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Accueil du site > Actualités > Politique > Travailler plus, plus longtemps, simplement pour survivre...

Travailler plus, plus longtemps, simplement pour survivre...

 ... ou votre avenir à l’ancienne ?

Il ne faut jamais baisser la garde devant les exploiteurs de la finance internationale et pas davantage devant leurs relais européens ou français. Il est en effet bon de savoir que pour ces gens-là nous n’existons que si nous représentons un danger potentiel ! En fait, cette nébuleuse tentaculaire dont les différents éléments sont complémentaires s’est organisée afin de tirer le maximum du petit peuple.

Ce sont bien les financiers internationaux qui tiennent réellement les commandes et ces gens-là ne sont pas le moins du monde gênés par les dégâts irréversibles qu’ils causent : leur but étant simplement de prospérer, un point c’est tout ! Ces gens-là se comportent en prédateurs. Leurs stimulants : le pouvoir et l’argent ! Ce sont simplement des nuisibles qui contrôlent une grande partie de nos politiciens. Ces derniers, bien au chaud dans les assemblées et dans tous les relais de la République, nous présentent généralement leurs sponsors comme de formidables générateurs d’emplois ! Pourtant la formule inventée par notre berger : "Travailler plus pour gagner plus" en dit long sur le manque de respect de la dignité humaine de cet intermittent du spectacle qui pratique le pouvoir en ne sachant que ramener les conditions de vie du peuple très en arrière afin de pouvoir exonérer les puissants patrons du moindre petit effort ! C’est en fait un formidable vulgarisateur de la célèbre formule "Serrez-vous la ceinture, mais pour moi rien n’est trop beau !"

Le constat semble clair : côté imagination, c’est le désert le plus aride, mais cela n’empêche pas ces gens-là de croire qu’ils sont capables de nous faire accepter le pire sans risque !

Il est vrai que toutes les conditions semblent réunies : un Parlement à la botte, une opposition déliquescente - même après son succès électoral - et qui se contente de gérer, au minimum, la boutique le regard bloqué sur 2012 en rêvant de rénovation dans des vapeurs de moquette ! Sans la moindre trace visible de solutions nouvelles !

Plus grave encore une partie de ses soi-disant opposants partagent l’analyse de la majorité et rêvent d’aller rejoindre leurs copains qui ont déjà franchi le pas !

Quant aux autres, ceux qui restent afin de tenter leur chance à la loterie de l’investiture, ils se contentent de goûter la douceur de vivre que leur apportent leurs différents mandats, sans état d’âme ! Sauf quand ils sont en représentation et où ils jouent alors admirablement bien les défenseurs acharnés et incorruptibles du peuple, dans leur fief républicain !

Mais, en ce moment, c’est un véritable phénomène de rejet qui s’amorce. Le peuple commence à en avoir assez de constater que tous ces marchands de bonnes paroles sont en réalité des profiteurs qui mènent la douce vie alors qu’ils clament à gorge déployée : "serrez-vous la ceinture car c’est la seule solution" !

Comment cela se terminera-t-il ? Nul ne peut le prévoir aujourd’hui avec certitude, mais, l’arrogance de la classe politique, même profil bas, peut tout de même faire office de détonateur !

Au fond, il devient tout à fait palpable que les politiques ne sont simplement que des publicitaires qui lavent nos cerveaux, mais qui aussi deviennent de moins en moins crédibles !

En guise de conclusion, je vous livre ce texte d’olivier Clerc, écrivain et philosophe. C’est un petit conte d’une grande richesse d’enseignement.

"Il s’agit du principe de la grenouille chauffée : imaginez une marmite remplie d’eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille.

- Le feu est allumé sous la marmite, l’eau chauffe doucement.

Elle est bientôt tiède.

- La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue à nager.

- La température continue à grimper.

L’eau est maintenant chaude.

C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant.

- L’eau est cette fois vraiment chaude.

La grenouille commence trouver cela désagréable, mais elle s’est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien.

- La température continue à monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir.

- Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50°, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt de la marmite.

Cette expérience montre que, lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte.

- Si nous regardons ce qui se passe dans notre société depuis quelques décennies, nous subissons une lente dérive à laquelle nous nous habituons.

Des tas de choses qui nous auraient horrifiés il y a vingt, trente ou quarante ans, ont été peu à peu banalisées, édulcorées, et nous dérangent mollement à ce jour, ou laissent carrément indifférents la plupart des gens.

AU NOM DU PROGRÈS et de la science, les pires atteintes aux libertés individuelles, à la dignité du vivant, à l’intégrité de la nature, à la beauté et au bonheur de vivre, s’effectuent lentement et inexorablement avec la complicité constante des victimes, ignorantes ou démunies.

Les noirs tableaux annoncés pour l’avenir, au lieu de susciter des réactions et des mesures préventives, ne font que préparer psychologiquement le peuple à accepter des conditions de vie décadentes, voire DRAMATIQUES.

Le GAVAGE PERMANENT d’informations de la part des médias sature les cerveaux qui n’arrivent plus à faire la part des choses...

Lorsque j’ai annoncé ces choses pour la première fois, c’était pour demain.

Là, C’EST POUR AUJOURD’HUI.

Alors si vous n’êtes pas, comme la grenouille, déjà à moitié cuits, donnez le coup de patte salutaire avant qu’il ne soit trop tard.

SOMMES-NOUS DÉJÀ A MOITIÉ ’CUITS’ ?"


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28 réactions à cet article    


  • sisyphe sisyphe 13 mai 2008 14:38

    Bon article, duboubou !

    Enonçant des vérités élémentaires qu’il n’est jamais inutile de rappeler, sans arrêt, sans arrêt....

    Jusqu’à ce qu’enfin ça fasse un déclic, et amène les gens à se bouger un peu ?

    Espérons, et ne lachons rien...


    • HELIOS HELIOS 13 mai 2008 15:25

      Et c’est probablement pire que ce que vous venez de nous depeindre !


      • rondindebois 13 mai 2008 16:18

        trop bien votre article mais maintenant faut esperer que toutes les grenouilles donnent les coups de patte en même temps pour sortir au plus vite de la marmite


        • sery 13 mai 2008 17:02

          Zèt Hisdoire de crernouille m’en rabbelle une pien ponne !

          celle du savant nazi, vous la gonnaissez : ? alors cassez vous bauvres gons ! Che la ragonte bour les z’audres

          Lé savant nazi coube une batte a la crenouille et lui dis : saude !!!!! la crenouille saude...

          Lé savant nazi coupe la deuzième batte a la crenouille et lui indime : SAUDE !!!!!.La crenouille ne saude bas...

          Gonglusion du savant nazi : guand on goupe les teux paddes a une crenouille elle tefiens sourte !!!!!!

          SEHR TROLL NICHT WAHR ?


          • Francis Francis 13 mai 2008 17:15

            Article évident.

            Juste une nuance tout de même, l’analogie avec la grenouille me semble intéressante pour décrire le processus, mais c’est tout. Les humains ne sont pas des grenouilles, et lorsque les français "donnent un coup de pate" comme vous dites, ça fait généralement assez mal à la France d’en haut. Reste qu’ils attendent généralement d’être au point d’ébullition pour faire tomber des têtes .. quoi que ? Mai 68 ?


            • foufouille foufouille 13 mai 2008 17:30

              c’est pas "travailler plus pour gagner plus" mais crever en travaillant plus pour le MEDEF ou ARBEIT MACHT FREI devise des camps de concentration


              • si_près_si_loin 13 mai 2008 17:34

                Belle (et malheureusement bien réelle) parabole que celle de ce philosophe : il est simplement dommage que seuls les habitués des forums la connaissent. Du coup la masse critique de ceux qui aimeraient bien donner le fameux coup de pied est trop réduite pour mener a un resultat quelconque.

                Je crains que la France d’aujourd’hui ne soit déja bien trop ramolie pour qu’une quelconque action de masse ne se produise ... Ca ne serait pourtant pas un mal !


                • Dimetrodon Dimetrodon 13 mai 2008 19:00

                  Oui, le petit peuple est chloroformisé alors qu’il y aurait urgence à faire la révolution, clouer au pilori la mafia des boursier spéculateurs milliardaire qui se gave du travail des autres.

                  Il n’y a malheureusement rien de plus docile qu’un peuple endormi (par la télé, le foot, le tennis, la publicité, les jeux vidéo, les sites du Q sur Internet).

                  Ce qui détruira l’humanité, c’est sa paresse…

                  Seul un peuple nourri par un grand idéal et qui sait réduire ses besoins saura triompher de tout.

                  Dans le monde occidental, on est trop gâté, on bouffe trop, donc on est foutu…


                  • melanie 14 mai 2008 14:15

                    Oui, Dimetrodon

                     

                    Les manifestations populaires se font quand tout est à gagner et rien à perdre, or les français même ceux les moins argentés possèdent une dotation de bien matériels très supérieure à celle des années 60 : Machine à laver pour tous ou presque,Poste de Télévision - dont la fonction principale est de s’abstraire de la réalite et joue donc son rôle d’opium pour tous -, Chaine CD, cuisinière voire plaque vitrocéramique, véhicule - voire avec le cumul deux par foyer-, qui veut descendre manifester au risque d’une stigmatisation policière, au rique de perdre ce qu’on possède déjà - ce qui est absurde puisque qu’en 1968 à force de grêve, les ouvriers ont obtenu par bras de fer jusqu’à 30 % d’augmentation-  ???

                    Les français ont perdu le sens de l’investisssement pour des combats, des causes justes qui concerneraient l’ensemble des citoyens.

                    Ce matracage matériel associé à une hyper-individualisation des parcours a crée une société tétanisée, obsédée de ses petits tracas : La notion de "résistance" a disparu, le nombre de syndiqués est ridiculement misérable en France.

                    L’OCDE qui impose à tous les pays europééens - car l’Allemagne et Harz IV www.actuchomage.org/modules.php, la Grande-Bretagne, et la France www.monde-diplomatique.fr/2006/12/CORDONNIER/14220se mettent depuis plus de dix ans au garde à vous devant des directives très drastiques de L’OCDE- un régime de gestion ultralibéral où le "social" , comme la Constitution européenne relookée l’a montré n’est qu’un opuscule un peu obsolète :

                    Les citoyens se gèrent comme des flux dans une industrie la plus performante possible. Cela fait des années que les allemands souffrent d’une politique qui exploite -SMIC jusqu’à 3 € de l’heure-, exclue et met économiquement au pas, mais de l’Allemagne vous n’entendrez jamais parler que du florissant commerce extérieur - réalisé avec une sous-traitance systématique dans les pays de l’ex bloc soviétique -....

                    Pour qu’un mouvement ait de l’envergure, il y a faudrait un Mai 68 revisité en social , à savoir un mouvement - ce qu’on oublie souvent- européen et mondial qui essaime partout.

                    La souffrance sociale n’est pas encore à son comble et donc ça couve, jusqu’à ce que .....


                  • Mr Mimose Mr Mimose 13 mai 2008 19:13

                    Très bel article !

                    Bravo à l’auteur qui garde une telle lucidité a 80 printemps, alors que beaucoup de nos jeunes sont complétement drogués par nos mass médias.

                     


                    • impots-utiles.com 13 mai 2008 20:06

                      cela commence a devenir difficile du coté de la majorité... d’ailleurs on a bien vu que Nicolas Sarkozy, qui se targuait encore l’année dernière d’avoir changé, est vite retombé dans ses travers belliqueux et agressifs...
                      Vu la conjoncture , c’est un peu compréhensible, du coup le bougre se démène becs et ongles pour essayer de convaincte des bienfaits de son projet de loi de modernisation de l’économie...
                      autre problème pour la majorité, beaucoup d’experts restent sceptique quant aux réels bienfaits que pourrait apporter cette loi..

                      http://www.impots-utiles.com/la-guerre-du-pouvoir-dachat-ii-le-retour-sarkozy-contreattaque.php

                       


                      • Pierre Boisjoli Pierre Boisjoli 13 mai 2008 21:57

                        Keynes disait à long terme nous serons tous morts. Sauf qu’il y a une génération après la présente et qu’il y e aura d’autres malgré les difficultés de la vie actuelle. POur ce qui est des grenouilles, nous réagissons d’une manière plus raisonnable que le célèbre batracien. On n’hésite pas aujourd’hui à dire que les déficits n’ont plus de bon sens, que c’est taxer la génération future. Le monde retombera sur ses pieds malgré les difficultés.

                        Pierre Boisjoli

                         


                        • Francis, agnotologue JL 14 mai 2008 10:41

                           

                          "Avant l’Etat fiscal, il y a eu la servitude féodale… et après lui il y a la prédation actionnariale. …Quelle est la puissance despotique d’aujourd’hui qui soumet absolument le corps social et le laisse exsangue d’avoir capté la substance de son effort ? Certainement pas l’Etat – dont on rappellera au passage qu’il restitue en prestations collectives l’ensemble de ses prélèvements… – mais le système bancaire-actionnaire qui, lui, conserve unilatéralement le produit intégral de ses captations.""


                        • Francis, agnotologue JL 14 mai 2008 10:47

                          Le dessin est aussi joli que le texte est grave. Mais le pb c’est que ceux qui font chauffr la casserole connaissent aussi cette histoire.

                          http://www.marianne2.fr/Le-neo-liberalisme,-ou-la-politique-du-catimini_a86944.html

                           


                        • Dolores 13 mai 2008 22:18

                          Merci Mr Duboubou1er !

                           

                          Vous avez écrit ce que j’aurais aimé écrire si je l’avais fait avant vous !

                          Il y a en effet un fort risque que les grenouilles se réveillent un peu trop tard.

                          Elles en sont déjà à demander elles-mêmes en grand nombre et volontairement la restriction de nos libertés.

                          Ce qui me chagrine le plus, c’est de constater que nos grenouilles n’aient pas plus de réflexion,aucune capacité d’analyse et ne voient pas plus loin que le lendemain au bout de leur nez. Sans comprendre qu’elles se condamnent elles-mêmes à être mangées bouillies.

                          J’assiste impuisante comme vous à un retour rapide vers le XIX° siècle qui serait "moderne" grâce aux "réformes".

                          Je crains que nos grenouilles ne s’inquiètent que lorsque nous seront parvenus au XIII° siècle et quelles se réveilleront serfs assujétis à des seigneurs arrogants et inhumains. Ce qu’ils sont déjà d’ailleurs, et nous sommes déjà des manants à qui il convient d’enlever tous les droits pour mieux les soumettre.

                          Nous ne sommes pas représentés : les politiques de tous bords sont d’accord entre eux .Privilégiés, nous n’avons rien à attendre d’eux

                          Ceux qui ne veulent pas de la vie qu’on nous prépare sont considérés comme des "rétrogrades".

                          Dommage qu’il n’y ait pas de grenouilles qui ne supportent pas de se retrouver dans une marmite même quand l’eau est froide !

                           

                           


                          • Axior 13 mai 2008 23:23

                            Il ne faut pas espérer un mai 68, il n’arrivera pas ; il ne peut pas se produire, pour la simple et bonne raison que ce n’était pas un mouvement ouvrier de revendications des droits du travail, comme on tente de nous le faire croire. Il y a eu en effet un mouvement revendicatif ouvrier puissant, mais il a commencé bien avant, et aurait continué bien au delà, avec peut-être autant de réussite, voire plus, s’il n’avait été boosté par les événements de mai, pour aboutir aux accords de Grenelle.

                            Mai 68 était un mouvement (fort utile) philosophique, basé sur l’existancialisme, aux revendications civiles et non sociales. Il n’a abouti à rien sur le moment, mais il a été le point de départ d’une évolution constante qui continue encore de nos jours (le pourquoi du fait qu’il ne peut se reproduire). Cette évolution a permis notamment une amélioration de la condition femminine, une remise en cause de la hiérarchie et de l’autorité, bien que sur ce point il reste encore beaucoup à faire, mais ça se fait. Nous allons vers le mariage pour les homosexuels, puis il y aura d’autres étapes.

                            Pendant ce temps là, la grogne populaire grandit, les grèves se multiplient contre les attaques à nos droits fondamentaux, mais nous manquons d’efficacité parce que nous attendons en vain ce catalyseur dont nous avons bénéficié en mai 68. Il ne viendra pas, il va falloir que nous nous catalysions nous même.

                            Alors laissons tomber les Holland, Royal, Fabius et autres Montebourg, ils ne nous aideront pas. Virons des syndicats ceux qui refusent l’unité des travailleurs, et remplaçons les par de vrais leaders, qui ont les pieds sur terre et se bougent le popotin, des gens comme Bové(bien que je ne partage pas toutes ses idées) ou même des besancenots, voire des MGBuffets (quand bien même ils ne sont pas syndicalistes) .

                            Il n’y a que l’unité qui vaincra, et le réalisme.


                            • dup 14 mai 2008 08:22

                              l’histoire de la grenouille d’Olivier Clerc a fait plusieurs fois le tour de la terre. Elle est exemplaire et met en lumiere que que notre tolerance est soumis à une dérivée dv/dt trop grande . Nous devons travailler à être plus sensibles aux moindre changements pour éviter d’être cuits .Mais le conte est un peu tronqué ici . voici la version complète :

                              Le principe de la grenouille
                              dans la marmite d’eau

                              (ou l’inconscience du changement)

                               

                               

                              Imaginez une marmite remplie d’eau froide, dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite. L’eau se chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue de nager. La température commence à grimper. L’eau est chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille ; ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant. L’eau est maintenant vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle est aussi affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température de l’eau va ainsi monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir, sans jamais s’être extraite de la marmite.

                              Plongée dans une marmite à 50°, la grenouille donnerait immédiatement un coup de pattes salutaire et se retrouverait dehors.


                              Cette expérience (que je ne recommande pas) est riche d’enseignements. Elle montre que lorsqu’un changement négatif s’effectue de manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps pas de réaction, pas d’opposition, pas de révolte.


                              C’est exactement ce qui se produit dans la société où nous vivons. D’année en année, on observe une constante dégradation des valeurs, laquelle s’effectue cependant assez lentement pour que personne - ou presque - ne s’en offusque. Pourtant, comme la grenouille que l’on plonge brusquement dans de l’eau à 50°, il suffirait de prendre le Français moyen du début des années 80 et, par exemple, de lui faire regarder la TV d’aujourd’hui ou lire les journaux actuels pour observer de sa part une réaction certaine de stupéfaction et d’incrédulité. Il peinerait à croire que l’on puisse un jour écrire des articles aussi médiocres dans le fond et irrespectueux dans la forme que ceux que nous trouvons normal de lire aujourd’hui, ou que puissent passer à l’écran le genre d’émissions débiles qu’on nous propose quotidiennement. L’augmentation de la vulgarité et de la grossièreté, l’évanouissement des repères et de la moralité, la relativisation de l’éthique, se sont effectués de telle façon - au ralenti - que bien peu l’ont remarqué ou dénoncé.

                              De même, si nous pouvions être subitement plongés en l’an 2022 et y observer ce que le monde sera devenu d’ici là, s’il continue de dévaler la pente sur laquelle il se trouve, nous en serions sans doute encore plus interloqués, tant il semble que le phénomène s’accélère (accélération rendue possible par la vitesse à laquelle nous sommes bombardés d’informations nouvelles et en oublions le reste). Notons d’ailleurs que les films futuristes s’accordent pour ainsi dire tous à nous présenter un futur certes " hyper-technologique " mais surtout des plus lugubres.

                               Chaque fois qu’un changement est trop faible, trop lent, il faut soit une conscience très aiguisée soit une bonne mémoire pour s’en rendre compte. Il semble que l’une et l’autre soient aujourd’hui chose rare.

                              Sans conscience, nous devenons moins qu’humain.

                              Sans mémoire, nous pourrions passer chaque jour de la clarté à la nuit (et inversement) sans nous en rendre compte, car les changements d’intensité lumineuse sont trop lents pour être perçus par la pupille humaine. C’est la mémoire qui nous fait prendre conscience a posteriori de l’alternance du jour et de la nuit.

                              Gavée par trop d’informations inutiles, la mémoire s’émousse.

                              Abrutie par un excès de stimulations sensorielles, la conscience s’endort.

                              Et notre civilisation s’enfonce ainsi dans l’obscurité spirituelle, avec le délitement social, la dégradation environnementale, la dérive faustienne de la génétique et des biotechnologies, et l’abrutissement de masse - entre autres symptômes - par lesquels elle se traduit.


                              Le principe de la grenouille dans la marmite d’eau est un piège dont on ne se méfie jamais trop si l’on a pour idéal la recherche de la qualité, de l’amélioration, du perfectionnement, si l’on refuse la médiocrité, le statu quo, le laisser-faire.

                              Incidemment, ce principe fonctionne aussi au positif et même en cela il peut nous jouer des tours. Les efforts que l’on fait quotidiennement provoquent eux aussi des changements - positifs, cette fois - mais parfois trop faibles pour être immédiatement perçus ; ces améliorations sont pourtant bien là, et à ne pas les observer, certains se laissent décourager à tort.


                              Comment, alors, ne pas succomber au piège du principe de la grenouille dans la marmite d’eau, individuellement ou collectivement ?


                              En ne cessant d’accroître sa conscience, d’une part, et en conservant un souvenir intact de l’idéal et des buts que l’on s’est fixés.


                              L’entraînement et le développement de la conscience sont l’un des points communs de toutes les pratiques spirituelles : conscience de soi, conscience du corps, conscience du langage, conscience de ses pensées, conscience de ses émotions, conscience d’autrui, etc. Au-delà de tout dogme, de toute doctrine, de toute idéologie, l’élargissement et l’accroissement de la conscience devraient donc être considérés - bien plus que le développement des seules facultés intellectuelles - comme un comportement fondateur de notre statut d’humain et comme un moteur indispensable à notre évolution.

                              Olivier Clerc

                               


                              • marc berger marc berger 14 mai 2008 10:01

                                Trés bon article !

                                Le plus difficile est peut être de décider d’arrêter de tremper dans la marmite. Comme le dit Jean Baudrillard nous vivons dans une société où l’on nous demande d’être la force de production et en même temps la force de consommation, en gros on s’"auto-presse". Et on cherche a nous culpabiliser de ne pas assez produire pour ensuite nous culpabiliser de ne pas assez consommer. Vous ne voyez pas le cercle vicieux la ? c’est bien pire que l’histoire de la grenouille.

                                Arrêtons de produire plus et consommons moins et tout le monde vivra mieux.

                                Maintenant chacun est libre de vivre sa vie comme il l’entends, on peut très bien décider de travailler plus pour gagner un peu plus et ne vivre que pour ses weekend ou ses vacances, mais on peut très bien aussi travailler moins pour mieux vivre, mieux vivre avec ses enfants, sa famille et ses amis et soi même.

                                Réapprenons à vivre humainement, dans le respect des êtres vivants et de la nature, en laissant tomber les illusions du consumérisme, nous nous ré approprierons notre dignité d’être humain et cesserons d’engraissser ces "gorets" dont l’ultime but est l’accumulation de richesses matérielles sur le dos des autres.

                                marc


                                • Francis, agnotologue JL 14 mai 2008 10:51

                                  Le problème c’est que ceux qui font chauffer l’eau sous la casserole connaissent très bien cette histoire. On lira fort à propos cet article de Catherine Kintzler qui analyse un texte de l’OCDE datant de plus de 10 ans, lequel texte donne des conseils pour ne pas faire monter trop vite la pression : http://www.marianne2.fr/Le-neo-liberalisme,-ou-la-politique-du-catimini_a86944.html


                                  • rocla (haddock) rocla (haddock) 14 mai 2008 14:00

                                    je ne sais si on est à moitié cuits , mais on nous met des pruneaux crus ....


                                    • Traroth Traroth 14 mai 2008 14:05

                                      Très bon article, mais la question qu’il pose finalement est : de quelle nature est le fameux coup de patte salvateur ? En d’autres termes : Que faire ?

                                      Le constat, pour en faire un résumé barbare, c’est que la classe politique a trahi le Peuple. Comment la remplacer et par qui ? Avec quels idées et quel programme ?


                                      • Mescalina Mescalina 14 mai 2008 14:27

                                        Hummmm...... Un article bien écrit, qui propose une "vision". Ce brave petit vieux, je le dis respectueusement, pousse un de ces derniers cris de guerre, on ne peut lui en tenir rigueur.

                                        L’histoire de la grenouille est très intéressante et s’applique à beaucoup de chose. De la à la généraliser à la vie actuelle dans son ensemble... Je n’ai pas le temps mais un exemple :

                                        A force de bouffer du l’HUMA tous les jours ont devient profondément stupide, fataliste, déconnecté de l’évolution du monde (fatalisme nuisible). On intègre jour après jour une belle propagande nihiliste. A NOTER : cela vaut AUSSI pour LIBE ET LE FIGARO, dans une moindre mesure tout de même et dans cet ordre.

                                        Inquiétant et intéressant : QUE des commentaires qui vont dans le sens de cet article avant moi. Un peu totalisant et étrange, cette approche du "débat démocratique d’opinions", ne trouvez vous pas ?


                                        • Mescalina Mescalina 14 mai 2008 14:34

                                          Hummmm...... Un article bien écrit, qui propose une "vision". Ce brave petit vieux, je le dis respectueusement, pousse un de ces derniers cris de guerre, on ne peut lui en tenir rigueur.

                                          L’histoire de la grenouille est très intéressante et s’applique à beaucoup de chose. De la à la généraliser à la vie actuelle dans son ensemble... Je n’ai pas le temps mais un exemple :

                                          A force de bouffer du l’HUMA tous les jours ont devient profondément stupide, fataliste, déconnecté de l’évolution du monde (fatalisme nuisible). On intègre jour après jour une belle propagande nihiliste. A NOTER : cela vaut AUSSI pour LIBE ET LE FIGARO, dans une moindre mesure tout de même et dans cet ordre.

                                          Inquiétant et intéressant : QUE des commentaires qui vont dans le sens de cet article avant moi. Un peu totalisant et étrange, cette approche du "débat démocratique d’opinions", ne trouvez vous pas ?


                                          • Francis, agnotologue JL 14 mai 2008 19:53

                                            @ Philippe : et pourtant on sait depuis Coluche que "On ne peut pas dire la vérité à la télé, y a trop de gens qui regardent  !"


                                          • Mr Mimose Mr Mimose 14 mai 2008 20:26

                                            Et bien Mescalina, c’est bien ce que je pensais, ce petit vieux comme vous dites me parait bien plus lucide que vous et pourrait vous en remontrer !

                                            Vous devez vivre avec votre portable accroché à l’oreille, dans un petit costume de commercial de chez darty j’imagine.

                                            Tout va bien dans le meilleur des mondes possibles, dormez bien citoyen.


                                            • orange orange 15 mai 2008 08:14

                                              Travailler plus plus longtemps pour survivre. Notre coprs deviendra user avant même de profiter d’une retraite méritante. Et qui va profiter de travailler dans ces conditions, les plus riches qui sont déja sur le terrain. C’est une chance pour moi d’avoir trouver un travail ( depuis deux mois) C’est un travail fatiguant certes, c’est une chance que j’ai, mais je pense que je ne pourais pas aller au dela de 60 ans, mêm si je n’ai pas suffisament cotiser pour la retraite. Notre corps n’est pas une machine qui a une résistance ( vit plusieurs années sans problème). Notre corps humain est fragilisé part tout ce qui est nuisible ( le stress, la peur ( rien à voir avec le stress) la violence de toute ses formes, ect...

                                               


                                              • Fred 15 mai 2008 08:20

                                                A quand plus de patrons de gauche (rappel entre 70 et 80% des patrons, artisans et commercant ont vote a droite) qui vont payer leurs employes au dessus du marche, qui paieront plus de charges patronales pour eviter que leurs employes travaillent trop longtemps...c’est quand meme dommage que toutes ces personnes qui ont plein d’idees de partage et demandent toujours aux patrons de faire des sacrifices ne creent pas leur entreprise car nous aurions tous une meilleure vie. Bizarre quand meme que les gens de gauche ne soient pas plus des entrepreneurs avec toutes ces belles idees.

                                                 


                                                • orange orange 15 mai 2008 08:31

                                                  C’est bien les employés qui font des sacrifices, lorqe ceux ci( employés )doit faire le boulo de deux personnes et sont payer pour le travail d’une personne

                                                   

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