Une flèche de plus sur l’ambulance Fillon
Fillon était le sauveur de la droite, le parangon de vertu qui allait pouvoir s’opposer au raz-de-marée bleu marine et à l’avalanche En Marche.
Son intégrité le rendait séduisant, son sérieux le rendait crédible.
Dans le paysage politique, il faisait figure de moine bénédictin et d’ascète, de par sa rigueur affichée et de par la rigueur de son projet. Son manoir dans la Sarthe et son goût pour les belles voitures, déjà bien connus, n’y changeaient rien. Fillon était clean, propre comme un sou neuf malgré ses décennies de carrière politique.
Mais souvenons-nous qu’ « en matière judiciaire il vaut mieux avoir un passé qu'un avenir. »
Ah, quel coup de tonnerre ce fût lorsque le fossoyeur du bling-bling apparaissait coupable de la même débauche d’argent et de la même veulerie que ceux qu’il fustigeait jusqu’à présent. La presse en a fait ses choux-gras, mais pouvait-il en être autrement tellement c’était savoureux et terrible à la fois.
Comme dans un mauvais film sur les Borgia, l’ascète, le pur, le saint se rendait coupable d’orgie, de déviance et de stupre.
Dès lors son principal argument marketing, celui qu’il aurait pu faire valoir face à une Le Pen ou même un Macron en pleine puissance, devient caduc et sa candidature perd toute sa sève.
Pour des raisons que l’on ignore, d’orgueil ou de stratégie politique, il a trahi sa propre parole et s’est maintenu malgré sa mise en examen.
Quelle légitimité pouvons-nous accorder à un homme qui n’a même pas la décence d’attendre d’être élu pour briser ses engagements ?
Les circonstances furent ainsi : Juppé a été mis sur un piédestal bien trop tôt et n’a pas su maintenir vive la flamme autour de son projet. Trop droit dans ses bottes à ce qu’il paraît, et pas assez à droite justement.
Fillon n’a gagné le droit de représenter les Républicains que par esbroufe, et parce que le peuple est manipulable. C’est donc en seulement deux débats télévisés lors du premier tour des primaires, et à peine 30 minutes d’allocutions que Fillon est parvenu à mettre l’électorat Républicain dans sa poche. Les gens n’apprendront jamais, ils se laisseront toujours manipuler comme des veaux. Ce n’était pas pourtant pas faute de mettre en garde contre la brutalité de son programme, dans la veine d’une droite dure, qui annonce au peuple qu’il faudra se serrer la ceinture parce qu’après tout, notre État est en faillite n’est-ce-pas ?
L’on constate que pour sauver les banques, l’on peut faire apparaître des millions, voire des milliards (à ce stade est-il encore utile de compter ?), mais lorsqu’il s’agit du peuple, curieusement, de l’argent il n’y en a plus.
La principale défense de Fillon par rapport à cette affaire - outre de crier au complot - c’est d’affirmer que c’est légal et que tout le monde le fait. Mais légal n’est pas éthique, et suivre la meute dans ses forfaits n’est pas la plus grande démonstration de volonté et d’intégrité qui soit.
Dans le scénario, aujourd’hui peu probable, où nous nous retrouverions à devoir choisir entre lui et Le Pen, j’imagine que beaucoup de ceux qui auraient pu se déplacer pour voter en sa faveur resteront chez eux.
Quant à choisir entre lui et Macron, les jeux seront alors déjà faits tant En Marche court loin devant.
Pour ma part, si dans ce cas de figure je trouve l’énergie de me déplacer jusqu’aux urnes, ce sera pour dessiner un clown qui pète. Ça me semblera beaucoup plus légitime.
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