui peuvent encore être lues sur le Blog2Roubaix dans un article du 15 septembre 2010 intitulé Qui a peur de l'islam : communiqué de Rachid Gacem. Nous allons insister sur la teneur de ces excuses des plus ambigües, car, comme nous le verrons plus tard, elles serviront de prétexte aux responsables socialistes locaux pour justifier la nomination de M. Gacem comme grand électeur :
"... je condamne sans ambigüité et fermement les propos que j’ai tenu concernant la lapidation et les mains coupées, ceux-ci ont été dit dans un contexte d’euphorie, de naïveté et surtout avec un grand manque de connaissances théologiques, je le reconnais."
Le contexte d'euphorie s'explique par le fait que venait de se tenir, au Parc des Sports, un rassemblement géant avec des prières en plein air auprès desquelles celles de la rue Myrrha font pâle figure. Les participants avaient été accueillis par René Vandierendonck, le maire « dans ce haut lieu de la citoyenneté roubaisienne ».
La naïveté est évidente. Ce n'est pas une excuse, simplement une aubaine pour le citoyen de base, qui obtient grâce à elle une information qui lui aurait été autrement cachée.
Quant au manque de connaissances théologiques, on s'en fout. L'interdiction de la lapidation ne doit pas dépendre d'interprétations théologiques plus ou moins compétentes, mais des lois de la République.
Il rejeta la faute sur les journalistes :
"« L’erreur est humaine », aujourd’hui je sais que j’ai fait une erreur, j’ai tenu des propos qui étaient hors de ma portée, qui ont été retirés de leur contexte et utilisés à contre sens, comme savent si bien le faire les journalistes expérimentés dans la manipulation intellectuelle visant à nuire aux auteurs."
En réalité, et on le voit aux expressions employées, Gacem ne regrette que son manque de maîtrise des techniques de la communication, et ne s’excuse que des dégâts que sa franchise maladroite a causés à sa communauté en termes d’image :
« Les personnes qui me connaissent savent mieux que quiconque que mes intentions n’étaient pas mauvaises, que je ne voulais pas participer à la propagation de propos diffamant notre communauté, et surtout jeter un voile qui ternit et nuit encore une fois à l’image de Roubaix. »
« J’insiste sur le fait qu’à ce jour et de part cette expérience négative cela me servira longtemps de rappel et que tout sujet n’est pas systématiquement à la hauteur de mes connaissances. »
« Je tenais à vous préciser que mon rôle au sein de la Mosquée Abu Bakr se limitait à la communication et à la garantie du respect des voisins. J’ai failli dans ma communication et me suis fait berné par un journaliste chevronné. J’en assume toute ma responsabilité. C’est pourquoi j’ai posé ce jour ma démission au Conseil d’administration. Elle a été acceptée unanimement. »
L'INSCRIPTION DE M.GACEM COMME GRAND ELECTEUR
Les circonstances de cette inscription sont relatées par Nord Eclair dans un article du 3 juillet 2011 intitulé Un "grand électeur" qui provoque des remous. On peut y lire ces explications d'André Renard, qui a participé à l'élaboration de la liste :
« Chaque élu devait fournir un ou deux noms de personnes disponibles pour l'élection sénatoriale le 25 septembre. Chacun a puisé dans le cercle de ses relations personnelles et c'est ainsi que le nom de Rachid Gacem est apparu ».
André Renard qualifie de "tempête dans un verre d'eau" les protestations suscitées par la nomination de M. Gacem, et ajoute :
« En tout cas, les réactions à l'encontre de Rachid Gacem sont complètement déséquilibrées. Il n'est tout de même pas candidat aux élections municipales ! Il dispose seulement d'un ticket qui lui donne le droit d'aller voter le 25 septembre. Rien de plus. Certes, l'an dernier, il a dit des conneries. Mais il s'en est publiquement et sincèrement excusé et il a démissionné de ses fonctions de trésorier à la mosquée Abou Bakr. Faut-il établir une double peine à l'égard de tous ceux qui un jour ou l'autre ont dit des conneries ? »
Voici donc des propos favorables à la lapidation ravalés au rang de simple sottise dont il suffit de s'excuser.
Nous rappellerons combien étaient ambiguës les excuses de M. Gacem, et nous ajouterons qu'une personne ayant un rôle politique n'a pas à s'excuser pour avoir rendu publique ses idées, même et surtout si celles-ci sont révoltantes. Nous préférons clairement que les idées de M. Gacem sur la charia soient connues des citoyens plutôt que promues en secret. Un politique a pour devoir de faire connaître ses idées et, quand elles sont celles de M. Gacem, les électeurs ont pour devoir de ne pas l'élire. Il n'est d'ailleurs pas élu par les Roubaisiens, mais a été nommé par un collège d'oligarques.
LA SORTIE DE L' AFFAIRE
Un autre scandale est que la nomination de M. Gacem s'est déroulée dans un silence total de la presse nationales.
L'affaire a été soulevée par M. Ahmed B..., un lecteur de Nord Eclair, qui remarqua la présence de M. Gacem parmi les grands électeurs, et qui écrivit à son journal pour s'indigner. Il obtint la rédaction de l'article précité du 3 juillet.
Cet article fit lui-même peu de bruit, mais il fut suivit d'un article du 29 décembre qui le résumait en quelques lignes au sein d'une revue de l'actualité politique de l'année à Roubaix.
C'est ce dernier article qui fit sortir l'affaire dans la blogosphère.
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