Une candidature écologiste aux Présidentielles de 2017 pour quelle utilité ?

« La civilisation, au vrai sens du terme, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les limiter volontairement. C'est le seul moyen pour connaître le vrai bonheur et nous rendre plus disponible aux autres ... Il faut un minimum de bien-être et de confort ; mais, passé cette limite, ce qui devait nous aider devient une source de gêne. Vouloir créer un nombre illimité de besoins pour avoir ensuite à les satisfaire n'est que poursuivre du vent. Ce faux idéal n'est qu'un traquenard. ». GANDHI.
La Ve République échappe aux typologies classiques des différents régimes démocratiques Européens. Conçue à l’origine comme un régime parlementaire dans lequel les pouvoirs de l’exécutif sont renforcés, elle est devenue un régime de type semi-présidentialiste depuis le référendum de 1962 qui a instauré l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Le rôle prépondérant du Président de la République s’est d’ailleurs accru avec le quinquennat.
Avec l’élection au suffrage universel direct, le Président de la République a un rôle prédominant et dispose d’un pouvoir puissant. Avec le quinquennat qui précède l’élection de chaque législature et sauf cohabitation très improbable dans ces conditions, avec une assemblée « godillot », même si cela n’apparaît pas évident, il est à la fois chef de l’Etat et chef de l’exécutif, c’est un avatar de la démocratie Française qui fait de la France l’un des pays les moins démocratiques d’Europe.
Le mode de scrutin uninominal à deux tours favorise une majorité parlementaire stable, mais aussi le Bipartisme. Avec l’élection du Président de la République au suffrage universel direct à deux tours et l’obligation de deux candidats seulement au second tour qui précède l’élection de la nouvelle législature renforce par ailleurs le Bipartisme. Aujourd’hui, Il fige surtout la vie politique Française autour de cette élection, pour laquelle, les partis politiques (essentiellement les deux ou trois principaux partis) sont réduits à une fonction permanente « d’écurie Présidentielle ».
Face à cette situation, on peut légitimement se poser la question de l’utilité de représentants de partis ou sensibilités politiques minoritaires, tel que les écologistes, mais pas seulement. Certes les voix obtenues au premier tour par les « petits candidats » seront convoitées par les deux rescapés présents au second tour et peuvent faire la différence entre les deux candidats. Il est évident, par exemple, que les voix écologistes du premier tour seront convoités et iront, du moins en partie à celui qui promet de tenir compte de leurs analyses et de leurs propositions… En 2012, elles se sont reportées, souvent par défaut, sur François HOLLANDE, dont à ce jour on ne peut pas vraiment dire que l’écologie à imprégné sa politique. Il est vrai que les promesses n’engagent que ceux qui les croient et cela augure mal pour des reports de voix écologistes en 2017…
Chez les écologistes, Pendant que HULOT joue sa candidature à l'arlésienne, WAECHTER, pressé par ses ami(e)s annonce la sienne
WAECHTER le retour
Il est incontestable que WAECHTER fut à la fin des années 80 et au début des années 90 le leader des Verts qui avait contribué à faire de l'écologie une force politique incontournable. Refusant de s’inféoder à l’un ou l’autre des deux grands partis, pour les Verts, à cette époque, le slogan c’est : « l’écologie n’est pas à marier » c’était la ligne politique du ni droite, ni Gauche, (le fameux Ni, Ni). Après la scission avec les Verts en 1994, du à la prise en main du parti par Dominique VOYNET et son alliance avec le PS, WAECHTER et les écologistes qui refusaient l’ancrage au PS ont disparu progressivement des écrans médiatiques. Mais voila, Compte tenu de ce qu'il se passe à Droite chez Les Républicains et au sein de la majorité de Gauche, par dépit, une partie de l’électorat ne voudra voter ni pour les uns, ni pour les autres et ne voudra pas davantage voter pour la candidate du FN, il ne pourra que se replier dans l’abstention ou se tourner vers un candidat qui exprime avec sincérité ses convictions par rapport à la complexité et à la gravité de la situation écologique, économique, sociétale ou de politique internationale et non pas préoccupé par sa carrière politique. A l’instar d’une partie de la population, c’est ce que pense Antoine WAECHTER, ainsi que les écologistes du MEI.
Depuis 1974 avec René DUMONT il y a toujours eu une candidature écologiste ou se réclamant de l’écologie, pourquoi n’en serait-il pas de même en 2017
« Il est absolument inenvisageable qu'il n'y ait pas de candidat écologiste à la présidentielle », a expliqué WAECHTER, 67 ans, qui avait récolté 3,78% des suffrages en 1988, lors de l’annonce de sa candidature, tout en précisant : « Il y a un candidat qui aurait, on va dire, facilité les choses pour tout le monde, c'est Nicolas Hulot ». Mais ce dernier a récemment dit qu'il n'était pas, à ce stade, candidat. Et s'il finit par se déclarer, M. Hulot « s'exprimera assez tardivement, déjà trop tard pour réunir les parrainages », redoute Antoine WAECHTER. D’autant qu’une proposition de loi en cours de discussion à l’assemblée nationale va compliquer la situation pour les « petits candidats » avec des nouvelles règles pour l'obtention des 500 parrainages. Cette loi fait d’ailleurs plusieurs propositions qui devraient changer sensiblement cette élection majeure, et surtout en limiter l'accès aux petits candidats…
On peut toutefois penser que si Nicolas HULOT décidait finalement à déclarer sa candidature, il pourrait, outre son soutien, recueillir, du moins en partie, les propositions de parrainage faites à Antoine WAECHTER et ainsi ne pas dépendre exclusivement des Verts… Mais à l’évidence Nicolas HULOT, bien qu’il fût sollicité de part et d’autres, semble avoir d’autres centres d’intérêt que ceux de participer à une tribune des élections Présidentielles, dont il sait qu’il ne pourrait faire l’impasse sur les problématiques économiques, de défense, de politique internationale, voire institutionnelles qui divisent et dès lors vont altérer son image consensuelle de militant écologiste environnementaliste...
Plutôt que WAECHTER pourquoi pas la candidature d’un(e) autre écologiste ou celle issue directement d’EELV, ( DUFLOT, RIVASI, MAMERE ou autre) ?
EELV étant totalement décrédibilisé par son ancrage politicien à Gauche, voire à gauche de la Gauche, ainsi que par l’actuelle participation au Gouvernement des PLACE, COSSE et POMPILI, lesquels, bien que n’étant plus membre d’EELV, leur opportunisme rejaillit quand même très défavorablement sur EELV, dont ils sont issus. Une nuance toutefois avec Michelle RIVASI, dont l’engagement écologiste est certain, mais une candidature de cette organisation, en particulier celle de Cécile DUFLOT ou de Noël MAMERE, ne saurait représenter ou rassembler la sensibilité écologiste. Ce serait probablement pire qu’en 2012 avec Eva JOLY qui a dérouté l’électorat écologiste par son ignorance des problématiques écologiques.
L’intégrité, le rejet de l’opportunisme et la priorité accordée aux causes de la gravité de la situation écologique doivent prévaloir
Par son engagement, il fut l'un des membres Cofondateur de l'écologie politique en France et sa constante implication pour défendre l'indépendance de l'écologie, Antoine WAECHTER est aujourd’hui l’un très rare candidat intègre et crédible pour porter le message écologiste et son urgente prise en compte.au regard des exigences, environnementales, démographiques, sociétales, ainsi par rapport aux problématiques de sécurité, de défense ou celles des relations internationales ... Contrairement à des « Verts » dont l'opportunisme n'est pas à démontrer, comme Nicolas HULOT l’a fait récemment, il a fait preuve de son Intégrité en 1992 en refusant un important Ministère. Pour un écologiste accepter une fonction Gouvernementale (ou dans n'importe quel exécutif) ce n'est pas tant de savoir avec qui on y va, en fixant toutefois un seuil, mais pourquoi, c'est à dire ce que l'on va y faire et surtout comment on va pouvoir le faire...
Dès lors que l'on sait que l’on ne parviendra pas à agir efficacement pour relever les défis du 21° siècle que suppose la gravité de la situation écologique, à quoi servirait-il de participer à un gouvernement, il s'agit là d'une simple question d'éthique et d'intégrité écologique…
Pourquoi une candidature réellement écologiste est-elle nécessaire ?
2015 et 2016 auront été marquées par des massacres aveugles dans nos capitales européennes. Des familles resteront meurtries tandis que, toutes et tous, nous portons le deuil. Mais l'émotion et la colère, aussi légitimes soient-elles, ne doivent pas nous faire tomber dans les travers d'un manichéisme dangereux. Notre modèle de société est vendu comme une référence, une norme, un objectif à atteindre pour le reste de la planète. Gourmand en énergies fossiles, en ressources et gros générateur de gaz à effet de serre, le système fondé sur la croissance démographique et économique qui en découle, alors que celle ci est désormais impossible, est partout une illusion mortifère, tant il ne peut survivre sans écraser l'autre pour se maintenir… L’émotion liée aux attentats ne doit pas nous faire perdre de vue les travers de notre société et l'échec du paradigme de la Croissance.
Je ne vais pas entrer dans des détails programmatiques qui feront l’objet des débats et discussions pendant la campagne électorale, car pour les écologistes les priorités sont aujourd’hui multiples et supposent une profonde remise en cause des politiques environnementales, démographiques, économiques, culturelles, voire cultuelles mais aussi de sécurité, de défense et de politique internationale. Une candidature écologiste implique de se servir de la tribune des Présidentielles pour informer nos concitoyens et leur suggérer des mesures préventives à une situation, où faute de les avoir prises, la décroissance qui s’imposera de gré ou de force risque fort d’être tout sauf « la joie de vivre »…
La problématique Démographique doit cesser d’être un sujet tabou
On peut également déplorer que la problématique d’une Démographie en croissance continue échappe totalement à toute préoccupation, y compris chez de nombreux « écologistes ». Elle est cependant la cause fondamentale d’un processus irréversible d’altération et destruction des éco - systèmes pouvant aboutir à la fin de toute vie sur terre, que l’on désigne communément « crise écologique », ainsi que les crises culturelles, sociales et économiques qui en découlent. La dénomination de crise écologique est d’ailleurs inadaptée, puisque par définition, comme le fait observer le philosophe et universitaire Dominique BOURG, une crise s’inscrit dans un espace temps qui est limité. Une crise est donc une situation provisoire, réversible, alors que la situation de dégradation écologique de la planète est irréversible. Notre consommation ne cesse d’augmenter et la planète est exsangue. Croire que l’on peut confier notre salut au progrès technologique et à l’économie relève de l’illusion.
En quarante ans, la population de la France a augmenté de 16 millions d’habitants, celle de la planète à presque doublé (de 3,7 milliards à plus de 7 milliards)
En 1970, la France comptait 50 millions d’habitants, contre plus de 66 millions aujourd’hui qu’il faut nourrir (la population de la planète ayant pratiquement doublé). Entre 1970 et 2010 la superficie agricole a baissé de 20 %, soit 7 millions d'hectares, souvent parmi les meilleures terres qui ont disparu sous le béton, l’asphalte des routes et des 5 000 km2 de parkings. Avec tous les projets autoroutiers, aéroportuaires et tant d’autres même de moindre importance, la situation va s’aggraver considérablement…
La croissance démographique de la population Française, avec pour conséquence l’étalement urbain et péri urbain, s’accompagne actuellement d’une perte accélérée, jamais atteinte, des terres arables de 26 m2 par seconde, soit 224 hectares par jour et plus de 80 000 hectares par an. Les villes continuent de s'étaler plus rapidement que leur population ne s'accroît. Si en quelques décennies, la France, comme l’ensemble des autres pays Européens, change de visage et s’urbanise à outrance, ce n’est pas pour le meilleur des mondes…Il est urgent d’agir pour que la notion de MENAGEMENT prime enfin sur la notion d’aménagement du territoire, ce qui suppose, grâce à l’informatique et internet de repenser le rapport au travail avec, notamment, la réduction des mobilités domicile-travail qui doit être une priorité.
Pour conclure
La tentation d'un gouvernement autoritaire, voire liberticide, est forte. Certains sont déjà prêts à sacrifier la démocratie pour essayer de préserver le mode de vie des sociétés occidentales. La réponse est tout autre. Elle consiste à refonder profondément nos institutions pour affronter le plus démocratiquement possible les défis de la crise et construire ensemble une nouvelle société.
Il est évident que même si la France devenait, toute seule dans le monde, un îlot de vertu écologique et bien qu’il soit nécessaire, cela ne changerait pas fondamentalement l’état de la planète, mais encore faut-il qu’elle fasse les efforts nécessaires pour contribuer à une prise de conscience planétaire. Tel est aussi le rôle essentiel des écologistes en s’exprimant à la tribune des élections Présidentielles.
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