Une vraie révolution pour 1 € ça vous tente ?
Ça ne vas pas fort, c'est le moins que l'on puisse dire. Pour ne citer que quelques chiffres représentatifs, le taux général du chômage dépasse les 10% de la population, celui des jeunes dépasse les 23% et atteint même 40% dans les quartiers défavorisés. On allonge l'âge de la retraite mais le taux d’emploi des 60-64 ans est de 17,9 % en France ... chercher l'erreur ! En 2009 le taux de pauvreté a atteint 13,5% de la population française, soit un ménage sur sept. Près d'un Français sur trois renoncerait aux soins médicaux, faute de moyen. Et le Monde traverse la pire crise économique depuis celle de 1929.
Pour autant, cette situation n'a pas empêché les actionnaires du CAC 40 de se gaver, ni les dirigeants des principales banques de s'octroyer de sympathiques rémunérations ; banques qui par ailleurs feront bientôt à nouveau appel au bon cœur des citoyens français pour ne pas déposer le bilan. Situation qui n'a pas non plus découragé le gouvernement d'abaisser l'ISF, tout un symbole, et comme le souligne Investir « La version 2012 de l’ISF sera moins confiscatoire mais autant prévoir des parades efficaces » ... et oui, il ne manquerait plus que payer l'impôt devienne obligatoire ! Et que dire des scandales politico-financiers qui s'enchainent depuis 2007 : Bettencourt, Tapie / Lagarde, Takieddine, etc. Ou de l'impuissance manifeste de la classe politique face à la finance (pour ne par parler de connivence).
Pas étonnant que, dans un tel contexte, deux Français sur trois jugent les dirigeants politiques « plutôt corrompus ». Que la popularité du FN fasse des bonds. Et encore moins de voir des milliers de personnes indignés manifester dans les rues pour un changement de système.
Dans cet océan de précarité, d'exaspération, de frustration, de manque de perspectives, la tentation révolutionnaire fait son chemin : faire sauter les privilèges, faire payer ceux qui ont profité du système au détriment de la majorité, établir une société plus juste, plus équitable, plus « durable », etc. Et nombreux sont les citoyens à se demander « mais pourquoi ça n'a pas encore pété ? »
Cependant, les révolutions ont deux inconvénients particulièrement gênants : leur issue est bien incertaine (ça peut très mal finir) et c'est extrêmement difficile d’éviter les dérapages (de tout bord) ainsi que les dommages collatéraux. Deux défauts qui limitent sensiblement les vocations ... notamment parmi ceux qui ont encore quelque chose à perdre.
La résignation est ce notre unique horizon ?
Non, et ça tombe bien. Depuis des mois, le Monde entier salut le courage des citoyens qui se sont levés pour exiger la démocratie au sein du Monde arabe. Mais pourquoi tant d'espoir pour ces pays sur la voie de la démocratie ... et autant de résignation en France ou (en principe) la démocratie est une réalité ? Pourquoi dans toutes les démocraties occidentales une telle méfiance et un tel niveau de désillusion envers le pouvoir politique ? Pourquoi ça ne marche pas ?
Quitte à paraitre « populiste » je vois dans cette profonde crise trois raisons principales.
Premièrement, au Monde il y a bien deux classes en conflit : les extrêmement riches et les autres, l’écrasante majorité.
Puis deux constats. Pour réussir en politique, pour être élu (quelque soit le poste) et avoir les moyens d'agir, il est indispensable :
1) d'avoir les moyens de financer une campagne politique
2) d’être présent et mis en valeur sur les médias
La classe dominante a bien compris cela et depuis fort longtemps d’ailleurs. Et c'est par ces deux moyens (argent et médias) que depuis de longues années elle « sélectionne » la classe politique : porte les uns au pouvoir, marginalise et envoi aux oubliettes de l'histoire les autres. Voila pourquoi l'ensemble des pays « démocratiques » fait face aux mêmes problèmes : une classe politique médiocre, impopulaire, de plus en plus souvent compromise et « impuissante » face au marché.
Une fois le problème identifié, comment sortir de cette crise, et si possible à court terme ?
Une opportunité à saisir
Aujourd’hui, en pleine tourmente financière et à l'aube d'un probable effondrement du système économique tel que nous le connaissons, le peuple français dispose d'une opportunité (plus unique que rare) de changer son destin. Et accessoirement influencer le destin des pays voisins ...
- L’essor d'internet, comme source d'information alternative, et des réseaux sociaux, comme moyen de diffusion de masse, sont deux outils extrêmement puissant dont les générations qui nous ont précédé ne disposaient pas.
- La précarité de masse et le cynisme de la classe dominante dans ce contexte on réveillé la capacité de s'indigner des citoyens, et leur esprit critique
- La France dispose d'un certain nombre de leaders politiques intègres et capables de porter cette aspiration de changement
- Et surtout ... la primaire socialiste donne pour la première fois aux citoyens l’opportunité de choisir le projet de société qu'ils souhaitent.
Je ne dit pas cela à la légère, par militantisme (je ne suis pas militant PS). Mais ce dont les citoyens doivent se rendre compte c'est que pour une fois le futur candidat de la gauche ne sera pas choisi uniquement par les militant PS (qui avec tout mon respect, sont plus ou moins contrôlés par « l'appareil »). Mais bien par l'ensemble des citoyens qu'ils le souhaitent.
Et surtout, les citoyens français doivent percevoir la diversité de projets qui leur est offerte : Gauche néolibérale avec Valls, Social-démocratie classique avec Hollande ou Aubry, une proposition originale, inclassable mais que je considère intéressante de Segolaine Royale, un changement radicale de système avec Montebourg (démondialisation et VI république).
Ce n'est pas rien. Au-delà des simplifications souvent méprisantes des médias ("Tous pareils donc votez le candidat favori des sondages"), c'est un vrais choix !
Une vraie révolution démocratique
Les français ont donc une vraie opportunité de choix en termes de projet de société, probablement une situation unique en Europe.
Qui choisir ? Je pourrais écrire un livre avec les arguments en faveur de mon candidat préféré (bon un petit livre ... soyons modeste ;-) Mais je pense que rien que de citer une phrase échangés pendant cette campagne justifie à elle seule mon choix :
Manuel Valls : « C'est une nouvelle illustration de l'opposition entre la gauche tribunicienne, qui fait croire qu'on peut changer, et une autre qui dit la vérité, sans promettre du sang et des larmes »
Il a résumé en une phrase l'enjeu (de taille) : il y a d'un cote les candidats (comme Valls) qui disent clairement « on n'y peut rien, il y a pas d'alternative, il faut faire avec et malheureusement ce sont toujours les mêmes qui vont se gaver et les même qui vont payer les pots cassés ». De l'autre, deux (Montebourge et Segolaine) qui soutiennent le contraire : le changement est possible, il suffit d'avoir le courage de le porter.
Naturellement, vu le matraquage médiatique (intéressé) dans le sens du TINA (There Is No Alternative), une large parti de la population a perdu espoir et confiance vis a vis de l'action politique. Mais ce qui c'est passe en Islande prouve bien que malgré la toute puissance de la finance, malgré les menaces de l'Europe libérale, « tout est possible » quand le courage politique se manifeste : le monde de la finance avait décidé de faire payer au peuple islandais les excès et les déboires des banques privées islandaises (par une dette publique astronomique). Sous la pression des marchés et des pays européens (Angleterre et Hollande en tête) le parlement islandais avait accepté de payer. Mais un homme, le président, ne s'est pas plié et a demandé la consultation du peuple par referendum. Cela a été un choc pour la finance, pour les chancelleries européennes ... un peuple consulté ! Un minuscule pays qui tient tête ! Et bien les islandais n'ont pas payé et se portent bien mieux depuis !
Tout est possible ! Mais il faut avoir les bonnes idées et le courage de les porter. Ma préférence va à Montebourg. Et notamment pour trois raisons.
Premièrement parce que l'origine de la crise est la mondialisation : la libre circulation des flux financiers et des marchandises.
Dans un de ces derniers livres, Joseph Stiglitz fait remarquer que la productivité des pays développés augmente chaque année (de mémoire) de 2% : parce qu’on automatise de plus en plus, grâce à l’informatique, par l’amélioration des processus industriels, etc. Donc, soit les pays développés sont capable de créer chaque année 2% de nouveaux emplois (pour compenser les gains de productivité) ... soit ils génèrent mécaniquement 2% de chômeurs supplémentaire par an. Somme nous capable de générer 2% de nouveaux emplois par an (avec par ailleurs de plus en plus de métiers qui disparaissent à cause de l'automatisation ou de la dés-industrialisation de l'Europe) ? Clairement non. Donc, ceux qui disent qu'il faut travailler plus sont clairement à coté de la plaque. Il faut travailler moins et moins long temps. Et ça tombe bien, c'est justement la tendance de l’humanité depuis la nuit de temps à nos jours : il suffit de comparer nos conditions de travail avec celle des ouvriers du début du XX siècle.
Alors pourquoi ne pas simplement travailler moins et résoudre ainsi le chômage tout en augmentant la qualité de vie ? Parce que, comme aiment nous le rappeler les néolibéraux, les travailleurs Français sont en concurrence avec les travailleurs du Monde entier. Il faut donc se retrousser les manches et y aller ! Mais quand un ouvrier chinois coute 30 fois moins qu'un ouvrier français ... on les remonte jusqu’où les manches ? Ah mais ce n'est que le cas des ouvriers ... bien sur. Cote ingénieur le rapport n'est « que » de 4 fois. Donc si on travail 4 fois plus ... 700 jours par an et 24h/24 ... c'est jouable !
Le libéraux plus perspicaces, les plus fins, arrivent jusqu’à l'argument « on va gagner en pariant sur les métiers de l'intelligence », en sous-entendant donc que les autres, les chinois, les indiens, seraient moins intelligents. Car eux ne parieraient jamais sur l’école et sur économie de l'intelligence. Malheureusement les faits leur donnent (encore une fois) tord : non seulement ces pays produisent des ingénieurs et des chercheurs à la pelle (et de bonne qualité), dont les meilleurs finissent leur cursus universitaire au sein des meilleures universités du Monde. Mais en plus, dans tous les domaines les pays émergents (et la Chine en particulier) sont en train de nous dépasser.
Donc, long discours (et j'en suis désolé) pour souligner que le vrais problème (que la plupart des français ont d'ailleurs bien compris) est la Mondialisation. Et Montebourg est le seul candidat à souligner cette évidence et à vouloir y remédier. Il y arrivera t'il ? Moi je suis confiant, mais il faut avouer que la tache est rude. Cela dit, je préfère un homme qui a le courage d'affronter les problèmes à ceux qui baisse les bras avant même d'avoir essayé.
Puis il y à la question des moyens pour couvrir les promesses. Une large partie du programme commun des candidats socialistes est « redistributif », et consiste en gros à privilégier l'intérêt général (école, emploi, santé, etc.) par le redéploiement de ressources aujourd'hui gaspillées en niches fiscales. Mais qu'arrivera à ces marges de manœuvre des lors que les marchés vont s'attaquer à la France pour la « punir » d'avoir virée à gauche ? Une petite dégradation de la notation de la dette française, et l'augmentation correspondante des taux d'intérêts effacera d'un revers de main toute les marges de manœuvre prévues ... et au-revoir les promesses ! C'est pourquoi, très justement, Montebourg énonce clairement que son mandat vas démarrer par la mise au pas des banques et de la finance. Il y arrivera t'il ? A nouveau, ce ne sera pas facile, mais au moins il faut lui reconnaitre le courage de souligner le problème et l'intention de lui faire face. Les autres candidats (à l'exception de Ségolaine il faut l'avouer) préfèrent éluder le sujet.
Enfin, pour le projet de VI République. Montebourg apporte, avec la VI République, un nouveau souffle à la démocratie, notamment par les referendum d'initiative populaire. Rien que cette partie de son projet est une révolution qui vas profondément changer le rapport entre les citoyen, la politique et le pouvoir.
Alors, une vraie révolution pour 1 € ça vous tente ?
Dimanche prochain, en tant qu'italien, je n’aurais pas le droit de voter (tant mieux pour les sympathisants d'Hollande ;-) Et sincèrement j'envie les citoyen français.
C'est pourquoi j'invite tous les citoyens qui ont cette chance, à la saisir, à s'exprimer : vous avez envie de changer le Monde, de mettre au pas la finance, de reconstruire une société plus juste et durable ? Pas besoin de prendre les armes.
Le 9 et 16 octobre, armez-vous juste d'un euros et allez voter !
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