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Accueil du site > Actualités > Politique > Tu veux ou tu veux pas ?

Tu veux ou tu veux pas ?

Le suspense insoutenable se poursuivra jusqu’au 15 novembre 2008 : Ségolène Royal sera-t-elle candidate ou pas au poste de premier secrétaire du Parti socialiste pour succéder à son ancien compagnon François Hollande ?

Ségolène Royal n’a vraiment pas de chance. Elle comptait pouvoir donner une réponse sur sa candidature éventuelle à la direction du Parti socialiste lors du journal télévisé de TF1 ce 12 novembre 2008, mais elle n’a pas pu.

Elle avait envoyé un document de travail aux trois autres "têtes de motion", Bertrand Delanoë, Martine Aubry et Benoît Hamon, mais aucun d’eux n’a encore daigné lui adresser une réponse.

Flou quantique

Par conséquent, Ségolène Royal n’a pu être qu’ambiguë sur ses intentions.

Elle a bien dit qu’elle avait envie d’être la patronne du PS et qu’elle prendrait ses responsabilités, mais d’un autre côté, elle a répété qu’elle n’en faisait pas un préalable pour un rassemblement et qu’elle n’était pas une femme d’appareil.

Typiquement ségolien, ce positionnement se retrouve dans une alliance éventuelle entre socialistes et MoDem : Ségolène Royal a évoqué la possibilité d’une alliance vers le centre uniquement après une alliance à gauche. Concrètement, ça ne signifie pas grand-chose sinon qu’elle veut ménager la chèvre et le chou (qui est la chèvre ? qui est le chou ?).

Candidature de division ?

Parmi ses propres partisans, Gérard Collomb et Jean-Noël Guérini (représentant des fédérations clefs, celles du Rhône et des Bouches-du-Rhône) préféreraient une candidature de rassemblement inodore, comme Vincent Peillon ou François Redsamen (Julien Dray serait sur les rangs aussi, et pourquoi pas Gérard Collomb lui-même, premier signataire de la motion Royal ?).

Ils sont très réticents à une candidature de Ségolène Royal car ils craignent que les autres motions fassent bloc contre elle.

Et ils ne semblent pas avoir tort : ce matin du 13 novembre 2008, Benoît Hamon a annoncé qu’il était sur le point d’avoir un accord avec Martine Aubry. Dans cet accord, il serait exclu toute alliance nationale entre le PS et le MoDem, mais implicitement, légitimerait des accords locaux ou régionaux (Martine Aubry s’était alliée aux centristes aux municipales à Lille en mars 2008, contrairement à Bertrand Delanoë à Paris). Mais Hamon et Aubry se disputeraient déjà la candidature au poste de premier secrétaire du PS.

François Hollande, de la motion Delanoë, décourage fermement son ancienne compagne à se présenter car elle liguerait le Parti socialiste contre elle. Michel Sapin et Élisabeth Guigou, autres soutiens de Bertrand Delanoë, enfoncent le clou en mettant la barre très haut dans leurs exigences de fond (notamment sur la stratégie d’alliance).

Le départ de Jean-Luc Mélenchon ne paraît, face à ce bouillonnement prérémois, qu’un épiphénomène déjà bien oublié et discrédité par le refus de Henri Emmanuelli et de Benoît Hamon de le suivre. L’expérience isolationniste de Jean-Pierre Chevènement (qui n’a jamais été réélu député depuis 2002 mais qui a réussi à se faire laborieusement élire sénateur en septembre 2008) a montré le manque de discernement d’une telle attitude, mortelle sous la logique majoritaire de la Ve République.

Rassemblement ou synthèse molle ?

Ségolène Royal ne cherche cependant pas à tout prix un accord entre les différentes motions. Elle sait que la "synthèse molle" (dont était spécialiste François Hollande) obtenue au congrès du Mans en 2005 a été catastrophique dans l’optique de l’élection présidentielle de 2007. Elle a proposé un document de travail qui ne mange pas de pain pour montrer qu’elle a pris l’initiative de vouloir le rassemblement.

Elle se dit surtout que le 20 novembre 2008 (donc après le congrès de Reims), les militants socialistes voteront à nouveau pour choisir leur premier secrétaire.

Ségolène Royal sait bien que face à un éléphant, un second couteau royaliste risque bien de ne pas faire le poids. Donc, tant qu’elle ne sait pas qui sera candidat face à son camp, elle ne peut réellement choisir sa stratégie.

Un jeu de chat qui se mord la queue, car de toute façon, les autres motions semblent bien décidées à lui faire barrage, d’autant plus que Ségolène Royal compterait créer une présidence du PS assistée d’un secrétariat général (comme à l’UMP). Déjà dans certaines fédérations pour leur propre congrès (départemental), des alliances Delanoë-Aubry-Hamon ont vu le jour pour contrecarrer les royalistes.

Royal, une carte à ne pas négliger

Pourtant, même si je ne considère pas du tout pertinent son concept assez creux de "démocratie participative", je pense que le PS aurait intérêt électoralement à se choisir Ségolène Royal pour capitaine.

Pourquoi ? Parce que, malgré ses maladresses, elle a réellement réveillé la vieille maison socialiste et lui a donné quelques nouvelles perspectives un peu plus d’actualité. Elle a su motiver pendant la campagne présidentielle de nombreux abstentionnistes (comme François Bayrou).

Delanoë qui se prétend "social-libéral" ou Strauss-Kahn qui se prétend "social-démocrate" restent enfermés dans la doctrine d’union de la gauche conceptualisée par François Mitterrand en 1972. Martine Aubry, avec ses 35 heures, n’est pas non plus placée au centre gauche malgré ses alliances lilloises. Hamon est plus clair et sincère en se revendiquant de l’aile gauche du PS.

Bref, tous les adversaires de Ségolène Royal sont rivés à une stratégie archaïque qui n’a plus de raison d’être aujourd’hui, ne serait-ce qu’électorale, car les communistes ou les verts ne représentent plus beaucoup d’électeurs.

Qui peut encore être présidentiable au PS ?

La bataille de Reims concerne la direction du PS mais forcément renvoie à la candidature socialiste de 2012. Alors, faisons un petit inventaire des personnalités connues…

Bertrand Delanoë, incapable de rassembler les socialistes parisiens (seulement 36,7% !), peut-il être élu par les Français de toute la France ? Martine Aubry, qui a été à l’origine du plus grand gel des salaires, peut-elle incarner la joie dans les chaumières ? Laurent Fabius, ancien Premier ministre il y a vingt-quatre ans, et dont les positions sur l’Europe ont varié avec les sondages, peut-il encore être considéré comme un espoir pour le pays ? Dominique Strauss-Kahn, qui a déserté l’espace national et dont l’actualité se conte désormais dans les chroniques people, peut-il encore resurgir de son dilettantisme ?

Qui reste-t-il à part… elle ?

Presque 17 millions de voix, qui pourrait en dire autant ?

Ségolène Royal est la première à avoir imaginé, bien maladroitement certes, de nouveaux jeux d’alliance au niveau national, en proposant à François Bayrou de façon peu convaincante un accord de gouvernement entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2007.

Elle a su ainsi donner un peu de nouveauté et d’oxygène à ce parti réflexe de gauche. Elle a su aussi donner quelques chances à de jeunes candidats, comme Delphine Batho (en lui laissant sa circonscription). En ne renouvelant pas son mandat de députée, elle s’est mise en accord avec le non-cumul alors que le pourfendeur du cumul des mandats, Arnaud Montebourg, soutien de Martien Aubry, cumule depuis mars 2008 un mandat de député et une présidence de conseil général.

La candidature présidentielle de Ségolène Royal pouvait être très discutable en 2006 en termes de légitimité politique par rapport à deux anciens ministres des Finances dont un ancien Premier ministre, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius (je ne parle pas de la primaire socialiste qui l’a à peine légitimée, puisque cette primaire ne fait participer que les encartés, pas les sympathisants comme aux États-Unis).

Mais en 2008, sa légitimité de candidate tant à la direction du PS que, le cas échéant, à la prochaine élection présidentielle, ne peut plus être remise en cause après sa prestation de 2007. Certes, elle a perdu, et bien perdu (2,2 millions de voix de différence, soit plus de 6%) au second tour face à Nicolas Sarkozy, mais elle a quand même rassemblé 9,5 millions d’électeurs au premier tour et 16,8 millions au second tour.

Et de cela, aucun autre socialiste (vivant ou même mort, y compris François Mitterrand sauf aux premiers tours de 1974 et de 1988) ne peut aujourd’hui s’en vanter.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (13 novembre 2008)


Pour aller plus loin :

Géopolitique des crabes.

Dépêches sur Royal.

Document de travail transmis par Royal.

Analyses sur le PS.

Le congrès de Reims et ses motions en pratique.

Histoire du PS.

La préparation du congrès de Rennes (janvier 1990).

Vidéo de Royal sur TF1 le 12 novembre 2008.





Ségolène Royal : Le poste de 1er secrétaire ? J’en ai envie
Video
Envoyé par LePost sur wat.tv




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13 réactions à cet article    


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 13 novembre 2008 13:38

    Oh cher parti
    Tu me fais vivre
    Comme dans un rêve
    Tout ce que j’aime
    Ensemble
    Besoin de rien, envie de toi
    Comme jamais envie de personne
    Tu vois le jour
    C’est à l’amour qu’il ressemble
    Besoin de rien, envie de toi
    Comme le rouge aime l’automne
    Tu sais l’amour
    C’est à Vérone qu’il ressemble
    Besoin de rien, envie de toi
    Envie de toi
    J’aime, quand tu m’enlaces
    Quand tu m’embrasses
    Je suis si bien
    Avec le parti


    • Voltaire Voltaire 13 novembre 2008 15:18

      Après visionage de son intervention, je trouve que Mme Royal s’améliore. Tactiquement, elle a été très habile, ce qui est évidemment un atout essentiel en politique. Et elle a su préserver l’avenir.
      Il me semble que, contrairement à de nombreux socialistes, Mme Royal a parfaitement compris la sociologie de la France, et ce qui était nécessaire pour gagner face à une droite très puissante.

      Reste bien sûr que son projet politique demeure flou et opportuniste, mais Mme Royal a avant tout une ambition politique et non une ambition pour la France. Ce qui n’a rien de déshonorant puisque c’est le lot de la quasi totalité des politiques. Et le pragmatisme, en politique, peut aussi faire avancer les choses.

      Mme Royal a su s’entourer de personnes compétentes, qui sauront lui concocter un projet crédible, qu’elle assaisonnera à sa sauce populiste. Pour le PS, elle représente sans doute la meilleure chance en 2012, même si elle laisse quelques plumes d’aigris et d’antilibéraux en chemin. 


      • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 13 novembre 2008 22:59

        Nous sommes chacun à notre manière et selon notre position respective d’accord...

        Ce qui, direz-vous, ne mange pas de pain ; c’est à voir...


      • Voltaire Voltaire 14 novembre 2008 09:12

        Le récent sondage opinionway publié ce matin confirme mon analyse : en cas d’élection présidentielle avec les même candidats qu’en 2007, Ségolène Royal ferait largement le meilleurs score pour le PS, et serait la seule à le qualifier au second tour. Contrairement à 2007, il me semble qu’alors une alliance avec Bayrou lui permettrait de l’emporter. Mais 2012 est encore loin... Si, comme tout l’indique, le PS continue ses divisions internes et un front anti-Royal se met en oeuvre, alors Bayrou sera probablement au second tour, car Besancenot prendra suffisament de voix au PS.
        Toute la question serait de savoir alors qui, de Royal ou de Bayrou, aurait le plus de chance de l’emporter sur un Sarkozy toujours excellent candidat... Mais tout cela est de la politique fiction bien sûr


      • Bobland59 Bobland59 13 novembre 2008 16:03

        Comme nous avons appris à la connaitre, elle veut bien y aller, elle en a envie mais ......... surtout elle refuse de perdre. Pourtant elle nous a bien fait perdre les présidentielles avec ses fiancailles contre-nature .
        Tant qu’à Martine Aubry à Lille aux municipales elle n’avait pas besoin du modem pour emporter la mairie et même l’agglomération . Mais le modem dans notre région est dirigé par un certain Olivier Heno qui fut très longtemps le complice de son voisin Daubresse ( ancien secrétaire d’état ump ). Et ce dernier avait juré sa perte de cette trahison selon lui .
        Ainsi Heno est même devenu président d’une commission à l’agglomération de Lille et on ne voit plus nulle part le Daubresse qui ronge sa rancune à chaque communication qu’il peut encore obtenir .


        • TARTAR 13 novembre 2008 17:39

          Hollande ce DonJuan Rose et joufflu (je sais c’est mal de s’en prendre au physique) en baisant une journaliste a cru baiser Royal.
          Royal déshonorée , bafouée a juré de baiser Hollande.
          Et peut-être ,qui sait ,a juré de casser les cadres du PS qui ont osé sourire de son ancienne infortune.

          Cette femme en a.
          Pas des arguments de gouvernance, son programme est flou.
          Non,ce qu’elle a ,Hollande tout Casanova qu’il soit, en a moins qu’elle...

          Mais moi je m’en fous le PS et son zoo m’indiffèrent.


          • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 13 novembre 2008 23:03

            Son programme est le moins flou de tous ceux contenus par les motions du PS ; encore faut-il les avoir lus et ne pas se contenter de préjugés aveugles ou de ouï-dire


          • paul 13 novembre 2008 19:21

            Comptabiliser les voix obtenues aux présidentielles pour comparer les différentes élections ne prouve rien :
            c’est de l’arithmétique,les situations ne sont pas les mêmes.Les ségolénistes se vantent des 17 millions
            de voix obtenues au 2ème tour,comme si ces voix étaient un crédit permanent pour la candidate : pas du tout.
            Il ne faut pas oublier le rejet massif qu’inspirait Sarkozy,même au-delà de la gauche.Et malgré cet avantage,
            Royal a perdu.Aujourd’hui,pourquoi représenterait elle mieux la gauche ? peut être par manque de candidat
            représentatif justement.Au royaume des aveugles....


            • Botsu 13 novembre 2008 19:37

              Quand bien même, avec elle ou un(e) autre le PS est mort.


              • moebius 13 novembre 2008 22:31

                 le PS n’est pas mort il est devenu un parti de centre gauche, un parti "réaliste" qui a une expérience du gouvernement. Ce qui a pour effet de radicaliser son aile gauche dans les limbes du pré politique. Là ou au milieu des chimères, des cauchemars et des merguez on rêve de capitaliser le mécontentement pour en faire une masse docile apte a renverser le gouvernement en jetant des canettes vides a la tête des forces de l’ordre. Comme entre les deux guerres on le faisait en remobilisant les anciens combattants pacifiques de la der des der dans une guerre civile qui en France n’a réussit qu’a mettre Pétain au pouvoir...combien de manifs, combien de tracts dans la boue des caniveaux, de banderoles qui flotte au vent, de slogans ânonnés combien avant d’apercevoir enfin la voiture balai de ce cortège qui passe


                • Botsu 15 novembre 2008 11:45

                  Ou avais-je la tête. Le code du travail c’était à la limite des dérives collectivistes. Maintenant on se recentre on s’en fout on applaudit son démantèlement. Les 35h c’était une belle connerie, il manquerait plus qu’on travaille moins à une époque ou la productivité augmente. Retraite à 70 ans idem. Les paradis fiscaux, jamais entendu parler. La dette publique qui s’accroît, à d’autres, hors de question qu’on planche sur des solutions réalistes. On a qu’à supprimer les dépenses de l’Etat et le service public, on est pas de gauche pour rien hé. 

                  Centre-gauche donc. C’est pas tout à fait à gauche mais pas loin quand même. Ah non, vraiment ?


                • Voltaire Voltaire 14 novembre 2008 13:00

                  Je ne sais pas si vous vous rendez-compte de l’image que vous donnez de votre parti...
                  On peut comprendre le désaroi des militants ! Même s’il y a toujours des luttes internes dans un parti politique, l’ambition aidant, c’est ici tellement carricatural que cela en devient nauséeux.


                • Marianne Marianne 14 novembre 2008 15:07

                  C’est ahurissant de voir combien les cadors du PS dépensent d’énergie à s’écharper plutôt qu’à faire face à la crise financière et économique, proposer une alternative au capitalisme !
                  On voit bien que c’est une bataille d’ego entre personnes. Qu’est-ce qui les différencie sur le fond ? L’alliance ou non avec Bayrou ? C’est du n’importe quoi, un prétexte. Ils feraient mieux de bien définir l’idéologie, la doctrine, de ce qu’il qualifie encore de "socialisme", voir s’il n’est pas temps d’en changer et sur quoi, voire rebaptiser "socialisme" en autre chose ... Mais Bayrou a déjà pris les termes de démocrate et humaniste, alors ils sont embêtés ...
                  C’est bizarre cette allergie à Bayrou de la part de certains dirigeants socialistes, alors que sur les valeurs ils prônent la même chose. Mais sur le programme, il existe en effet des divergences, notamment sur le rôle de l’Etat, la contension du déficit, ...

                  Si maintenant on compare les personnes signataires des motions, regardez leur photo et devinez celle qui est la plus sympa pour des militants qui votent avec le coeur ou "àla tronche" ?
                  http://actualite.aol.fr/congres-ps-de-reims-affrontement-en/article/20081114002136731376454
                  Après on s’étonne que Ségolène cartonne à la base quand on fait voter les militants ...
                  Ségolène bénéficie à la fois d’un capital sympathie, d’une relation affective avec les militants/adhérents, mais aussi de la haine et de la jalousie des autres à son égard, qui ne fait que renforcer la sympathie !

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