Sommes-nous dirigés par des extrémistes ?
Je suis frappé par le côté dogmatique des libéraux qui nous gouvernent. Moins d'état, faisons voler en éclats tous les acquis sociaux, toutes les barrières douanières et tout ira mieux (pour qui ?).
Je ne parle pas des gouvernements nationaux, mais de nos véritables dirigeants, les fonctionnaires européens désignés de façon mystérieuse pour le citoyen, probablement cooptés entre-eux, les institutions européennes semblant fonctionner de la manière astucieuse suivante : au niveau local, des élections selon le principe « un individu = une voix » permettent de désigner des représentants servant de fusible face au mécontentement des peuples. Au niveau européen les décisions semblent prises selon le principe « un euro de lobbing = une voix », l'intérêt des marchands prédominant celui des citoyens. Les décisions européennes s'imposent évidement aux gouvernements locaux, sinon c'est pas drôle.
Ultralibéralisme, fait religieux ?
Tous nos dirigeants semblent avoir une foi indéboulonnable, religieuse dans le libéralisme débridé qui devrait être la solution unique la moins mauvaise à tous les problèmes de l'humanité. Tous entonnent en cœur cet insupportable catéchisme asséné jour après jour, qui pourrait commencer ainsi :
In Growth we trust, you must be competitive
Greed is good, and there is no alternative
Mr Market is always right and
He has an invisible hand
Market Akbar et Friedman et Von Hayeck sont ses prophètes. Loyd Blankfein doit en être le pape actuel, on ne lit plus les commandements de Dieu sur les Tables de la Loi ( c'est ringard), mais on les décode directement sur les oscillations du SP 500 (we do god's job).
Dennis Meadows pourrait être le Galilée de cette religion : Il a osé prétendre que la terre est ronde et limitée et que par conséquent la croissance ne peut être éternelle (tant que nous ne disposons pas de l'Energie suffisante pour coloniser d'autre planètes). Quelle Ineptie ! Que dis-je quel Blasphème ! Excommunions-le, fouettons-le. Chacun sait que la terre est plate et ses ressources sont infinies comme il est écrit dans un ancien testament libéral « Les richesses naturelles sont inépuisables, car, sans cela, nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques » (J.B. Say)
In Growth we trust, you must be competitive
Greed is good, and there is no alternative
Mr Market is always right and
He has an invisible hand
Ultralibéralisme toujours supérieur ?
Si le communisme et les autres régimes totalitaires (nazisme & fascisme) assimilaient les sociétés humaines à une fourmilière, avec des individus tout entiers investis dans le projet collectif, les libertaires tombent dans l'excès inverse, ils assimilent les hommes à une population d'ours grognons, préoccupés uniquement par leur nombril, veillant jalousement sur leur territoire ( la propriété privée) et ne tolérant de la compagnie que pour les rapport sexuels. Or l'humanité ce n'est pas cela, espèce plus sociale que territoriale, elle est issue de l'évolution de tribus de primates, mélange de comportements individualistes mais aussi altruistes avec des comportements mutualistes, voire culturels (épouillage, nurseries, surveillance collective des prédateurs potentiels) qui l'on aidé à survivre au cours de l'évolution. Les loi de la sélection naturelles s'appliquent aux individus, aux espèce, mais aussi aux sociétés humaines. Je fais personnellement le pari que l'Histoire balayera cette utopie trop déséquilibrée comme elle a balayé les utopies communistes .
Les libéraux pondent de jolies équations, du style MV = PQ ( la seule que je connaisse) et pensent pouvoir ainsi modéliser les comportements humains individualistes, négligeant les comportements altruistes, un peu comme si l'on utilisait l'équation des gaz parfait pour décrire une goutte d'eau.
Quand leur modèle ne marche pas aucuns ne remettent en cause leur convictions, ce n'est pas leur modèle qui est foireux, mais parce que l'on est pas allé assez loin dans la pureté du libéralisme. Salauds d'humains, ils ont l'outrecuidance de ne pas se comporter exactement comme dans leurs délires. Sans nier de manière systématique que le marché libre possède souvent plus d'avantages que d'inconvénients, on peut pourtant observer de nombreux domaine ou le libéralisme semble inférieur à un contrôle étatique ou citoyen. Notament tous ceux dont les bénéfice/investissement ne sont pas calculables ou dont le pas de temps échappe au marché (tout ce qui excède 10 ans, voire la semaine d'après diront les plus cyniques).
Le premier est évidement la défense nationale et les force de polices qui peuvent parfaitement et rentablement être privatisées à court terme (armée de mercenaires et milices privées). Les US le font d'ailleurs, mais chez seulement chez les autres (ils ne sont pas fous quand même) : on ne doit pas parler ici de défense, mais d'attaque nationale (se reporter aux exploits de Blackwater en Irak).
Une armée de mercenaires ukrainiens, anciens spetsnaz coûterait sûrement moins cher à la nation que nos militaires payés selon nos standarts (après le plombier polonais, aurons-nous droit au mercenaire ukrainien ? Perso je m'attends à tout maintenant), mais qu'en sera-t-il de leur loyauté en cas de nécessité, quid du maintien de l'état de droit (et même du droit à la propriété privée), avec une kyrielle de milices privées. Ici le ratio bénéfice / investissement n'est pas calculable.
Un autre domaine est celui des grosses infrastructures routes, voies ferrées, canaux, adduction d'eau et égouts, réseaux de lignes électriques etc. Les déboires issus de la privatisation des chemin de fer anglais ou de l'électricité californienne et les surcoûts pour la société sont là pour rappeler que certaines activité centrale doivent échapper à la loi du retour sur investissement maximum en un temps minimum.
On pourrait parler pour la santé des médicaments. La recherche fondamentale (identification des recepteurs cibles) reste de toute manière universitaire (retour sur investissement trop hasardeux). Le design des molécules est peu onéreux, le coût de fabrication industriel dérisoire. L'essentiel du coût réside dans les essais cliniques. Quel peut bien être l'intérêt de financer des essais cliniques pour une dizaine d'antiinflamatoires non stéroïdiens, de bétabloquant, d'inhibiteur de l'enzyme de conversion, de statines ou d'inhibiteurs de la pompe à proton pour les classes les plus fournies alors que 2 ou 3 de chaque catégories suffiraient largement ? Il s'agit la d'un gâchis de ressources publiques, privée , voire humaines. La gestion des essais cliniques est manifestement domaine qui devrait non seulement être nationalisée, mais internationalisée (gestion confiée à l'OMS).
Parlons maintenant des banques. Une gestion privée (crise 2008) se plante autant qu'une gestion publique (crédit lyonnais). Une remarque s'impose : si un établissement est « too big to fail » il doit être nationalisé (ou fortement contraint) pour éviter le phénomène privatisation des profits et nationalisation des pertes (remake du jeu idiot : pile les actionnaires et dirigeants gagnent, face le petit personnel et le contribuable perd). Les petites banques privées sont par contre à favoriser.
On peut voir travers ces quelques exemples (on peut en trouver d'autre) que l'état, malgré ses lourdeurs est parfois plus efficace (dans le sens d'une meilleure affectation de ressources primordiales) qu'une gestion privée.
Vers un scenario totalitaire ?
Le communisme prétendait apporter l'égalité de tout un chacun et le paradis sur terre. Sa réponse aux contestataires à été de les considérer comme fous (seuls des fous refuserait le paradis) et de les retirer de la société (asile psychiatrique), voire de les « rééduquer » dans des camps de sinistre mémoire. L'ultralibéralisme pourrait procéder de manière tout aussi subtile : la concentration exponentielle des richesses auprès de quelques uns devrait dépouiller de presque tout la totalité des autres. Mais où vont s'établir tous ces déshérités ? Ils ne manqueront pas d'empièter sur la propriété privée de quelques nantis. Or la propriété n'est elle pas est sacrée chez les libéraux ? La faire respecter semble la seule prérogative qu'il consentent à attribuer à l'état. De quel droit ces gueux violent la propriété d'autrui ? si il veulent l'occuper, ils n'ont qu'a se soumettre aux desiderata du propriétaire qui fixera les conditions d'occuptions sans contrôle étatique (de quoi l'état se mêle t-il ?) ou dans un effort de bonté surhumain, ils feraient un effort et parqueraient tous ces gens devenus économiquement inutiles, voire nuisibles dans des zones polluées voire irradiées (on en manque pas). Le prototype de ces camps de concentrations modernes est la bande de Gaza.
Ainsi nous pourrions parfaitement vivre dans une société « libertarienne et libéré » (peu importe les dénominations, les anciens régimes totalitaires communistes s'autoproclamaient « république démocratique », que ce soit d'Allemagne, du Yemen ou du Cambodge) avec la moitié de la population entassées derrière des barbelés, sans avoir besoin d'imaginer un complot, simplement en poussant la logique et le dogme ultralibéral jusqu'au bout. On attribue souvent au communisme 100 millions de victimes, mais personne ne s'est jamais donné la peine de compter ceux de l'ultralibéralisme (l'histoire est toujours réécrite par les vainqueurs). Il pourrait bien à terme dépasser le milliard, non que cette idéologie soit plus mortifère, mais tout simplement que la population a bien augmenté depuis.
En attendant,
Mes bien-chers frères,
mes bien-chères sœurs,
répétez avec moi tous en cœur :
In Growth we trust, you must be competitive
Greed is good, and there is no alternative
Mr Market is always right and
He has an invisible hand
http://alaingrandjean.fr/2013/12/02/la-chasse-aux-dogmes/
http://cluborlov.blogspot.com/2013/02/book-excerpt-wrong-math.html
http://www.resilience.org/stories/2014-05-19/how-to-destroy-a-civilization
(google traduit pas trop mal)
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