Tout ce que le débauchage des strauss-Kahniens nous apprend sur le PS et son futur candidat
La valse des ralliements s’ouvre pour les strauss-kahniens. Avec à la clé la démonstration d’un parti attrapé en flagrant-délit de reniement idéologique. Mais avec également pour conclusion l’émergence d’un vainqueur à la primaire socialiste qui, immanquablement, en paiera le prix, en terme de forces politiques mobilisables.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH200/strauss-kahniens-b35d1.jpg)
Le récent ralliement de Jean-Christophe Cambadélis à la candidature de Martine Aubry a lancé les enchères à l’intérieur du parti. Car passé le choc de l’affaire Nafissatou Diallo, les strauss-khaniens reprennent peu à peu pied avec les réalités du parti. Contrainte leur est faite de choisir un autre candidat sous peine de gâcher un peu plus le travail qu’ils avaient entrepris lorsque DSK pouvait encore être candidat.
Et le ralliement de Cambadélis loin d’inviter à l’optimisme fait implicitement craindre que l’opération ne s’apparente à un grand jeu de débauchages fratricides dont le PS se croyait sorti.
Une »famille » divisée
En effet entre Cambadélis qui appel à soutenir Aubry, François Rebsamen qui tergiverse, Jean-Marie Le Guen qui se tait à force de trop hésiter, ou encore Pierre Moscovici qui hésite à se lancer, la « famille strauss-kahnienne » est dans le noir complet.
Ces hésitations on les retrouve du coté des militants eux-mêmes, en particuliers chez ceux qui avaient choisi de porter la candidature de Dominique Strauss-Kahn sur le net. Et les exemples sont légions sur la blogosphère. Entre Romain Blachier, fondateur de "LSD2012", déclarant ses sympathies pour Aubry qu’il craint de devenir otage de l’aile gauche du parti, à tel point qu’il semble vouloir incliner du coté de Hollande. En passant par Jonathan Denis ;fondateur des "JSK », s’avouant lui aussi en balance, pour finir par Antonio Duarte de Club DSK qui n’appellera à aucune consigne de vote ; officiellement pour favoriser le débat, officieusement pour ne pas avouer que celui-ci semble infiniment complexe.
A la recherche des arguments de ralliement
Point de ralliement tout de même pour eux : cette quasi consigne de Rebsamen appelant à soutenir le candidat se rapprochant le plus des « idées strauss-kahniennes ».
Formule un peu creuse cherchant à masquer une déshérence de plus en plus criante. Mais surtout idée dangereuse pour la crédibilité et l’unité du parti.
Car où sont les idées strauss-kahniennes ?
Car que faut-il retenir d’idéologiquement marquant de la part de l’ancien directeur du FMI.
La théorisation des 35 heures, dont il fut l’un des principaux intellectuels ? Alors les strauss-khaniens doivent choisir Aubry, qui, d’ailleurs, de l’aveu même de Jean-Marie Bockel n’y croyait pas. Le leader de la « gauche moderne » affirme avoir entendu Aubry le dire en sa présence.
La voix de la social-démocratie somme toute assez jospinienne ? Là Hollande est peu être un peu plus crédible, tant il sut éviter toute logique de « gauchisation » de son parcourt, à la différence de Martine Aubry. Après tout Hollande et Strauss-Kahn furent parmi les deux défenseurs les plus zélés du projet de constitution européenne rejeté par référendum en 2005, et qui fractura le parti. Lors de ce débat Laurent Fabius, soutient de poids à Martine Aubry, avait été le leader du camp du non à l’intérieur du parti.
Un parti se découvrant bien plus droitier que ce qu’il n’ose s’avouer
Ainsi appeler à choisir le candidat le candidat se rapprochant le plus des « idées strauss-kahniennes » comme le fait Rebsamen, loin de régler le problème ne fait que l’aggraver. Car en fonction du sujet ou de l’idée dont on parle Strauss-Kahn peut se voir représenter par l’un ou l’autre des deux favoris à la primaire.
Preuve de deux choses. Tout d’abord d’une ligne strauss-kahnienne qu’on nous a vendue comme singulière alors qu’elle semble bien plus collégialement représentée dans le parti que ce qu’on nous dit. Démonstration de l’existence d’une famille strauss-kahnienne de pure forme ou presque, mais surtout démonstration d’un PS de nouveau pris en flagrant-délit de reniement idéologique, lorsqu’une fois de plus il tente de nous faire croire qu’il n’est pas social-démocrate.
Ainsi en laissant place nette malgré lui, DSK réussit ce tour de force que sa candidature n’aurait peut être pas pu accomplir : dresser le portait d’un parti bien plus en phase avec la dérive droitière que lui seul était sensé incarner.
Là est la condition pour qu’avec une consigne de ralliement unique, à savoir aller vers le plus strauss-khanien des candidats encore en lice, tous les anciens lieutenants de DSK puissent se rabattre tantôt sur Hollande, tantôt sur Aubry.
Un leadership forcement déficitaire
Mais il y a pire car DSK c’était des idées, dont on voit qu’elles sont majoritaires dans le parti, mais aussi, et surtout, un leadership. Sur ce dernier point il semble que Dominique Strauss-Kahn cède à son parti un champ de ruine. Antonio Duarte et le Club DSK le disent : ils soutiendront le candidat PS, même s’ils savent qu’il n’aura pas « la stature » de leur ancien « poulain ».
Et on connait le risque de l’absence de leadership au PS : c’est celui de la division et des querelles de personnes. En atteste un fait troublant : le fait qu’une majorité de sympathisants PS qui disent se reconnaitre dans les inclinaisons de DSK se montre plutôt encline à soutenir Hollande, alors que certains des lieutenants de ce dernier ont déjà choisi le camp Aubry (entre autre Cambadélis et Pupponi). A coup sûr choix de pure antipathie vis-à-vis de Hollande, dont Fabius dit dédaigneusement que son élection confine au rêve, voire au délire.
Mais le problème s’aggrave encore plus pour le PS. Et là encore en raison de l’absence de Strauss-Kahn. Car si son absence montre que ses idées n’étaient pas si minoritaires que cela, en atteste ses lieutenants hésitants à choisir leur camp, alors ça veut dire que le vainqueur de la primaire ne pourra compter que sur une minorité des troupes strauss-kahniennes. A l’absence de charisme, qui frappe incontestablement les candidats à la primaire toujours en lice au regard de DSK, s’ajoutera l’impossibilité pour ces mêmes candidats de disposer des mêmes forces politiques à l’intérieur du parti.
Ainsi se dessine donc les séquelles idéologiques et partisanes de l’après Strauss-Kahn : Celles d’un parti se découvrant bien plus droitier qu’il n’ose l’avouer à son électorat. Et celle d’un vainqueur de la primaire appelé à être de toute façon moins fort que ce que Strauss-Kahn aurait pu être, et ce pour des raisons de stricte logique de fonctionnement du parti.
Et si la division de la famille strauss-kahnienne était la division de trop pour le PS ?
http://www.20minutes.fr/presidentielle/732862-strauss-kahniens-orphelins-tres-courtises
Grégory VUIBOUT
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