Subversifs vs Canal +
A moins d’une semaine du premier tour de l’élection présidentielle, le « Grand Journal » de Michel Denisot accueillait CSA oblige - les « extrêmes » en politique représentés par Daniel Gluckstein et Marine Le Pen. Retour aussi sur le traitement médiatique infligé par Dimanche + à Alain Soral.
Ce billet aurait pu s’intituler Eloge de la subversion. Mais le problème est que subversion n’est pas forcément raison. En outre, cette notion nécessite un certain courage, une certaine ligne de conduite allant au-delà d’intérêts personnels. A ce titre, Daniel Gluckstein en est l’exemple parfait. Au nom de ses idées et de celles du Parti des travailleurs, le candidat trotskyste en 2002 était invité chez Denisot lundi soir. Pour 7 minutes de temps de parole. C’est peu si on s’intéresse au sujet mais apparemment beaucoup pour nos médias nationaux prenant cela tel un calvaire. Si son passage laissa peut-être indifférent le grand public avide de politique-spectacle, l’électeur averti a pu constater la remarquable prestation du porte-parole de Gérard Schivardi.
Prenant d’entrée la défense de son candidat contre le journaliste Aphatie, Daniel Gluckstein dévoila en peu de temps les grandes lignes du programme de son parti. A savoir la défense des services publics et des communes notamment face aux délocalisations, la rupture avec l’Union européenne, certaines mesures au niveau de l’emploi (CDI), lutte des classes... Mitraillé de fausses questions par les méprisants et suffisants bobos de Canal +, le secrétaire national du Parti des travailleurs en profita pour balancer ce que tout le monde sait mais que les grands médias passent étrangement sous silence : « Tout le monde se dispute pour l’Elysée pour avoir le pouvoir sauf que 85% des décisions gouvernementales sont soumises aux directives européennes de Bruxelles » déclarait-il entre autres. Le genre de vérité faisant toujours plaisir à entendre et que Jean-Michel Aphatie ne put contredire malgré sa farouche volonté. Il n’est pas le premier à être ridiculisé par Gluckstein, le duo Ockrent-July avait subi le même sort une semaine avant. Cette brève confrontation entre la vraie gauche prolétarienne et la gauche caviar version Canal + fut en tout cas intéressante, le contraste saisissant.
Qui a dit qu’il ne se passait rien durant cette campagne ? Après le journaliste de RTL, c’est Michel Denisot qui se ramassa face à la fille Le Pen. Toujours dans la basse critique sur une parcelle de déclaration du père de son invitée, le présentateur de Canal fut repris de volée par la porte-parole FN sur ses intentions « de venir au secours de Nicolas Sarkozy ». Je passe sur le reste de l’interview tournant comme souvent au déballage assez rapide de la ligne éditoriale du candidat. Dernier détail - détail de taille ou simple coïncidence ? -, derrière Marine Le Pen étaient présentes plusieurs jeunes citoyennes noires. Cela m’a fait penser à une autre émission chez Calvi où Rachida Dati avait en arrière-plan des militants arabes de l’UMP. Toujours une coïncidence ou plutôt une étrange manipulation par l’image pour marquer l’hostilité ou le soutien d’une communauté ? A vous de juger si ceci est le fait du hasard.
Il y en aurait des choses à dire sur la manipulation médiatique. Concernant le FN,
Lui qui était plutôt gentiment invité chez Ardisson ou sur LCI n’a pourtant pas changé. Le regard des grands médias oui, comme en témoigne le reportage réalisé à Dimanche +. Alain Soral accompagnait la fille Le Pen et face à l’insistance des questions du journaliste tournant au harcèlement, l’écrivain instructeur de boxe s’énerva quelque peu. Ce qui peut paraître humain d’ailleurs. Sauf que le reportage ne nous montre que le passage où Soral s’emporte et propose au journaliste de régler leurs comptes hors caméra. Je passe sur les commentaires « diabolisants » de la voix off. La vidéo entière est disponible sur internet pour ceux qui voudraient constater les faits par eux-mêmes sans qu’une voix off leur dise quoi penser ou voter même puisqu’on y est ! Rien de tel que du live de terrain pour se faire sa propre opinion :
http://www.dailymotion.com/video/x1nroz_marine-le-pen-alain-soral-aulnay-pa
http://www.dailymotion.com/video/x1nsbo_marine-le-pen-alain-soral-aulnay-pa
http://www.dailymotion.com/video/x1nso2_marine-le-pen-alain-soral-aulnay-pa
Se faire une opinion par soi-même, c’est d’ailleurs ce que conseillait Daniel Gluckstein aux téléspectateurs lundi soir. Il concluait avec un : « Il y a beaucoup de mensonges dans la presse écrite ».
Quand subversion rime avec diabolisation, on devine aisément ceux qui luttent réellement contre le système en place. Il faut avoir connu cette disgrâce chère à Alain Soral pour mieux s’en apercevoir. Dans le monde du travail, le syndicalisme, le journalisme ou la politique... Peu importe en fait. Eloge de la subversion donc, du mouton noir - voire du dissident - à contre-courant au nom de ses propres convictions, de ses idées, de sa vérité, de sa dignité, de son intégrité. N’est-ce pas monsieur Chevènement ?
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