Sur la dérive politique

Une fois encore, nous voyons un manifestant pacifique mutilé par les forces de l’ordre Place d’Italie.
Des forces de l’ordre dont tous les débordements sont couverts par un gouvernement qui n’a plus aucune limite et dont les agissements se rapprochent de plus en plus d’une forme de mouvement autoritaire. Un gouvernement qui s’éloigne d’une réelle démocratie.
Manifester en France est devenu dangereux. Il n’est pas garanti que vous ne soyez pas atteint lors d’une prochaine manifestation par une balle de LBD, par une grenade de désencerclement ou par une grenade lacrymogène. Que votre main soit arrachée, que votre mâchoire soit brisée, qu’un de vos yeux soit crevé. Voici où nous en sommes arrivés.
Dans une démocratie véritable, les gouvernants ne dominent pas les gouvernés. Ils sont égaux entre eux. Gouvernant ne signifie pas dominant et gouverné n’est pas le synonyme de dominé. Il doit y avoir un échange entre gouvernants et gouvernés et cet échange doit aboutir sur un accord des gouvernés quant à la politique et aux décisions des gouvernants. Nous devons en notre for intérieur approuvé et donné notre accord propre quant à notre obéissance, aux décisions prises par les gouvernants. C’est ainsi que nous sommes responsables.
Nous sommes hélas bien loin de cette situation. Une ploutocratie a pris le pouvoir et se comporte en tant que caste dominante. Et pour se maintenir au pouvoir, elle est prête à tout y compris le pire. C’est à croire même que notre cher président s’évertue à exacerber une situation sociale plus qu’explosive afin justement de créer une explosion, explosion qui lui permettrait de mettre en place des “mesures spéciales” (je mets des guillemets car je ne sais pas comment elles seront effectivement présentées) qui lui garantiraient une extension de ses prérogatives. Une forme de coup d’état d’urgence en quelque sorte.
Certains vont certainement sourire en lisant cette dernière remarque. Mais à bien regarder les mesures sociales, économiques et politiques qui sont prises ou qui vont l’être, on doit s’interroger sur les motivations réelles de celles-ci. Après tout, notre cher président est arrivé au pouvoir de manière plus qu’abracadabrantesque et de façon acrobatique et cela serait une manière de s’y maintenir.
Après avoir destructuré l’ensemble des corps politiques, dont personne ne voulait plus de toute façon, il crée une situation de conflits permanents, de ressentiments, de chaos. Une situation dans laquelle il se présente comme le seul garant de la stabilité, de l’ordre et de la sécurité aussi bien en France qu’au niveau européen. En somme, la solution est en elle-même le problème. Créer une situation pour dire qu’on va la résoudre. C’est je dois dire du grand art.
Nous n’avons pas besoin de combattre ce type de personnage. Ainsi que l’a très justement indiqué Etienne de la Boétie dans le “Discours de la servitude volontaire”, nous sommes nous mêmes les créateurs de ce type de personnage qui sans notre soutien actif ou passif ne peuvent exister : “Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres.”
Se rendre compte des agissements de ce type de personnage est également une étape importante. On peut aussi faire apparaître en pleine lumière les incohérences et contradictions dans leurs discours et allégations :
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Dire qu’on veut combattre la pauvreté et diminuer de manière drastique les allocations chômage et leurs conditions d’accès.
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Dire qu’on veut prendre soin des personnes les plus âgées et les plus faibles et laisser l’hôpital public s’écrouler faute de moyens
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Dire qu’on veut garantir le dialogue social et ignorer un mouvement social de grand ampleur
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Dire qu’on garantira l’ordre et la moralité de l’Etat et laisser un personnage aussi trouble que Benalla exercer des fonctions et un pouvoir sans contour précis et aux limites plus qu’incertaines
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Dire qu’on sera attentif à la justice sociale et diminuer voire annuler les impôts des riches tout en augmentant insidieusement ceux des pauvres ainsi qu’en diminuant leurs aides
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Dire qu’on va promouvoir l’écologie et laisser les industriels continuer à utiliser en grande quantité des produits toxiques et les agriculteurs des pesticides en quantité illimitée dont les effets plus que nocif sur la faune et notre santé sont avérés
En somme, agir de façon opposée à ces dires.
Etre hypocrite donc.
Et avec la bénédiction des principaux médias dont le niveau de soumission et de révérence est presque indécent. On est au-delà du lèche-cul.
Comment peut-on désormais avoir confiance et respecter un président qui a fait tirer avec des armes mutilantes sur des manifestants pacifiques et a ainsi provoqué des souffrances terribles chez ses propres concitoyens. Ce président par son comportement et ses agissements est devenu ignoble. Il nous est devenu difficile de continuer à l’écouter. Son arrogance, son mépris pour les gens humbles, sa fausse sympathie, sa violence indirecte à travers ses sbires, sa prétention à tout diriger et à tout contrôler, son ambition démesurée, son esprit calculateur et froid comme celui d’un banquier, son envergure intellectuelle somme toute limitée, sa propension à déverser une logorrhée indigeste et étouffante, ne peuvent que nous amener à rejeter désormais l’ensemble de son action.
Ayant créé en France un état quasi insurrectionnel, il ne peut donc rester en place et sa destitution doit être demandée.
Il n’aura été que l’épiphénomène d’une époque en transition.
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