Stratégie policière : Comment faire échouer une manif
Ce mardi 14 juin a eu lieu la manifestation la plus importante contre la transformation du code du travail en lois du capital. 1 million de personnes selon les organisateurs, 80 000 CGTistes et casseurs selon la préfecture, des mangeurs d’enfants qui sont même allés jusqu’à saccager un hôpital.
En coupant la poire en deux, il reste 500 000 hommes et femmes, syndiqués ou pas, certains marchant pour des droits qu’ils ont encore, d’autres cassant des vitrines ou du flic pour des droits qu’ils n’ont certainement jamais connus.
Entre les deux, nous, observant
Tout avait bien pourtant commencé. La place d’Italie sentait les grillades et la bière vendue à la sauvette. Les drapeaux rouges flottaient à perte de vue. Prête à parcourir les 6,5 km de marche jusqu’aux Invalides, la Prolétariat Pride sentait la bonne humeur.
Au fur et à mesure de notre remontée, poussant des rouges ou des noirs, cela sentait de plus en plus la bombe au poivre. Devant, ça rigolait pas. Ceux qui n’avaient pas eu la bonne idée de passer acheter des lunettes de natation chez Décathlon pleuraient même beaucoup. Impossible de quitter le cortège pour aller chialer ailleurs : bouches de métro fermées, rues cadenassées par des travailleurs de l’ordre. Vitrines de banques, d’assurances, de voyagistes et celle d’un coiffeur capitaliste brisées.
Enfin arrivés aux Invalides pour les plus endurants, tous attendaient les porteurs de drapeaux CGT, FO, Solidaires, Sud, etc. que nous avions vus le long de notre randonnée périlleuse. Ils ne sont jamais arrivés. Plus tard, nous apprendrons qu’ils avaient été bloqués par d’autres heurts au niveau de l’hôpital Necker. Un camion aspergeant de l’eau devant et flics gazant par derrière les traînards, la manif était définitivement coupée en deux.
Déjà 17 h., beaucoup ont fait demi-tour
Pendant ce temps aux Invalides, alors que les « Casseurs » se reposaient dans l’herbe, les forces du capital entamaient une stratégie de provocation pour pousser les plus velléitaires vers la Seine. Tout commença par un placement de 12 fonctionnaires sans bouclier face à une foule qui pensait en avoir fini avec la fête. « Ils n’ont plus de grenade » « Cassez-vous ! Cassez-vous ! » Pris au piège aux portes du musée de l’Armée, leurs copains arrivèrent et commencèrent la manœuvre pour pousser les manifestants au fond de la place.
Les enragés habillés en noir ripostèrent, certains furent embarqués. La guéguerre. Les syndicalistes retenus à l’arrière, les sans drapeaux poussés à l’opposé, il sera impossible de faire une photo de famille avec 80 000 ou 1 million de personnes sur la place des Invalides.
Stratégie de la préfecture réussie
Il ne restera plus qu’à stigmatiser « casseurs » et CGT le lendemain. Voilà une manif ratée ! Depuis ces trois mois de mobilisation, il s’agit de la même tactique : diviser le cortège pour empêcher un rassemblement final. Aucune manifestation n’a pu arriver à son terme.
Les gendarmes mobiles version 2.0 peuvent entrer au musée de l’Armée pour l’Histoire. Ils ont fait honneur à la stratégie militaire. Tout était prévu et bien calculé : le premier camion à eau placé en milieu de cortège, et le second sur les Invalides n’étaient pas à ces points par hasard.
Les manifestants français sont bien trop prévisibles, beaucoup plus que les loups solitaires islamistes ou les hooligans anglo-russes. Des dizaines de blessés, pas un mort. Un savoir-faire bien français que l’on peut continuer à exporter. Allez les Bleus ! A propos, se déroule au même moment le salon de l’armement aux portes de Paris.
Source : La Rue et la Terre
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