Sénégal : après le 5e anniversaire du Joola, les familles des 1863 victimes dans l’expectative
Cinq ans viennent de s’écouler après le naufrage du Joola, qui, plus que le Titanic avec ses 1500 morts, a, lui, fait officiellement 1863 morts et 64 rescapés. Mais selon la principale association des familles des victimes du Joola, basée à Ziguinchor, au sud du Sénégal, ce plus grand drame de l’histoire de la marine marchande du monde, aura laissé derrière lui un minimum de 1923 victimes. Cinq ans donc après, certaines questions structurelles restent encore en suspens, laissant des familles entières dans l’expectative.
Le 26 septembre dernier, l’Afrique, l’Europe et pourquoi pas le monde entier se sont inclinés devant la mémoire des près de 2000 victimes du Joola, du nom du navire sénégalais ayant fait naufrage exactement cinq ans plus tôt, le 26 septembre 2002, aux larges de
Mais faut-il se rendre à l’évidence, cela ne saurait satisfaire à juste titre toutes les familles éplorées. Lesquelles ont accepté aussi, si l’on en croit le président de l’Association nationale (sénégalaise) des familles des victimes du Joola (Anfv-Joola), M. Mousa Cissokho, « un règlement de la question à l’amiable » consentant une indemnisation de 10 millions de francs CFA soit environ 17 000 dollars US par victime décédée ou rescapée. Si l’on en croit M. Cissokho, cinq ans après la tragédie, « plus de 1370 dossiers d’indemnisation (sur les 1923 qu’ils ont dit avoir recensés) ont été exécutés ». Ce qui donne un total d’un peu moins de 14 milliards de francs CFA soit près de 229 millions de dollars US.
Ziguinchor (
N’empêche, les familles des victimes du Joola n’en demeurent pas moins dans une certaine expectative relative notamment, selon Moussa Cissokho, au « non respect de ses (l’Etat du Sénégal) engagements ». Il s’agit surtout de la prise en charge, du point de vue des indemnités, d’une partie des familles des victimes. Le président de l’association regroupant ces familles, parlera du reste des 1923 victimes dont les dossiers n’ont pas encore été exécutés. Mathématiquement, il s’agirait alors de 553 victimes pour une somme qu’ils ont estimée à 6 milliards de francs CFA soit près de 10 millions de dollars US. A côté de cela, des étudiants issus des familles des victimes du Joola seraient toujours en train d’attendre « les bourses d’études à l’étranger... promises, selon M. Cissoskho, par le chef de l’Etat au lendemain du naufrage ».
Aussi, les familles des victimes du Joola attendent-elles l’arrivée d’un nouveau bateau en remplacement du premier leur ayant causé tout ce désagrément. Sur ce, retenons qu’un nouveau navire, baptisé avant son premier appareillage dans les eaux dakaroises, le Aline Sitoé Diatta, serait en construction, selon des informations officielles données à Dakar, en territoire allemand. Ces informations ont été réaffirmées le 26 septembre dernier à Ziguinchor par le ministre sénégalais des Forces armées, M. Bécaye Diop. Et puis, en plus de la décision du président Me Abdoulaye Wade suivie du vote d’une loi à l’Assemblée nationale sénégalaise pour la prise en charge des orphelins du Joola, estimés par l’Anfv-Joola à 1900, la question du renflouement de l’épave du navire est encore d’actualité.
En 2005, le président Wade avait donné son accord dans ce sens. Mais il l’avait assujetti au fait que Dakar devrait trouver des moyens lui permettant de réaliser ce dessein, mais aussi à un consensus autour de la question. Me Abdoulaye Wade disait ceci : « C’est un problème qui est aussi complexe, parce qu’il concerne des milliers de parents de victimes. En tout état de cause, une telle opération ne pourrait se faire qu’avec un consensus de l’ensemble des parents des victimes. Encore une fois, le gouvernement du Sénégal ne s’y oppose pas. »
Cette volonté a été réitérée le 26 septembre dernier au port de Ziguinchor, non seulement par l’Anfv-Joola, mais également par les parents des victimes norvégiennes, à savoir Henry et Greet Arendshort. C’était lors de la commémoration de l’an 5 du naufrage, en présence M. Bécaye Diop ministre des Forces armées et M. Mamadou Lamine Kéita ministre de la Jeunesse et de l’Emploi, venus représenter le président sénégalais en voyage à l’ONU. Ces familles norvégiennes, autant que leurs homologues européennes et sénégalaises éplorées, sont dans l’attente d’un probable renflouement de l’épave du Joola. Histoire de pouvoir s’y recueillir de temps en temps pour commémorer la disparition tragique des leurs.
Pourtant, quelques jours avant la commémoration de l’an 5 du drame du Joola, l’espoir était le sentiment le mieux partagé chez ces familles. Elles avaient l’espoir que cette fois-ci, des mesures concrètes allaient être annoncées allant dans le sens du respect de ce qui restait des engagements de l’Etat du Sénégal. Mais le jour venu, le ministre sénégalais des Forces armées s’est voulu évasif sur les questions de fond. Il a rappelé les efforts abattus par Dakar pour notamment renforcer la sécurité de la navigation maritime parmi lesquels « la création de la haute autorité chargée de la sécurité et de la sûreté maritimes ». Bécaye Diop se limitera à dire que « d’autres mesures seront prises pour renforcer la sécurité de la liaison Dakar-Ziguinchor et désenclaver la région de
Pour rappel, depuis sa mise en circulation au mois de décembre 1990, le navire le Joola assurait, en 15 heures d’horloge, la liaison Dakar-Ziguinchor-Dakar, avec escale à l’île de Carabane située à l’embouchure du fleuve Casamance (sud de Dakar). Selon un site Internet non officiel, « construit en Allemagne, le Joola était un transbordeur d’eaux côtières de 1 532 tonnes, de 79,50 m de long, d’une largeur de 12,50 m avec un tirant d’eau de 3,10 m. Sa cale de chargement de
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