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UMP - PS, La défaite, le « sauve qui peut » et la recomposition

Ce n’est pas seulement dans le monde de la finance que l’on gagne en pariant sur une contreperformance. En politique, les défaites sont rarement synonymes d’extinction. Bien entendu, il y a toujours des perdants au sens absolu, mais pour le reste, les forces se recomposent et la relève s’organise, généralement autour des personnalités du parti perdant ayant été les moins impliquées dans les choix politiques à l’origine de la défaite. C’est en tout cas ce qui se perçoit actuellement à l’UMP où la perspective de la défaite hante jusqu’au colleur d’affiches.

En effet, chaque jour qui passe nous rapproche des dates fatidiques du 22 avril et du 6 mai au lendemain desquelles larmes et désillusions seront au rendez-vous. Selon la quasi-totalité des sondages, le « candidat sortant » est plus que jamais sur la voie de la sortie. Les propos comme ceux du Premier ministre François Fillon qui dit compter sur une « majorité silencieuse », résonnent comme l’aveu que la campagne du candidat UMP est plutôt mal engagée et qu’il faudrait tout bêtement s’en remettre au miracle pour espérer sauver le bail élyséen de Nicolas Sarkozy. Surtout lorsqu’on observe la vague des ralliements qui se déploie derrière François Hollande. Des ralliements qui s’expliquent par le phénomène du « sauve qui peut » qui se produit chaque fois que le navire prend l’eau et qu’il devient urgent pour chacun de sauver ce qui peut encore l’être.

Ainsi de nombreux « amis » du Président n’iront pas avec lui en « enfer ». Comme un vieux lion qui, après avoir fait la pluie et le beau temps, agonise dans la savane, Nicolas Sarkozy doit s’attendre à recevoir quelques coups de sabot aussi bien de la part de ses adversaires politiques (normal) que même de ses anciens « proches ». En effet, il n’y a pas d’amitié en politique ; il n’y a que des carrières politiques à mener. Lorsque Sarkozy était le tremplin idéal pour donner un coup de pouce à la carrière de l’un ou de l’autre, il fallait se coucher, lui cirer les pompes. Maintenant que sa déchéance se profile, on quitte le navire et on laisse le capitaine sombrer seul dans son tas de ferrailles. C’est son problème. D’où les ralliements, assez tardif (curieux) de nombreux dirigeants de droite à François Hollande. Les personnalités de l’ouverture (Martin Hirsch, Jacques Attali, Fadela Amara…) ne sont pas en reste. Madame Amara se souvient tout d’un coup de ses « vingt-trois ans passés au PS » et promet ouvertement de voter François Hollande. D’autres négocieraient en coulisse un maintien au poste par-ci, une nomination par-là. Naturellement, ils lâchent sans état d’âme leur Président du « tout devient possible ».

S’il est tout à fait osé d’annoncer la dislocation de l’UMP, on peut au moins prédire que le parti majoritaire peut difficilement rester en l’état. Déjà sa structure ne la destine pas à la traversée d’une zone de forte turbulence. En effet, à la différence du Parti socialiste, l’UMP est un assemblage des partis de droite mis en place pour conquérir et conserver le pouvoir. Paradoxalement, depuis 2002, cette ambition n’est dans l’ensemble pas assurée. Elections après élections, l’UMP perd systématiquement à l’exception de la Présidentielle et des législatives de 2007. Une succession de défaites qui lui a valu la perte de la majorité au sénat en septembre 2011. Le rêve d’une machine à gagner « tous terrains » s’est volatilisé. Ce qui affecte la cohésion interne. Ainsi, de nombreux partis de la mouvance UMP (Parti radical/Jean-Louis Borloo, Nouveau Centre/Hervé Morin) entreprennent depuis plusieurs mois de prendre leurs distances.

Au niveau des instances internes de l’UMP, un nouveau rapport des forces va s’imposer. Les « sarkozystes », responsables de la défaite, tiendront difficilement le haut du pavé pour longtemps. Au bout d’un seul mandat, ils ont fait perdre à la droite le Palais de l’Elysée conquis en 1995 et conservé magnifiquement par Jacques Chirac grâce à une pratique présidentielle juste sobre qu’il aurait suffi de recopier. A la place, les sarkozystes ont pourri le climat social avec d’interminables polémiques stigmatisantes, hystérisé le débat politique et dégradé la fonction présidentielle comme jamais depuis l’avènement de la Vème République. Difficile de savoir autour de qui l’UMP devra se reconstruire d’autant plus qu’il faudra par ailleurs régler la délicate question de l’alliance (ou pas) avec le Front National. Un Front National qui ne sera pas mécontent d’une éventuelle décomposition de l’UMP, synonyme de « miettes » qu’il suffira d’engranger. Mais il en restera toujours quelque chose.

C’est alors qu’un certain Dominique de Villepin entrera en scène. On a appris que l’homme du « discours de l’ONU sur l’irak » avait recueilli plus de 500 parrainages mais avait renoncé à présenter sa candidature. Sans doute pour s’épargner l’accusation d’avoir contribué à la défaite de l’UMP à la présidentielle en privant Nicolas Sarkozy de quelques points précieux. Il a toujours répété qu’il appartient à une famille politique, l’UMP. Il est pourtant resté « introuvable » durant toute cette campagne. Il n’aura ni soutenu ni « enfoncé » Nicolas Sarkozy. Juste observer tranquillement l’homme qui promettait de le pendre à un croc de boucher finir dans la déchéance et les huées d’une France majoritairement « anti-sarkozyste ». Il ne pouvait rêver meilleur scénario pour se venger de l’humiliation judiciaire que lui a fait subir le hargneux Président dans l’affaire Clearstream.

Pendant ce temps, à gauche, même si la victoire se dessine, on ne peut pas parler de boulevard royal pour François Hollande et le Parti Socialiste. Jean-Luc Mélenchon, qui a juré qu’il ne participerait qu’au seul gouvernement qu’il aurait la charge de diriger lui-même, reste à l’affût. Tous les scenarios lui sont favorables. La défaite de François Hollande, qui reste improbable, entraînerait une telle pagaille au PS que la gauche n’aura pas d’autre perspective que de se recomposer autour d’un autre pôle de référence que seul le Front de gauche semble à ce jour valablement incarner.

Dans l’hypothèse de la victoire de François Hollande, dont on sait qu’il ne prendra pas Jean-Luc Mélenchon à Matignon, ce dernier sera toujours servi par la crise. Le premier gouvernement de François Hollande, on le sait, sera littéralement secoué par les ravages de la crise. Comme en Espagne et en Italie, des millions de Français ont rendez-vous avec la rue pour protester contre la politique de rigueur en perspective, même si François Hollande a promis de lui « donner un sens ». Jean-Luc Mélenchon n’aura qu’à tendre les bras. La question d’un remaniement ministériel pour donner un second souffle au quinquennat de François Hollande s’imposera de soi. Le leader du Front de gauche aura le choix entre intégrer un gouvernement de gauche et se fondre dans la masse ou maintenir ses distances vis-à-vis de la « gauche molle » et miser sur 2017. Il a promis que son courant sera au pouvoir dans moins de dix ans.

En tout cas, au lendemain des élections législatives, il y a toutes les raisons de parier que deux hommes, Jean-Luc Mélenchon à gauche et Dominique de Villepin à droite vont inévitablement entrer en scène et rythmer le débat politique français.

  Boniface MUSAVULI


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4 réactions à cet article    


  • tinga 20 avril 2012 11:19

    Au moins, sur la Syrie, hollande soutiendra une intervention militaire, on respire, la continuité sera assurée. hollande veut pour le peuple syrien la démocratie (à l’uranium appauvri), comme en Libye.


    • xray 20 avril 2012 17:20


      Dans les dix candidats qui se présentent,  il y en a deux pour lesquels il ne faut surtout pas voter.  
      Naturellement, les électeurs vont suivre les médias et vont se précipiter pour élire un des ces deux candidats.  

      « Voter utile », c’est voter pour un candidat qui propose des solutions pour échapper au désastre européen qui vient après les élections. 

      Se sortir de l’Europe ! Et, vite ! 
      http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/archive/2010/06/30/se-sortir-de-l-europe-et-vite.html 

      Les tueries de Montauban-Toulouse 
      (Une tricherie électorale à l’américaine) 
      http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/archive/2012/04/10/mohamed-merah-une-tricherie-electorale-a-l-americaine.html 




      • Thucydide Thucydide 20 avril 2012 17:24

        a priori d’accord avec cette analyse, concernant Mélenchon.
        Le Front de Gauche va incontestablement être servi par la crise, dans les semaines qui suivront le 6 mai, et il est probable que les législatives de juin illustreront cette réalité.

        On peut légitimement imaginer que la majorité absolue à l’Assemblée ne sera pas obtenue par le PS et pis encore, que ce même PS, crise et attaques financières aidant, sera vite déchiré par des guerres de courants aussi incompatibles que ceux de Montebourg, Valls, Royal etc.

        Par contre si j’étais Villepiniste, je serais nettement moins certain de l’avenir de mon leader, qui n’aura jamais réussi à générer quelque écho populaire que ce soit.
        Et ce ne sont ni Wall Street, ni la City, ni Francfort qui vont l’aider.


        • Croa Croa 20 avril 2012 22:54

          UMPS aujourd’hui, demain qui sait ? Le PS fera sa figuration 5 ans et l’UMP se trouvera un autre nom mais tout ça n’a que peu d’importance.

          Les banques et autres lobbies gagneront comme toujours. L’UMPS ne sont que des pantins, des jouets dont ils changent au gré des circonstances, d’ailleurs l’oligarchie qui avait misé sur DSK depuis belle lurette a dû se rabattre sur Hollande et ces cons de sujets français se croient en démocratie !

          Ceux qui nous dirigent vraiment vont encore gagner, comme d’habitude ! smiley

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