Une autre campagne
Le point d'inflexion !
Les deux derniers sondages marquent un tournant fondamental dans la campagne pour l'élection du futur président de la république, un point d'inflexion.
Les médias relèvent que Mélenchon le plébéien a atteint 14% d'intentions de vote, passant devant marine Le Pen et François Bayrou, tout en continuant à noter que depuis que Mélenchon progresse dans les intentions de vote, François Hollande n'en régresse pas pour autant. De là ils concluent que le Front de Gauche fait revenir des électeurs qui s'étaient perdus dans l'abstention. De là ils concluent que ce qui est bon pour le Front de Gauche est bon pour toute la gauche, sous-entendu bon pour François Hollande qui sera le candidat de la gauche au second tour. Et c'est là qu'ils se trompent car nous n'en étions jusqu'à présent qu'à la première séquence de la stratégie du Front de Gauche.
En effet, en menant un combat front contre front, le Front de gauche a visé deux objectifs complémentaires. Le premier a consisté à se positionner fermement sur les valeurs de notre république, telles qu'elles sont résumées par notre triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité ». Comme dirait les alpinistes, Mélenchon a pitonné. Il a arrimé le Front de Gauche à la République dans tous les esprits et nul aujourd'hui ne peut dissocier ses propositions politiques de nos valeurs républicaines. En cela, ce positionnement s'est inscrit dans une dimension philosophique et stratégique de la campagne du Front de Gauche, et il s'est adossé à une déconstruction méthodique et précise du programme du Front National.
Mais il y avait également un objectif de tactique politique dans cette séquence ; d'une pierre, deux coups en quelques sortes. Car en attaquant systématiquement les propositions de Marine Le Pen, en révélant leurs véritables portées, leurs sens profonds, Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche ont réussi à semer le doute dans l'électorat populaire du Front National et à faire baisser de façon significative les intentions de vote pour sa candidate. Jusqu'au point où nous sommes à l'heure actuelle.
Et maintenant peut s'enclencher la deuxième séquence de la stratégie du Front de Gauche. Tout en continuant à démasquer le Front National - car c'est acte de salubrité intellectuelle et morale -, tout en continuant à ramener vers les urnes des citoyennes et citoyens qui s'en étaient écartés, il peut commencer à s'attaquer franchement à l'électorat de gauche en général, et particulièrement à cette frange qui était tétanisée par la possible répétition d'un 21 avril 2002 et qui s'était auto-condamnée au « vote utile »
En doublant Marine Le Pen dans les intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon a fait tomber cet argument, que dis-je ? L'ARGUMENT du candidat François Hollande : le vote utile, ou plutôt le vote « efficace » comme on dit dans la novlangue solférinienne.
Débarrassé de l'épée de Damoclès nommée Le Pen, les sympathisants de gauche vont avoir le choix entre deux propositions politiques et il est à parier que la ligne de faille reproduise le clivage entre le OUI et le NON au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen de 2005 au sein de cet électorat.
A partir de maintenant, lorsque la courbe des intentions de vote de Jean-Luc Mélenchon continuera de monter, il y a fort à parier que celle de François Hollande se mette à descendre, peut-être pas de façon symétrique pour les raisons citées avant. Aujourd'hui, libéré de la peur d'un nouveau 21 avril, les électeurs de gauche peuvent se poser les seules questions qui comptent : quelle politique de gauche voulons-nous pour quel type de société ?
C'est le début de la saison des nuits blanches pour François...
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