Un ministre de Sarkozy à la tête de la BPI : le changement ? Quel changement ?
Créer une banque publique d’investissement pour soutenir les entreprises, plutôt que de les laisser entre les mains avides des marchés financiers, voilà sans aucun doute une idée séduisante. La notion même de banque publique est A gauche pour de vrai ! une évidence afin d’opérer cette transition désormais urgente d’un capitalisme totalement prédateur vers une économie au service des peuples.
Aussi, nous attendions avec impatience la création de cette banque publique d’investissement. On se réjouissait même à l’idée de pouvoir témoigner de notre satisfaction à l’égard du gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui, une fois n’est pas coutume, allait prendre une décision vraiment de gauche. Et puis, patatras…
Nous ne reviendrons pas ici sur le montage technique de cette banque, qui n’est rien d’autre que la fusion de plusieurs organismes bancaires qui existaient jusque là : la banque Oséo, les Fonds stratégique d’investissement en faveur des PME, une filiale de la Caisse des dépôts consacrée aux PME et le réseau Ubifrance. Les mauvaises langues diront que la montagne n’aura finalement accouché que d’une petite souris. Et pour dire vrai, ils n’auront tout à fait tord. Car cette fusion disposera d’à peine 30 milliards de fonds pour accompagner les PME. Surtout, aucune, absolument aucune concertation n’a été engagée pour en définir les contours et les prérogatives, contrairement à l’engagement de François Hollande de présider la France sous le principe de la concertation.
Mais ce qui nous laisse carrément sans voix réside dans le choix de la personne qui présidera aux destinées de cette BPI : Jean Pierre Jouyet. On imagine déjà certains lecteurs, qui, à ce stade de leur lecture, meurent d’envie de nous accuser de vouloir faire à l’égard de Monsieur Jouyet un procès d’intention. Alors qu’ils lisent la suite :
en 2007, Jean-Pierre Jouyet milite en faveur d’une fusion entre le PS et l’UDF de François Bayrou à travers la création d’un lobbie, les Gracques. Il faut bien dire que son passé de président de la banque Barclays en 2005, ou encore sa nomination au poste d’ambassadeur chargé des questions économiques internationales en 2004 par Nicolas Sarkozy, ministre en ce temps là de l’économie, avaient bien préparé Monsieur Jouyet aux thèses libérales les plus orthodoxes.
Plus rien, mais alors plus rien ne s’oppose alors à ce que Monsieur Jouyet fasse carrière aux côtés de Nicolas Sarkozy président de la république et de François Fillon, premier ministre. Ainsi se voit-il nommé le 18 mai 2007 secrétaire d’état aux affaires européennes sous les gouvernements Fillon I et II. Sa tâche consiste alors à faire rentrer la France sous l’administration du traité de Lisbonne.
Lorsqu’en 2008, il achève sa mission, Monsieur Jouyet, très dans les petits papiers de Nicolas le méchant libéral qu’il fallait absolument battre en 2012 pour qu’enfin le changement ce soit maintenant, est choisi par le seigneur Sarkozy pour diriger l’autorité des marchés financiers. Excusez du peu !
Alors, on lui fait toujours un procès d’intention à Monsieur Jouyet ? Va-t-il réellement gérer la BPI comme une banque publique au service de tous ? Ne va-t-il pas en faire ni plus ni moins qu’une banque de crédit d’affaire qui respectera tous les critères de concurrence libre et non faussée dictés par Bruxelles et le TSCG ?
Allez, soyons bon joueur et attendons de voir. Il n’empêche que la mesure économique phare de gauche des socialistes pour faire la guerre à cette finance qui agresse nos PME vient d’être placée sous la direction d’un ministre de Sarkozy.
Sydne93
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