Suppression du 1er mai férié à partir de 2009
Les informations nous sont parvenues d’une source sûre émanant du cabinet de Xavier Bertrand, ministre du Travail. Un projet de loi visant à supprimer le 1er mai est actuellement étudié par les services du ministère. Il serait question de remplacer la fête du travail par la fête de la croissance et de la solidarité. Une mesure éminemment symbolique et sur laquelle devrait insister le président Sarkozy qui, selon des sources élyséennes, fera une intervention télévisée ce 1er mai 2008, le dernier en date qui sera chômé et qui, cette année, coïncide avec la fête de l’Ascension. Cette mesure phare du quinquennat paraît surprenante mais elle n’étonne guère car elle devrait marquer avec une empreinte toute symbolique le mandat exercé par notre président dans une époque qui se veut en rupture. Supprimer le 1er mai chômé, c’est remettre la France dans le sillon de la valeur travail. Avec cette mesure étonnante, Nicolas Sarkozy pourra se réclamer d’une grande œuvre au cours de son quinquennat. Un coup d’éclat plus symbolique et utile que le musée du quai Branly de son prédécesseur ou bien tous ces grands travaux de Mitterrand, de la pyramide du Louvre aux jardins de la Défense, de la Grande Arche à la Bibliothèque nationale, constructions marquant le faste et les faux-semblants d’une grandeur socialiste maintenant balayée par l’Histoire, enterrée dans les 35 heures et révélée dans toute son hypocrisie par le comportement de la gauche caviar pour qui, diront les revanchards de droite, le 1er mai c’était toute l’année alors que les Français peinaient à la tâche.
L’objectif du 1er mai travaillé est pluriel. Dans le projet de loi qui sera proposé à l’Assemblée, un équilibrage sera prévu entre deux contributions. L’une visant à renforcer le pouvoir d’achat du salarié qui touchera intégralement son salaire, du reste déductible pour l’imposition annuelle. D’un autre côté, l’entreprise paiera une quote-part calculée au prorata des bénéfices escomptés par le travail des salariés lors de ce 1er mai. Cette somme sera versée sur le compte de la journée de solidarité pour les personnes âgées. De ce fait, la question épineuse de cette mesure voulue par le Premier ministre Raffarin sera définitivement réglée. Plus question de tergiverser, de louvoyer entre des secteurs en activité et d’autres fériés. Adieu les cafouillages avec des parents travaillant et dépourvus pour faire garder leurs gosses privés d’école. Le caractère obligatoire de cette suppression du 1er mai férié ne sera susceptible d’aucune dérogation. Ainsi, chaque salarié aura la certitude de pouvoir envoyer ses enfants à l’école. François Fillon l’avait promis, les réformes seront poursuivies dans la transparence et surtout la cohérence. Et là, rien à redire, le texte est parfait. Il reste juste la question des fonctionnaires car l’Etat ne fait pas de bénéfices. En conséquence, une partie de la journée de contribution des agents de l’Etat sera reversée pour les personnes âgées. Un système de calcul devrait permettre d’assurer une équité en modulant le versement solidaire en fonction du revenu, les hauts salaires étant plus sollicités, conformément à l’éthique de la redistribution.
Afin de marquer le caractère solennel de cette journée devenue fête de la solidarité et de la croissance, une série de mesures sont à l’étude et seront discutées lors des prochains conseils des ministres pour être ensuite proposées au Parlement. Tel est le vœu de M. Sarkozy formulé dans sa feuille de route adressée aux différents ministres sollicités pour célébrer cette fête de la croissance et de la solidarité, notamment en réfléchissant à des manifestations nationales. Sans oublier le côté pédagogique en direction de notre jeunesse. Le ministre Darcos, en concertation avec M. Laporte, sera chargé de mettre en place une activité de découverte du monde du travail pour les classes de CM2. Par exemple, des visites d’usines ou de chantiers d’immeubles. Selon M. Darcos, cette mesure s’insère dans l’enseignement des fondamentaux. « A l’ère où les enfants savent que les bébés ne naissent pas dans les choux, il est indispensable d’inculquer aux jeunes écoliers la notion du travail et de leur montrer que les immeubles ne poussent pas comme des arbres et qu’un canapé n’est pas un fruit qu’on récolte sur un pin parasol » aurait déclaré le ministre lors d’une réception donnée en présence des inspecteurs d’académie.
Ensuite, place à la fête. Comment faire de cette célébration de la croissance et de la solidarité un événement festif ? Telle sera la mission confiée à une commission sans doute présidée par Jack Lang, à laquelle devraient participer Michel Drucker, Patrick Balkany et Laurent Boyer. C’est ce qui se murmure au PS et d’ailleurs, il n’y a rien d’étonnant puisque l’ancien ministre de la Culture peut se prévaloir d’une solide expérience en la matière, ayant eu en charge la mise en place de la fête de la musique, belle idée reprise par les Européens. Le 1er mai 2009, verra-t-on des « soirées porte ouverte » dans les maisons de retraite, avec des orchestres de bal ? Et des concerts organisés dans les usines, prétexte à allier les bruits de la forge et des fraiseuses aux synthétiseurs et autres instruments de musique amplifiée ? Le rapport émis par cette commission devrait être rendu à Mme Bachelot et M. Bertrand à la fin 2008, pour un vote à l’Assemblée en février 2009, ce qui laissera le temps d’organiser les festivités pour le 1er mai 2009. Et qui sait si en 2012, notre président ne pourra pas être fier de cette révolution culturelle, copiée par les Européens, évoquant le gigantesque concert de Tokio Hotel dans l’usine EADS à Stade en Allemagne, là où sont fabriquées les pièces de l’Airbus A380 ? Ou encore ce mémorable récital d’Adriano Celentano donné le 1er mai 2012 dans une maison de retraite à Rome, en présence de Silvio Berlusconi ; et filmé par la RAI ? Les Français se souviendront de ces affiches dessinées par Jacques Séguéla ; toujours un temps d’avance dans le slogan qui fait date. Après la « force tranquille », ce sera « faites de la croissance ! ». Quel talent ce Séguéla !
Bien évidemment, le muguet sera encore vendu pour ne pas tout perdre de nos traditions. Muguet, symbole du bonheur, symbole aussi du travail des petits vendeurs aux coins de rue souriant au passant et bossant l’espace d’un jour férié pour se faire un peu d’argent. Le bonheur de travailler plus et gagner plus mais en 2009, ce bonheur sera partagé par tous. Afin de préserver la tradition, un décret interdira la vente de muguet dans les grandes surfaces. Et le soir, qui sait, les invendus seront récupérés par des jeunes en mal de sociabilité qui iront les offrir dans les maisons de retraites pour agrémenter la fête de la solidarité d’un zeste de bonheur symbolisé dans cette plante aux fleurs en forme de clochettes. Et bientôt, un dicton tout droit issu du bon sens populaire : Muguet le 1er mai, croissance toute l’année !
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