Tripartisme gagnant, tripartisme perdant
Brève analyse sur ce qui se passe actuellement dans notre « vie politique ». A appliquer à toutes les élections à venir en commençant par les départementales et les régionales.
Les élections de dimanche prochain ne vont absolument rien changer. Absolument rien.
Le Front National semble être le grand gagnant de toutes les élections. Il est arrivé premier aux élections européennes et a fait de très bons scores aux législatives partielles. Il arrivera très probablement en tête à l'issue du premier tour des élections départementales. De plus, il remporte une victoire idéologique certaine puisque les sujets les plus débattus sont désormais ceux du Front National, et quand ils ne le sont pas, par diversion, le Front National lui-même. Sur une grande partie du territoire le Front National est désormais capable d’arriver en tête, et lorsqu’il ne l’est pas, il réalise un score exceptionnel compte tenu du contexte local (fief socialiste, terre radical-socialiste …) Néanmoins, cette victoire partielle sur le fond est quasi inexistante sur la forme. Le Front National obtient peu d’élu et son pouvoir décisionnel dans nos institutions est plus que limité. La seule exception est celle des élections européennes où le plus gros contingent de représentants français fut celui du FN. Mais encore une fois, pour quoi faire ? Le FN n’a ni groupe ni réelle influence sur les décisions puisque le Parlement européen est totalement verrouillé par le PSE et le PPE qui votent de manière similaire dans l’écrasante majorité des cas.
L’UMP est le gagnant modeste des élections. Il est raillé pour ses faibles victoires car ne profitant pas du désamour populaire envers le pouvoir socialiste. Comme parti d’opposition l’UMP est plus que médiocre. Il est inaudible. Néanmoins, la réalité est en fait bien différente si nous changeons de prisme d’analyse. En se basant sur un certains nombres de critères, tels que les idées, les propositions, le parti et le bilan d’une décennie au pouvoir, l’UMP est en train de réaliser un véritable hold-up. Ce parti, se trouvant dans un néant idéologique, sans aucune proposition crédible et avec un bilan plus que mauvais, remporte finalement la majeure partie des élections. La réussite de l’UMP est largement sous-estimée.
Le Parti Socialiste est un perdant triomphant, un général romain contre Pyrrhus. Il perd de nombreux sièges mais réalise lui aussi, un très beau coup. Le PS écrase littéralement les autres partis de gauche rendant toute alternative sur ce bord impossible au grand dam des Mélenchon, Laurent, Duflot … Il triomphe sur la gauche. Si l’on tient compte des résultats économiques, de la politique aveugle et dogmatique en matière internationale, des couacs à répétition du gouvernement et du mépris profond que portent les élites socialistes à l’encontre du Peuple, le PS fait de manière relative mieux que l’UMP et que le FN.
La typographie des élections est néanmoins centrale dans cette situation. Le Front National, premier parti de France ? Pas en nombre d’élus en tout cas. Il est fort probable qu’il ne le devienne pas dans les années à venir. L’élection européenne en est l’exception car le scrutin est proportionnel et donc à un tour. Ainsi, le nombre d’élus européens s’élève à 24 pour le FN contre 13 pour le PS.
La législative partielle de l’Oise est un exemple probant de la difficulté qu’a, et aura, le FN à obtenir plus de 50% des suffrages au second tour et donc des élus lorsque le scrutin est majoritaire. Les départementales étant également à deux tours, le scrutin majoritaire aura raison du potentiel électoral et de la capacité de rassemblement du FN.
Selon Michel Houellebecq, François Hollande a des chances de l’emporter en 2017. Cela semble tout à fait réaliste. Il est communément admis que Marine Le Pen sera qualifiée au second tour de l’élection présidentielle. Dès lors, le candidat opposé à cette dernière sera automatiquement vainqueur. Certes, cette victoire ne sera pas aussi large qu’en 2002, qui avait vu Chirac l’emporter avec 82% des suffrages au second tour, mais elle sera probablement confortable. Toujours selon Houellebecq, la démocratie « représentative » serait ridiculisée et le climat en France n’en serait que plus alourdi. On imagine évidemment qu’Alain Juppé, si tant est qu’il puisse atteindre le second tour, serait un président sur la même ligne que le duo Hollande-Valls. Un pays « à droite », un pouvoir « à gauche ». Finalement, quel que soit le vainqueur, l’insatisfaction finira par être majoritaire.
L’issue de notre tripartisme semble claire. Une alliance des droites légitimiste, orléaniste et bonapartiste ? Peu probable. Une grande force de gauche réunifiée ? Imaginaire. Donc comme prévu, nous aurons le « Front Républicain » contre l’autre Front. Reste, qu’il sera difficile de déterminer lequel des deux est plus républicain que l'autre. Mais les français s’en préoccupent-ils toujours ?
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