Un remaniement de surface comme un déni de démocratie
Après le mini-remaniement du 29 juin 2009 suite aux élections européennes, le « remaniement technique » qui devrait avoir lieu cette semaine s’annonce incrémental.
Alors que dix-neuf ministres étaient en lice pour les élections régionales dimanche passé, le bruit court qu’un seul quitterait le gouvernement lors du prochain remaniement, Xavier Darcos. Selon Le Monde, le gouvernement demeurerait inchangé à l’exception du remplacement de Xavier Darcos par Eric Woerth dont le chiraquien François Baroin reprendrait la fonction de ministre du Budget. Georges Tron, fidèle parmi les fidèles de Dominique de Villepin, ferait son entrée au gouvernement alors que Martin Hirsch devrait endosser le rôle de la victime de l’ouverture. La majorité excédée par la politique d’ouverture présidentielle vers la gauche devra se satisfaire de l’éviction du haut commissaire aux solidarités actives – alors qu’elle souhaitait la tête d’Eric Besson – et de l’entrée de deux « non-sarkozystes » au gouvernement.
Il est indéniable que le profond rejet de la politique gouvernementale exprimé lors des régionales ne pouvait être pallié par un simple remaniement puisque c’est un changement de politique qui est manifestement attendu. Toutefois, ce micro-remaniement qualifié de « technique » (allez savoir ce que cela peut signifier...) est une nouvelle fois l’expression d’un déni de démocratie de l’Elysée. Il aurait été plus honnête de ne procéder à aucun remaniement plutôt que de faire semblant d’entendre les Français en évinçant un seul ministre.
Il est certain qu’avec 28 points d’écart avec son rival socialiste et seulement 28% des voix, Xavier Darcos a subi l’un des plus sévères revers électoraux d’hier. Le ministre de l’éducation n’est cependant pas le seul membre du gouvernement et tête de liste tombé dimanche. Valérie Létard, secrétaire d’Etat aux technologies vertes, réalise un piteux score avec seulement un vote sur quatre en sa faveur (25,91%) dans le Nord-Pas-de-Calais. Tous les autres ministres ont d’ailleurs été défaits avec des scores plus ou moins lourds mais jamais au-delà des 43,3% obtenus par Valérie Pécresse : Alain Marleix (40,3%), Dominique Bussereau (39,9%), Alain Joyandet (38,4%), Hervé Novelli (36,5%) Bruno Le Maire (30,7%).
De tous les ministres défaits, on ne pourrait être que scandalisé si Marie-Luce Penchard restait au gouvernement. Seconde sur la liste UMP en Guadeloupe, qui ne recueille que 14% des suffrages, elle devrait quoi qu’il en soit quitter le gouvernement pour les propos scandaleux tenus lors de cette campagne. “Nous en sommes à une enveloppe de plus de 500 millions d’euros aujourd’hui pour l’outre-mer, et ça me ferait mal de voir cette manne financière quitter la Guadeloupe au bénéfice de la Guyane, au bénéfice de la Réunion, au bénéfice de la Martinique” avait déclaré la secrétaire d’Etat à l’outre-mer. Ce clientélisme manifeste, elle n’a pas été la seule à l’employer pendant cette campagne, mais l’avoir fait d’une manière aussi ouverte est incompatible avec son maintien au pouvoir.
Dans ce remaniement, nous pouvons tout de même noter une bonne nouvelle. Contrairement à l’information qui circulait ces derniers temps, le judoka David Douillet ne rentrerait pas au gouvernement en lieu et place de Rama Yade. Toutefois, rien n’est encore joué, il ne s’agit que de conditionnel, selon l’Express, Patrick Devedjian, l’inutile ministre de la Relance pourrait quitter le gouvernement tout comme Roselyne Bachelot qui a pourtant renoncé à se présenter aux régionales pour ne pas avoir à quitter ses fonctions !
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