Sept enjeux capitaux pour le projet démocrate
Le Mouvement Démocrate a mis en place ses structures nationales et a défini l’essentiel de ses structures départementales. Tout n’est pas terminé, tout n’est pas parfait, mais nous pouvons, nous devons, commencer à travailler sur le projet démocrate qui constitue notre lien le plus crédible avec le citoyen et l’électeur.
Avant de se lancer dans la conception et dans les détails d’un projet politique, d’un projet de société ou d’un projet de civilisation, il me paraît essentiel de recenser les enjeux capitaux pour l’avenir de notre société. Ces enjeux ne sont pas des mesures ou des ensembles de mesures contenus dans un projet, ils constituent le fil conducteur, une sorte de référentiel permanent, pour tous les projets et pour toutes les décisions politiques.
Chaque mesure du projet démocrate que nous allons développer doit être confrontée à ces enjeux, confortée par ces enjeux.
Je n’ai pas la prétention d’avoir recensé exhaustivement tous les enjeux capitaux, mais j’espère avoir détecté l’essentiel. Chacun pourra évidemment compléter à sa convenance, notamment par ses commentaires. Je n’ai pas non plus l’intention de hiérarchiser ces enjeux. Je pense que tous font partie d’un socle indispensable à une vie harmonieuse dans notre société.
Bien souvent, dans ce qui va suivre, je vais utiliser le pronom personnel « nous ». C’est sûrement une très mauvaise habitude. Cela ne signifie pas que je parle au nom de multiples personnes et encore moins au nom du Mouvement Démocrate. Cela signifie simplement : « je » pense ou je crois que « nous » !
1 - Droits de l’Homme
Des événements récents ont encore montré que le respect des droits de l’Homme est bien fragile face aux intérêts économiques ou financiers. Les aléas et la gestion des conséquences du parcours de la flamme olympique, véritable « chaolympique », en sont une illustration. L’attitude de nos gouvernants envers les dirigeants de certains pays du Moyen Orient ou de la « FrançAfrique » le confirme abondamment.
Alors oui, il faut remettre l’Homme au cœur de tous les dispositifs et notamment de la politique. Mais il ne suffit pas de le dire, de le préconiser, il faut le faire, l’appliquer :
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L’appliquer sur notre territoire où chaque individu doit pouvoir vivre dans la dignité,
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L’appliquer par le renforcement de notre démocratie,
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L’appliquer dans nos relations internationales avec nos partenaires politiques ou économiques,
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L’appliquer par une redéfinition ambitieuse des rapports Nord-Sud…
La France est souvent considérée comme la patrie historique, le berceau, des droits de l’Homme. Cette réputation peut légitimement nous rendre fier. Mais pour en être digne, nous devons rester exemplaire et je n’éprouve aucune fierté sur l’image donnée par la France, depuis quelques mois, en matière de respect des droits de l’Homme.
Toute mesure de notre projet politique, de notre projet de société, de notre projet de civilisation prendra en considération les exigences relatives au respect des droits de l’Homme.
2 - Mondialisation
La mondialisation est une réalité durable et incontournable que nous devons intégrer dans notre vie économique et sociale. Il est inutile de la rejeter ou de la dénoncer de manière stérile. Nous devons au contraire l’adopter et nous l’approprier pour l’infléchir, la modeler afin qu’elle ne soit pas un obstacle aux attentes légitimes du citoyen.
Il n’est cependant pas possible d’accepter les excès de la mondialisation, notamment ceux qui portent gravement atteinte aux droits de l’Homme ou qui contribuent à l’inégalité croissante des populations. De même qu’il est exclu d’accepter les dérives d’une spéculation financière mondialisée qui ponctionne abusivement une part grandissante des ressources et entraîne des dérives qui peuvent affamer une partie de la planète.
Si la mondialisation peut être un vecteur d’égalité entre les hommes, ce nivellement ne doit pas s’opérer vers le bas, mais vers le haut. C’est en favorisant l’accès des plus pauvres et des plus démunis à des conditions de vie décentes et dignes que nous aboutirons à un équilibre durable. C’est cet équilibre qui permettra de réduire les flux migratoires et les délocalisations industrielles massives.
Toute mesure de notre projet politique, de notre projet de société, de notre projet de civilisation prendra en considération les exigences relatives à la réalité de la mondialisation et celles qui permettent d’en corriger les excès.
3 - Construction européenne
Le rejet du traité établissant une Constitution pour l’Europe par 55% des français lors du référendum du 29 mai 2005 a constitué un coup d’arrêt à la construction européenne. Celle-ci redémarre quelque peu depuis quelques mois avec le traité dit « simplifié ».
Malgré l’absence évidente de lisibilité des textes actuels, malgré l’abandon de certains symboles forts, comme l’hymne et le drapeau, malgré la manière dont le traité de Lisbonne a été ratifié, malgré tout, je pense que la construction européenne doit reprendre. Le temps est venu d’effectuer le travail nécessaire pour convaincre les français et les européens d’unir plus étroitement leurs forces et leurs énergies pour un avenir meilleur.
L’Europe est une étape indispensable pour maîtriser la mondialisation et pour peser sur la destinée de la planète, face aux géants économiques actuels et émergeants.
Quelle Europe voulons nous ?
Avec qui voulons nous la construire ?
Nos propositions doivent s’inscrire dans la perspective d’une Europe plus proche des citoyens. Nous devons surtout avoir un message clair et parfaitement compréhensible. Il ne suffit pas d’être passionnément européen. Il est indispensable de proposer des mesures qui permettent à l’Europe de fonctionner plus efficacement et plus démocratiquement.
Toute mesure de notre projet politique, de notre projet de société, de notre projet de civilisation prendra en considération les exigences relatives à la construction européenne.
4 - Développement durable
L’avenir du monde est entre nos mains !
Cette phrase est à la fois belle et effrayante : belle, parce qu’elle montre que l’Homme est maître de son destin ; effrayante, parce qu’elle révèle aussi que nos faiblesses ou nos erreurs peuvent avoir des conséquences dramatiques.
Les équilibres de notre planète sont en danger. Il est vital de faire prendre conscience au citoyen de la nécessité de modifier nos usages et nos habitudes. Il est essentiel d’assumer la responsabilité politique des mesures à mettre en place.
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L’énergie fossile sera épuisée dans une ou deux générations.
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La plupart des matières premières se raréfient.
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Le réchauffement climatique remet en cause l’équilibre fragile de tous les écosystèmes.
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Le fossé entre les plus riches et les plus pauvres ne cesse d’augmenter.
Je crois que la politique doit gérer le quotidien, mais aussi se projeter vers l’avenir, y compris l’avenir lointain. Notre réflexion ne peut ignorer le long terme. Nous sommes responsables des générations futures et l’histoire nous jugera sur notre capacité à conserver une planète viable.
En complément : Quelle croissance ?
Toute mesure de notre projet politique, de notre projet de société, de notre projet de civilisation prendra en considération les exigences relatives au développement durable et à l’avenir de notre planète.
5 - Vie économique et sociale
La vie économique et la vie sociale de notre société sont deux enjeux qui seront extrêmement présents dans notre projet politique. Je les ai réuni pour prendre en compte l’idée d’une social-économie, fortement présente dans la pensée démocrate et dans le projet présidentiel de François Bayrou.
Une vie économique dynamique, créative, entreprenante et réactive est indispensable. C’est l’unique moyen qui permette de revendiquer une haute exigence sociale.
Le développement de la vie économique requiert la liberté et la responsabilité des acteurs économiques. Notre compétitivité économique est une condition nécessaire à notre croissance et à l’équilibre de nos échanges extérieurs. Le développement de la vie sociale exige aussi la liberté et la responsabilité des acteurs sociaux, civiques et associatifs. Ce sont eux qui peuvent apaiser la vie sociale.
L’état ne peut remplacer les acteurs économiques et sociaux de notre société. Il doit être leur défenseur, leur partenaire et le garant de leurs droits.
En complément : Retraites
Toute mesure de notre projet politique, de notre projet de société, de notre projet de civilisation prendra en considération les exigences relatives à une vie économique dynamique et à une vie sociale solidaire.
6 - Education
L’éducation est certainement la condition essentielle à l’essor économique d’une société, à sa cohésion sociale et à son accès aux autres biens supérieurs. De ce point de vue, l’éducation ne doit pas être considérée seulement comme une dépense, mais comme un investissement sur l’avenir à long terme.
L’éducation est la clé de l’épanouissement intellectuel et moral.
En bas de l’échelle, il n’est plus possible d’accepter que se poursuive la dégradation constatée dans l’accès à la lecture, à l’écriture et au calcul élémentaire qui sont la clé indispensable à l’intégration dans la vie économique, sociale et citoyenne.
En haut de la même échelle, il ne faut pas sacrifier les formations d’excellence et une recherche de haut niveau qui permettent de mobiliser et de fidéliser les meilleurs éléments, ceux qui contribuent aux plus grandes avancées scientifiques et techniques.
Nous avons un besoin urgent de recourir à un Grenelle de l’éducation, comme nous avions besoin d’un Grenelle de l’environnement.
Toute mesure de notre projet politique, de notre projet de société, de notre projet de civilisation prendra en considération les exigences relatives à l’éducation.
7 - Equilibre budgétaire
Lorsqu’elle correspond à des dépenses d’investissement légitimes, la dette n’est pas une situation spécialement dangereuse. C’est un choix de financement qui trouve parfaitement sa justification s’il est correctement mis en place et encadré. Par contre, le déficit chronique imputable à des dépenses de fonctionnement est une véritable calamité pour l’Etat comme pour les collectivités locales.
Après une trentaine d’années d’errements répétés, il est indispensable d’assainir une situation qui est préoccupante pour nous, ainsi que pour nos voisins et partenaires européens.
Comme François Bayrou l’a si bien fait durant la campagne présidentielle – il est d’ailleurs le seul – nous devons veiller à ce que chaque nouvelle mesure de notre projet politique soit explicitement financée sans aggraver le déficit budgétaire.
Nous n’échapperons pas à la nécessité de rétablir l’équilibre des comptes de l’Etat et des collectivités locales, ainsi que celui des comptes sociaux. Il faut arrêter de mentir aux français pour se faire élire et rejeter la résolution des graves difficultés sur les générations futures. Nos enfants et petits-enfants attendent mieux de nous.
Pour faire le contrepoint au débat politicien qui pourrait faire sourire s’il n’était si grave pour notre avenir, j’affirme que la rigueur n’est pas un gros mot, c’est plutôt une qualité ! Je crois foncièrement que la rigueur budgétaire est nécessaire. Elle doit même être un devoir permanent pour toute personne impliquée dans les dépenses publiques.
Toute mesure de notre projet politique, de notre projet de société, de notre projet de civilisation prendra en considération les exigences relatives à l’équilibre budgétaire.
Conclusion provisoire
Droits de l’Homme, mondialisation, construction européenne, développement durable, vie économique et sociale, éducation, équilibre budgétaire constituent bien sept enjeux capitaux pour l’avenir de notre société. Notre projet doit se construire à l’aune de ces enjeux. Nous pouvons certainement en ajouter quelques autres, mais nous ne devons ignorer aucun de ceux-ci.
Ces enjeux sont largement interdépendants et parfois contradictoires. Ainsi, la plupart des mesures relatives à l’éducation auront un coût qui risque de peser lourdement sur l’équilibre budgétaire. Certaines mesures en faveur du développement durable auront des conséquences négatives sur la vie économique…
Chaque nouvelle mesure de notre projet devra être confrontée à ces enjeux capitaux, Nous pourrions même utiliser un système de qualification des mesures en notant chaque mesure :
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En cas d’effet positif sur l’enjeu : +1
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En cas d’effet neutre : 0
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En cas d’effet négatif sur l’enjeu : -1
Les mesures les plus positives seraient retenues en priorité. Il serait également possible de dresser rapidement la liste des mesures permettant de favoriser un enjeu particulier.
Je préconise qu’un atelier thématique permanent, utilisant massivement les possibilités d’Internet, soit consacré à chacun de ces enjeux. Ceci me paraît essentiel pour que la réflexion s’organise, perdure et pour que nos instances dirigeantes disposent d’informations toujours renouvelées sur ces sept enjeux capitaux.
BGR : MoDem du Pays Basque (64)
http://bgr.hautetfort.com
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