« Société de transformation »
Sommes-nous si exactement que cela, dans une « société de consommation » ? quand même Jean Baudrillard traita remarquablement bien de certains modus operandi sous cette expression, dans les années 70, sans parler des promarxistes* attaquant le capitalisme dans son double-mouvement productiviste-consumériste (mais sans réaliser leur idiotie de surfer sur le productivisme pourtant, ni réaliser que Marx restait machiniste). Ou bien, un marxien judicieux, Henri Lefebvre, disait avec intérêt société bureaucratique à consommation dirigée.
- Image : extraite de Soleil vert, par Richard Fleischer (1973).
Bref : quand on voit que tout tourne en circuit fermé par nos économies (au point de faire leur possible pour internaliser les externalités, c'est-à-dire pour tout économiciser) eh bien, on sent bien que seuls les circuits comptent, les transactions, les flux, les circulations, les transferts, etc. ... ce qui se laisse déjà lire chez Marx** (cf. "Un mouvement de choses qu'ils ne contrôlent pas, mais dont ils subissent au contraire le contrôle" ; Que Marx ne fut pas matérialiste historique et/ou dialectique).
Aussi bien est-on plutôt dans le cadre d'une société de transformation, qui de tout veut se saisir impudemment pour le transformer d'une manière ou d'une autre, à commencer par des liquidités (cf. Zigmunt Baumann, la Société liquide). C'est que tout doit pouvoir correspondre à l'image que l'on désire s'en faire (cf. Gilles Lipovetsky, les Temps hypermodernes et leur hypernarcissisme). Les sciences avaient inauguré l'affaire qui, dans leurs ingénieries subséquentes, promettaient le prométhéisme, jusqu'aux übermensch nazi, stakhanov stalinien, mais aussi entrepreneur superhéroïque (cf. Joseph Schumpeter, atmosphère dans laquelle nous baignons toujours mythologiquement). Au-delà, ce sont évidemment toutes les problématiques engendrées par la théorie queer, dites transidentitaires, où tout devrait pouvoir fluer, jusqu'à la sexuation, ou bien encore la couleur de peau. Dénis de réel et dénis de réel s'accumulent, au service d'un "relativisme" radical.
D'emblée, nous dit-on, tout serait transformable, et c'est exactement l'élan moderniste ; le modernisme-même, indépendamment de la réalité du moderne. Tout se passe virtuellement***, "dans les têtes", à commencer dans celles des grands gagnants de ce mouvement, et quand bien même ce mouvement, effectivement, consomme et produit des mondes déraisonnablement. C'est-à-dire que tout cela est parfaitement rationnel, d'une rationalité proprement cohérente dans l'idée, idée qui a des conséquences très pratiques, mais dont l'intentionnalité dédaigne les conséquences raisonnables-réalistes au nom de ses trop bonnes rationalisations spéculatives.
Un genre très spécial de transformisme règne - à commencer par le rationalisme moderne, - au nom d'un certain empirisme sociopolitique qui règne, proprement affairiste. Tout cela fallacie (to fake) notre interprétation de l'univers, au nom des bonnes intentions qui pavent l'enfer, et bien qu'on soit sympas.
Symptomatiquement, le film Soleil vert, de Richard Fleischer.
Mal' - LibertéPhilo
* Ceux qui ont si mal lu Marx, qu'ils en soviétisèrent, et plus généralement gauchisèrent, jusque nos jours se débattant toujours dans pareilles distorsions, à travers d'autres formes d'entendements courants et de militances médiatiques à bon compte.
** A noter donc, que Marx économicise moins les choses qu'on ne le pense, puisqu'il les agonise surtout, en forme de radicale lutte des classes. S'il économicise, c'est d'abord que le capitalisme bourgeois est un économisme général.
*** Sans parler des secteurs tertiaires (biens, services) et quaternaire (informations, communications) dominants aujourd'hui, où nous manipulons incessamment des écrans connectés.
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