Surprenant Monsieur Hollande !
En ces temps de crise économique, les Etats sont enclins au protectionnisme pour mettre à l’abri leur économie. Cette solution est d’autant plus envisagée que la grande cause de cette crise est le mécanisme ombrageux et complexe d’un système financier international incontrôlable. Cette crise ayant affecté l’économie réelle et provoqué la récession, le tissu industriel des pays occidentaux, déjà en déclin depuis plusieurs décennies, s’en trouve encore plus menacé. L’épée de Damoclès que représentent les délocalisations de l’outil productif affole la classe politique qui assiste à la montée des revendications sociales.
Outre les nombreux débats sur la refonte du capitalisme et la mise en place d’un plan de relance, c’est la question du bienfait du libre-échange qui est de nouvelle fois remis sur la table. Ainsi pouvait-on assister sur France Inter à un débat houleux entre Christian Saint-Etienne, fervent défenseur du libre échange, et Emmanuel Todd défendant un protectionnisme à l’échelle européenne. Ce débat, qui animent les économistes, les sociologues et les historiens, divise la classe politique, et particulièrement le Parti Socialiste. On le sait le libre-échange a toujours été à la source d’un conflit idéologique à l’intérieur du parti. Il a longtemps été un moyen pour la gauche de se démarquer de la droite. Aujourd’hui encore une frange du parti socialiste dite « à la gauche de la gauche », continue de combattre cette doctrine. Cependant, on a rarement vu le parti socialiste, et même sa frange la plus proche du centre, reprocher à la droite d’être trop libérale économiquement.
Le 10 février dernier, François Hollande, à l’occasion d’un débat organisé par l’association Dauphine Discussion Débat, a mis en garde les dérives protectionnistes émanant… de Nicolas Sarkozy. Il prend ainsi l’exemple des prêts à taux bonifiés et conditionnés, octroyés par l’Etat aux industries menacées, telle que l’industrie automobile Renault : L’Etat aide ces entreprises à condition qu’elles préservent les emplois et ne délocalisent pas. Les syndicats et le Parti Socialiste défend avec énergie cette clause préalable à toute aide de l’Etat au nom de la fameuse « responsabilité sociétale » des entreprises. Ainsi, dans le plan de relance du Parti Socialiste pour le secteur automobile présenté par Guillaume Bachelay le 26 janvier dernier ( Secrétaire National à l’industrie ), le P.S. affirme que :
« l’Etat peut faciliter l’accès au crédit par deux leviers : des prêts à taux bonifiés et des
- qu’il soit conditionné à des engagements en matière d’emploi et de politique salariale, par exemple
C’est peut-être la faiblesse de l’argumentaire du P.S. pour défendre son contre-plan de relance face aux critiques. Le Parti Socialiste pour appuyer le bien fondé de son plan se base sur un mécanisme simple qui est le suivant : l’augmentation des revenus soutient la demande et stimule la production. Très contesté par la droite, il a aussi vu la levée de bouclier d’une grande partie des économistes qui, à tort ou à raison, entrevoie dans cette relance par la consommation un moyen de favoriser les importations. Il n’aurait ainsi aucune conséquence sur la production nationale et donc sur la croissance. La gauche pour contrer l’idée d’un détournement de la demande vers l’étranger affirme la primauté de l’urgence sociale face à la paupérisation galopante de la société. Parfois, réapparaît chez les socialistes un obscur rapport du Sénat qui prouverait les bienfaits de cette politique économique, mais sans en détailler le contenu. Cette faiblesse argumentaire a contraint F. Hollande à prendre des positions peu habituelles au P.S., voire contradictoires, et ensuite développer un argumentaire qui paraisse en cohérence avec les proposition du P.S. .
Ainsi, lors de ce débat, François Hollande en est venu, pour défendre les idées socialistes, jusqu’à prendre des positions encore plus libérale que Nicolas Sarkozy et en contradiction avec son camp.
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON