Stéphane Tiki : le sans-papier Camerounais qui voulait acheter la nationalité française au zèle
Soyons clair : Stéphane Tiki a agi en « bon Camerounais », c’est-à-dire qu’après avoir traversé le pont qui l’a amené en France (immigration), il s’est mis en tête qu’il fallait plastiquer ce pont, afin de donner du prestige à son exploit, et de couper le passage à d’autres sans-papiers. Sauf que, malgré son zèle, il n’avait pas encore traversé le pont de la naturalisation…
Oui, on est comme ça, nous les citoyens de République Cacaoyère, on a comme un complexe de post-colonisé qui se résume en cette vacherie pathologique à vouloir réussir tout seul pour mieux écraser ses frères. Nous, on n’aime rien tant que réussir seuls, pour plastronner (seul) par rues et avenues, faire le m’as-tu-vu. Hélas pour Stéphane, il n’avait pas encore traversé le pont, et il s’est cassé la gueule en torpillant le pont. Voici l’histoire d’un arroseur arrosé, d’un buveur de vin de palme, qui a craché en l’air, et s’est reçu son gros malard poisseux xénophobe en plein dans la tronche, et s’en remet aujourd’hui à jusqu’à l’aménité de ses adversaires politiques.
Stéphane Tiki, en cette moitié du mois de février 2015, ce petit buveur de vin de palme de 28 ans, est né à Yaoundé, et malgré son teint chocolat noir fort, il a fréquenté le lycée français, avant d’aller faire l’université à Paris, capitale de la République Charcutière de France. Il est parti de nos cacaoyères, mais en a gardé les bonnes pratiques, notamment comment (essayer de) se faire une place au soleil à l’ombre de l’ancien colon, en crachant sur les immigrés…comme lui.
Ici, en République Cacaoyère, lorsque nos ancêtres les colons de République Charcutière de France ont été obligés de partir, ils se sont fait remplacés par des buveurs de vin de palme qui pour s’affirmer, devaient casser du sucre sur le dos d’autres buveurs de vins de palme et cultivatrices de cacao. D’autres « Stéphane Tiki ». Bon, on va couper les cheveux en quatre : les Noirs qui voulaient remplacer les Blancs devaient montrer leur capacité à être les nouveaux maîtres en tapant sur le dos d’autres Noirs. C’était une version très cacaoyère du Syndrome de Stockholm. Ben voilà, c’est ce que Stéphane, le jeune Camerounais qui voulait être Français a fait. Il ne s’est pas contenté de prendre une carte de membre d’un parti politique ; pour se faire bien remarquer comme le nez au milieu de la figure, il s’est aligné sur les positions les plus droitières de la droite française en militant pour que les citoyens de Républiques Cacaoyères qui n’ont pas la nationalité française rentrent dans leur pays d’origine sans états d’âme ; il a milité pour que seuls les français aient le droit de vote. Il pensait, comme en République Cacaoyère, qu’en faisant du zèle à stigmatiser la France multicolore, il allait lui-même devenir un Blanc.
Las, mauvais calcul, celui qui enguirlandait les noirs sans papiers, lui-même est resté un …sans-papier. Lui qui voulait que les buveurs de vin de palme qui ont pris un jour l’avion pour Paris et après ont fondu dans les « sissonghos » des cités ou des communautés, soient remis de force dans un avion, même après des années de clandestinité, de scolarité, ou de salariat en France. Ha ! Stéphane Tiki, il n’était pourtant plus loin de réussir son grimage et son esbroufe : il a été désigné par son champion, Nicolas Sarkozy, président des Jeunes de l’UMP en décembre 2014, après sont entrée au bureau national de l’un des deux plus grands partis politique de France.
Lassana Bathily l’a fait les doigts dans le nez
Un vrai coup de poker : pour Sarkozy, Tiki était sans doute l’épouvantail rêvé pour légitimer l’aversion du sans-papier de préférence noir (du genre « voyez, ce n’est pas qu’on est xénophobe, nous avons même un noir comme président des jeunes de l’UMP ! »). Patatras ! Quelqu’un s’est souvenu que Stéphane, malgré son zèle militant à renvoyer le sans-papier chez lui, est lui-même un sans-papier qui espérait sans doute monnayer son zèle par une régularisation. Surtout que en 2009, il a demandé la nationalité française, et malgré sa carte du parti au pouvoir alors, cette demande de nationalité française lui a été refusée.
Depuis 2010, Stéphane Tiki serait donc lui-même un sans-papier, qui aurait dû être, selon les positions de son parti, sans passe-droit, reconduit au Cameroun, son pays auquel il semble avoir renoncé en déclarant son béguin pour la France, au point de faire l’exutoire des postures xénophobe du parti politique dont il a pris la carte peut-être par calcul personnel. Ha !, l’arroseur arrosé ! Dire qu’en janvier, le Malien Lassana Bathily, musulman, qui s’était retrouvé au bon endroit dans un super marché lors d’une prise d’otage meurtrière, a eu son passeport français sans avoir à tapiner de zèle dans un parti qui ne sent pas les sans-papier.
Et ce n’est pas fini ; le comble de l’avanie est à venir : Stéphane Tiki pourrait finalement obtenir ses papiers (ce que nous lui souhaitons) grâce à l’intercession des gens qu’il combattait politiquement justement, lui le sans-papier anti-sans-papier va être sauvé par des pro sans-papiers…Mais que diantre avais-tu à passer par-là Stéphane, ici en République Cacaoyère, le chez-toi que tu as désavoué, tu aurais pu, avec autant de zèle, être président des jeunes de notre grand parti national. Remarque ici, on t’aurait pas demandé de devenir Blanc, juste quelques motions de soutien régulières, quelques marches, quelques « appels », et avec la bonhomie que tu affiches, les dernières portes se seraient ouvertes.
Ils sont sympa, hein, mon « frère », tes « frères » de la droite d’un pays que tu ne connais que depuis quelques années, Stéphane. Olivier Le Grand, et Jérôme Lavrilleux, l’un du Front National et l’autre député européen DVD, chez Maïtena sur Canal+ (Le Supplément) dimanche 15 février 2015, n’ont pas manqué de te lâcher cordialement. L’un a dit que tu devais d’abord rentrer à Yaoundé, et attendre que tu te fasses délivrer des papiers Français, l’autre a dit que malgré l’amitié qu’il avait pour toi (il te trouvait sympa, rien que ça), il était pour que « les procédures soient respectées », c’est-à-dire qu’on t’expulse d’abord, et que tu fasses une nouvelle demande de nationalité française en bonne et due forme. Ha ! tu te rappelles toi qui disait à une époque qu’on ne devait même pas médiatiser le renvoi chez lui d’un sans papier roumain, parce que c’était un non événement ? Ha, comme la roue tourne ; tu devrais donc prendre toi aussi un vol Air France anonyme, pour Yaoundé, la capitale de notre chère République Cacaoyère que tu a fuit, on ne sait pourquoi.
Restera une question, comme on dit chez nous en République Cacaoyère, « mon frère, avais-tu besoin d’aller jusque là pour avoir, enfin, la nationalité française ? » T’aurais pu inventer que ta vie est en grand danger ici pour des raisons politiques, sexuelles…ça, ça marche sans faire de bruit. Tu aurais aussi pu faire des bébés avec une Française…bon, cette dernière option ne marche plus beaucoup. Ha, l’amour de l’ancienne Métropole, comme c’est touchant ce qu’on peut faire pour déclarer sa flamme à Marianne. Allez, François, pitié, un coup de fil à Cazeneuve, vite, un passeport violet pour Tiki ! Ouf ! Mais c’est fou quand même qu’il y a de la sagesse sous nos cacaoyères et comme le dit un proverbe de chez nous, « ce n’est pas parce que tu trempes ton bâton dans le marigot qu’il devient crocodile » ; ça Stéphane, tu n’as pas dû l’apprendre au lycée Français de Yaoundé.
François Bimogo
*Un regard impertinent sur l'actualité socio-politique et culturelle du Cameroun et de l'Afrique. Histoires de Républiques Cacaoyères et de République Charcutière.
Pour lire/écouter ces chroniques, comme leur auteur, François Bimogo, il faut adorer les Républiques Cacaoyères.
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