Une première nationale : Le Conseil d’Alsace
A titre expérimental, l’Alsace entre la première en lice.
De la Centralisation à la Décentralisation.
Puis, François Mitterrand fut élu en 1981 et, presqu’immédiatement, sous le gouvernement de Pierre Mauroy, Gaston Defferre, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation obtiendra le vote des lois éponymes promulguées dès mars 1982 puis largement complétées. Elles créent une nouvelle entité territoriale, la Région, dotée d’une certaine autonomie. Un couche de plus dans le mille-feuilles diront les détracteurs. Aujourd’hui, il s’agit, par la loi dite de réforme territoriale, de simplifier progressivement l’organisation.
L’Alsace à la pointe.
Une première étape historique y est franchie avec une adhésion confortable à plus de 80%, soit 101 voix pour, une contre et 19 abstentions, principalement celles des élus FN et du PS. Mais pas d’ouverture des hostilités car un Groupe Projet , regroupant des élus nationaux et locaux de la Région, doit se mettre au travail.
En tout cas, il s’agit bien d’une première dans le pays, même si elle se décline comme « expérimentale ». Certains trouvent dans le travail du ministre alsacien Philippe Richert, l’aiguillon qui a décidé les élus. On se rappellera que cet UMP atypique tant il est resté UDF, a travaillé ardemment sur cette question comme sénateur, ce qui lui a sans doute valu son ministère ou du moins cette affectation là, dans le gouvernement.
Mais à l’heure où certains s’amusent avec une grave légèreté à fustiger l’Allemagne, ce sentiment n’est sûrement pas très répandu en Alsace. Pas par une germanophilie particulière mais tout simplement parce que les Alsaciens observent leurs voisins qu’ils soient allemands ou suisses et connaissent les atouts du fédéralisme et le dynamisme qu’il induit dans les Länder ou les Cantons. Mimétisme alors ? Peut-être.
Evidemment ce Conseil d’Alsace ne fait pas l’unanimité dans le microcosme politique bien que dans tous les partis, on puisse trouver des ardents défenseurs, des rétifs hésitants et des opposants. Un député PS de Strasbourg, Armand Jung ne cache pas son « malaise » craignant que « cette mécanique ne provoque dans deux ou trois ans autant de désillusions qu’elle aura suscité d’espoirs dans la population » et plus catégorique encore, il prévient « Si la gauche vient au pouvoir en mai juin , elle abrogera la loi sur le conseiller territorial ». Ah bon ? Pauvre « Gastounet » !
Il est vrai que de nombreuses questions restent en suspens. Celle qui suscite déjà une controverse qui ne fera que s’envenimer est celle du siège. Des Haut-rhinois le réclament pour Colmar, Strasbourg voulant s’en tenir au statu quo ante. On parle de polycentrisme comme pour l’Union Européenne. Nul doute que ce virus atteindra d’autres régions de France. Toutes seront d’ailleurs également préoccupées par le mode d’élection, prévu en principe par un scrutin uninominal à un tour tinté d’une dose de proportionnelle par listes. Le pourcentage reste à définir et l’enjeu est de taille.
En outre, la volonté de l’Alsace de compter, ne s’arrête d’ailleurs pas à la dimension nationale, en raison de sa situation géographique et de son histoire spécifiques.
C’est pourquoi une entité RMT (Région Métropolitaine Trinationale du Rhin Supérieur), encore balbutiante, travaille très concrètement à la coopération avec les voisins dans les domaines les plus divers. Désormais cette RMT tend à collaborer aussi avec la grande région voisine Sarlorlux (Sarre-Lorraine-Luxembourg) ce qui y ajoute une nouvelle nationalité. Retour à un concept de région naturelle moins étriquée, de taille européenne ? Cette année, il n’y a pas que Sébastien Loeb ou la belle Delphine Wespiser ni même le énième prix Nobel alsacien (de médecine cette année) Jules Hoffmann, il y aussi des initiatives audacieuses plus collectives.
Antoine Spohr. (article publié également sur Médiapart)
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