Un rassemblement à la Syriza est-il possible en France ?
Syriza est-il un exemple pour les partis de la Gauche française ? Après onze ans de balbutiements, c'est seulement en 2015 que Syriza a émergé, suite à sa victoire aux législatives grecques. Un succès acquis en grande partie grâce à son ouverture et au dépassement de certains clivages persistants au sein des partis traditionnelles. Un rassemblement français, à son image, est-il possible en France ? Éléments de réponse.
Depuis janvier jusqu'à début juillet, l'Union Européenne tremblait. Au point de craindre le sort funeste de l'Atlantide. Pendant quelques mois, la prise de pouvoir de Syriza en Grèce a effrayé le monde de la finance et les élites européennes. Effectivement, Syriza, parti antisystème et eurosceptique, prônait originellement une sortie de crise bien différente de l'accord trouvé le 13 juillet 2015 entre les créanciers, L'UE et la Grèce1.
La reddition politique du premier ministre et du leader de Syriza, Alexis Tsipras, n'enlève toutefois rien au succès électoral de ce mouvement, lors des élections législatives de 2015. Considéré injustement comme d'extrême gauche2, par une partie de la Droite et du Parti Socialiste en France, Syriza a réussi l'accession au pouvoir en s'unissant avec des souverainistes de l'autre rive (AN. EL). Une sorte d'union des deux bords entre la gauche antilibérale non trotskyste (représentée en France par le Front de Gauche, le MRC, République Moderne, et l'aile gauche frondeuse du Parti Socialiste) et les souverainistes de Droite anti extrême (représentés sur notre échiquier par Debout La France). D'abord, évitons tout malentendu, les différences existent entre les deux bords en Grèce (sur l'immigration, la place de l'Église orthodoxe dans la société, etc.). Néanmoins, l'alliance a pu se concrétiser sur une idée trans-partisane de relance de l'économie par la dépense, l'arrêt des politiques d'austérité et l'euroscepticisme.
En France, le plus fidèle et médiatique soutien de Syriza est certainement Jean-Luc Mélenchon. Comme Syriza pendant près de dix ans, le Front de Gauche n'a pour l'instant jamais réussi à éclore politiquement pour influencer la gauche gouvernementale française. Malgré cela, une différence nette s'affirme entre Alexis Tsipras et Jean-Luc Mélenchon : ce dernier refuse toute alliance avec les eurosceptiques de droite.
En réalité, la personnalité politique, qui pourrait davantage ressembler avec ce qui a été créé par le parti Syriza, en janvier, est Jean-Pierre Chevènement. L'ancien ministre, avait été le premier leader politique de gauche à proposer publiquement à son ex-parti, le MRC (dont il est le fondateur), cette union globale avec une partie de la Droite républicaine. Un appel du pied pas du tout apprécié par les instances de son parti, qui souhaitait rester dans le giron du Parti Socialiste. Qu'à cela ne tienne, Jean-Pierre Chevènement décide, en juin, de quitter son mouvement et d'en recréer un autre sous l'étiquette "République Moderne". Se sentant "plus libre"3 , le "Che", comme le surnomment ses amis politiques, relance l'idée.4 Une nouvelle main tendue qui trouve écho auprès de Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France). Le député-maire de Yerres ne tarit d'ailleurs pas d'éloges sur celui qu'il appelle intimement "Jean-Pierre"5. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, s'il accepte probablement de discuter avec Jean-Pierre Chevènement6, refuse, pour l'instant, toujours une éventuelle union avec l'autre rive, trop "nationaliste" à ses yeux. Restent également, les frondeurs du PS, et les dissidents de la ligne social-libérale dont font partie Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti. Ces derniers sont actuellement toujours dans la logique d'influence du Parti Socialiste...
Actuellement, la formation d'un Syriza à la française semble, ainsi, compromise puisque la gauche antilibérale reste divisée. L'union sur l'euroscepticisme est effectivement dépassée par les divergences sur les questions plus techniques (institutions, écologie, type de choix d'Europe, etc.).
D'ailleurs le Front de Gauche est lui-même, de l'intérieur, en discorde (entre le Parti de Gauche et le Parti Communiste). En revanche, les chevènementistes et N. Dupont-Aignan ont déjà préparé le terrain d'une éventuelle alliance trans-partisane. Prêts à accueillir le reste des troupes pour peser électoralement. Les prémices d'une jonction gauche/droite ?
2. Syriza n'a jamais souhaité de Grexit. Les leaders se considérant même pro-européens. Aussi, seul environ un tiers des militants/sympathisants de Syriza continuerait de prôner la lutte des classes et l'idée de révolution.
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