Une droite en panne d’éthique
Autoproclamé et désormais indéboulonnable. Le sourire carnassier de Jean-François Copé est révélateur d'un homme qui depuis sa place de secrétaire général à soigneusement préparé sa prise du pouvoir et la transformation du 238 rue de Vaugirard en fort Chabrol. Les "démissions" de permanents de l'UMP responsables de secteurs stratégiques laissent perplexe et expliquent en partie les accusations de mafia de François Fillon.
L'UMP, c'est un peu vol au dessus d’un nid de Cocoe avec un ancien Premier ministre au regard sombre, complétement dépassé par les événements et en face, un goupil qui s'est saisi d'un fromage qu'il ne veut plus lâcher. Culotté Copé qui après s'être autoproclamé président dans un mélange de style oscillant entre un général putschiste sud-américain et un Napoléon se coiffant lui-même de la couronne impériale, décline désormais la doctrine du "j'y suis, j'y reste".
Tout autant qu'un clivage idéologique entre droite et ultra-droite, l'impasse actuelle est le résultat d'une UMP en panne d'éthique, incapable de faire désormais la différence entre le blanc et le noir, le gris foncé et le gris clair.
Bourrages d'urnes à l'ancienne dans le sud contre manipulations informatiques et juridiques de l'autre, tout n'est qu'une question de méthode. Il n'est pas surprenant de voir Copé, l'ami personnel de Takkiedine, accompagné entre autre de Patrick Balkany. Qui se ressemble s'assemble. Un Balkany qui dans son style n'a pas hésité à déclarer hier soir sur iTélé, concernant l'intention de François Fillon de porter plainte : "Il se tire une balle dans le pied.Pour par dire qu'il se tire une balle dans la tête." Mais Fillon justement, avait-il besoin de s'acoquiner avec "les pizzaiolos", ces députés UMP du sud-est aux noms aux consonances italiennes, forts en gueule sur les questions de sécurité, et un brin sulfureux ?
Cinq années de Sarkozysme, d'affairisme, de clientélisme ont passé à la machine à laver une UMP qui sort essoré de tout repère éthique, de tout code d'honneur.
Le Nouvel Observateur révèle que le directeur des services informatiques de l'UMP, Christophe Laroche a discrètement démissionné la semaine dernière de ses fonctions mais qu'il était en congés maladie la semaine précédant le scrutin. "Comme s'il n'avait pas souhaité être à son poste -hautement stratégique- pendant l'élection. Comme s'il avait prévu des dysfonctionnements majeurs qu'il n'aurait pas voulu couvrir" indique la journaliste.
Et Carole Barjon d'avancer que cet ancien militaire, homme de principes, aurait eu un différend avec le responsable administratif de l'UMP à propos d'un envoi massif de SMS qu'on lui avait demandé de faire pour mobiliser les militants pour une réunion publique de Jean-François Copé mais aussi pour l'utilisation par le camp Copé des fichiers de militants.
Trouble toujours si on relie ce départ comme le fait Le Nouvel Obs, à celui de David Biroste, "directeur des affaires juridiques, autre poste stratégique, sèchement licencié trois semaines avant le scrutin".
Comme par hasard, la ligne Maginot de Copé en termes de défense, c'est le juridique, notamment le respect des statuts. Une stratégie qui a permis d'écarter sans ménagement Alain Juppé. "Le seule moyen c'est de respecter les règles. Quand on a été Premier ministre, on respecte les règles. Ces règles, c'est de laisser fonctionner les commissions de contrôle et la commission des recours" déclarait ainsi hier soir sur iTélé, avec beaucoup d'élégance, Luc Châtel, soutien de Jean-françois Copé.
Les déçus de l'UMP trouveront-ils dans l'UDI de Borloo une bouffée d'air salvatrice ? Pas sûr. Les prochaines municipales et l'appétit de Bernard Tapie pour Marseille révélés par Médiapart risquent de mettre au grand jour les liaisons anciennes et peu ragoûtantes du sulfureux homme d'affaire avec Borloo son avocat d'affaires des années fastes.
Et Mediapart de rappeler que "Jean-Louis Borloo partage depuis longtemps tous les secrets de Bernard Tapie et l’a aidé, dans le passé, aussi souvent qu’il l’a pu. Dans le scandale de l’affaire de l’arbitrage concernant le dossier du Crédit lyonnais, cette proximité est même apparue au grand jour. Le rapport de la Cour des comptes a, voilà quelque temps, révélé que, devenant ministre des finances en 2007 – poste qu’il n’occupera que quelques jours –, Jean-Louis Borloo n’avait rien trouvé de plus pressé, dès son arrivée à Bercy, que de donner pour instruction à son directeur de cabinet, Stéphane Richard (aujourd’hui patron de France Télécom), de lancer un arbitrage en faveur de son ancien client… Bernard Tapie". Tapie qui au final empochera avec l'appui de Sarkozy 304 millions d'euros payés par le contribuable.
Ce mauvais fumet qui entoure la droite classique n'est en rien une bonne nouvelle même pour la gauche. Il poussera demain un peu plus un électorat fatigué par le délitement de la classe politique française dans les bras des populistes. Rarement le terreau politique n'aura été aussi fertile pour le FN qu'aujourd'hui. A droite, comme à gauche, la refondation n'est pas une option. C'est une obligation.
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