UIMM, mais où sont les autres syndicats ?
L’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) tangue en ce moment dangereusement... Mme Parisot s’efforce de montrer une poigne de fer face à ces magnats industriels représentés par de grands patrons que l’on qualifie aujourd’hui de « véreux »... Cependant, je ne vais pas m’intéresser ici à l’affaire en elle-même qui est considérablement médiatisée. Mais plutôt à un silence étonnant, voire inquiétant, celui des autres syndicats et notamment des syndicats de salariés...
On ne compte plus les réactions politiques contre cette affaire qui ébranle le monde du syndicalisme (M.Fillon, les représentants des partis...).
Pourtant, les grandes organisations syndicales sont drôlement muettes : FO, CGT, CFDT, CGC, CFTC...
L’affaire Gautier-Sauvagnac ne doit pas être limitée à une simple querelle de fonds détournés au sein de l’UIMM ou au sein du Medef, pourtant on restreint aujourd’hui l’oeil médiatique sur cet aspect.
Les réactions de François Chérèque et de Bernard Van Craeynest sont très timorées alors qu’on cherche encore les "milliers" d’attaques assassines de Bernard Thibault ou de Jean-Claude Mailly... On ne pensait pas que la baisse de conflictualité en France était à ce point...
Y aurait-il un intérêt à ne pas l’ouvrir dans ce moment flou ? Y a-t-il un intérêt à ne pas rajouter de l’huile sur le jeu ?
On s’interroge réellement lorsqu’on lit l’article du Nouvel Obs avec Renaut Dutreil qui explique des liens implicites entre FO et l’UIMM.
Parce qu’il est bien là le problème. On limite médiatiquement l’affaire aux syndicats de patrons qui seraient pourris jusqu’à la moelle, mais c’est bien le système syndical, qui, si l’on enquête jusqu’au bout, va être totalement déstabilisé.
Ces affaires de fonds en liquide redistribués pendant les conflits ont sûrement (pour éviter une diffamation) arrosés des représentants locaux, voire nationaux...
C’est un silence bien complaisant. La peur de se voir balancer dans les médias l’emporte sur la nécessité de faire enfin table rase du système.
Parce que le financement des conflits, les valises pleines de billets ne peuvent être l’oeuvre que de petites initiatives personnelles. Si un syndicaliste, quel qu’il soit est capable de sortir une valisette noire de 20 000 euros et qu’il l’a fait tout seul, c’est encore plus grave...
Je n’ai pas retrouvé l’article du Canard enchaîné de l’année dernière qui reprenait l’interview d’un délégué syndical dans une usine et qui disait que lorsque les négociations étaient au point mort, on se regardait et on appelait à la valise...
Le problème est évidemment bien plus complexe que de simples valises, ce sont des problèmes de représentativité des syndicats, de leur existence même. Chacun aujourd’hui défend sa part de gras. On le voit notamment dans la discussion autour de l’acceptation des accords. Les syndicats SUD sont par exemple les enfants pauvres du syndicalisme...
Je serai contredit si jamais on entend un Bernard Thibault monter à la tribune et fustiger fortement les agissements, si une enquête s’ouvrait et que des témoignages étaient recueillis.
Cependant, aujourd’hui, ce silence montre un visage inquiétant de notre représentation syndicale, notamment patronale. Il faudra un nettoyage profond du système, mais, ça, c’est une réforme que n’oserait même pas notre cher président...
Si les élites syndicales sont mouillées dans ce scandale, il pourrait arriver une rupture certaine avec la base militante qui se sentira floué. Comment vont-ils expliquer que des accords ont en réalité été signés parce que les négociateurs se sont fait arroser ?
Comment pourrait expliquer un syndicat de salariés qu’il est en réalité financé en très grande partie par les "dessous-de-tables" venant des syndicats de patrons ?
Il serait peut-être temps de retourner à des vrais défenseurs des intérêts des salariés et à de vrais représentants des entreprises, plus responsables.
Mais ça, est-ce une utopie ?
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