#Valls ne veut pas d’amnistie, il lui préfère l’#ANI !
Valls veut tuer la loi qui amnistie des salariés en lutte pour sauver leur outil de travail. Car de cette loi il n’en veut surtout pas, conformément à la feuille de route fixée par son président. Ensemble, ils préfèrent allègrement se ranger aux côtés d’un Medef qui rédige désormais les textes de lois qui régissent le travail, sa durée, sa rémunération et ses conditions d’exercices. La méthode utilisée pour empêcher cette loi d’amnistie des syndicalistes victimes du sarkozysme, la première du genre depuis 11 ans et qui protège enfin un peu le salariat, est vieille comme le monde. Tout d’abord on inverse les rôles. Les gentils doivent être, coûte que coûte, ceux qui licencient, délocalisent, spéculent. Les méchants doivent, coûte que coûte, être les sous payés, les précarisés, les licenciés. Comme la tâche est rude, aussi rude que la douleur infligée par la taille de la pilule qu’il s’agît de faire avaler, on utilise alors la seconde méthode bien connue des briseurs de grèves, ici, en l’espèce, des briseurs d’une loi hautement légitime. On organise la provocation, au point de la rendre insoutenable pour ces hommes et ces femmes au bord du gouffre du chômage en période de crise extrême. L’espoir “vallsien” à peine dissimulé derrière cette double manœuvre est évident : obtenir des images chocs, des images sensationnelles qui passeront en boucle sur les chaînes d’informations continues et qui achèveront la machination de décrédibilisation des salariés, de légitimation du lobbying patronal sur le gouvernement. Des images qui, d’elles mêmes, plaideront contre une loi simple qui protège simplement des gens simples.

Depuis plusieurs semaines, le refrain de l’ouvrier voyou a remplacé la réalité du patron voyou. L’écriture de ce refrain de la désormais célèbre chanson du label “made in Medef” et qui s’intitule “la sucette à l’ANI de Laurence”, a commencé avec l’élection de Nicolas Sarkozy en mai 2007 et s’est achevée le 11 janvier 2013. Plus de 5 années pour faire accepter une mélodie, pourtant tombée en désuétude en même temps que le 19e siècle. Cette mélodie évoque comment le patronat est le seul à être responsable dans le pays, comment la CGT et FO sont des groupuscules irresponsables et passéistes. Pourtant, personne n’est véritablement dupe. Promouvoir l’allongement de la durée du travail, la baisse des salaires, la fin du CDI, le retour aux contrats saisonniers et la précarisation extrême, c’est opérer un voyage dans le temps. Un voyage organisé par le Medef, également tour opérator à ses heures perdues, spécialisé dans le 19e siècle patronal, et particulièrement apprécié des entreprises touristes du CAC 40 bien plus que résidentes permanentes. Pourtant, personne n’est véritablement dupe. Promouvoir la réduction de temps de travail grâce au gain de productivité, l’amélioration des conditions de vie et de rémunération, la prise en compte des risques psychosociaux, c’est cela être tourné vers la société responsable du 21e siècle. Aussi, l’aide du ministre de l’intérieur est requise et obtenue. Il n’a sans doute pas été difficile de le convaincre de prendre sa part dans la promotion du nouveau tube 2013, la fameuse “sucette à l’ANI de Laurence”, tellement le personnage a toujours eu un faible pour les paroles et musiques réactionnaires. Il a donc composé sa propre chanson à lui, chanson fortement inspirée de la nouvelle vague brune, tendance qui a connu son plus gros succès dans les années 30 et 40. Ainsi évoque-t-il dans sa propre chanson ces ouvriers rouges, gauchistes donc dangereux qui veulent casser l’outil de travail pour, un jour, casser la société. Mais la supercherie ne peut pas encore prendre à ce stade. Alors il ne reste plus qu’à passer des paroles aux actes.
Face à quelques centaines de salariés en grève, on dépêche plusieurs centaines de gardes mobiles particulièrement chauds bouillants. Le premier résultat immédiat est l’impact de l’image. S’il faut autant d’hommes en armes face à ces ouvriers et ouvrières rouges de colère, c’est bien la preuve que se sont de dangereux activistes rouges. Sauf que ces salariés en grève sont juste là pour défendre leurs emplois, donc leurs salaires, donc la possibilité de payer leurs loyers, d’acheter à manger pour eux et leurs enfants, pouvoir les vêtir. Bref, ils font grève pour protéger leur outil de travail, pour qu’il ne se délocalise pas ou ne soit pas vendu à un prédateur. Bref, ils font grève parce qu’ils défendent leur droit de vivre, simplement, modestement, rien que leur droit de vivre. Si bien qu’il est absolument nécessaire d’avoir de la bagarre et pourquoi pas des blessés. Alors on empêche des délégués du CE de venir à la rencontre de leurs camarades grévistes. Alors on les gaze. Alors on insulte les salariés qui revendiquent. Alors la bagarre espérée éclate. Puis, on fait état du bilan en énumérant le nombre de blessés. On insiste sur le nombre de militaires meurtris supérieur au nombre de grévistes frappés, matraqués, tabassés. Enfin on peut l’affirmer, la société brûle, la société est en danger. Pour enfin le redire et le répéter, encore, et encore, sans arrêt, sans s’arrêter : justice sera faite, les casseurs seront condamnés. Les amnistier ? Jamais !
Que se serait-il passé si le ministre de l’intérieur avait encore pour nom Nicolas Sarkozy ? Ce dernier clamerait, sans l’ombre d’un doute, que l’ANI Made In Medef est un bon accord et qu’il faut le voter en l’état, sans modification. Il dirait encore qu’une loi d’amnistie en faveur des salariés est inopportune et dangereuse pour l’ordre. Il dirait, sans hésiter, qu’il ne laisserait pas des ouvriers voyous casser la propriété de quelques patrons avides. Il assumerait les gaz, les matraques, les insultes utilisés par les forces de l’ordre contre de futurs abonnés à Pôle Emploi. Il serait alors salué par toutes les organisations policières, il serait alors désigné par le salariat comme l’adversaire des classes populaires. Les militants et citoyens progressistes organiseraient des manifestations pour dénoncer cette dérive d’extrême droitisation du pays. Des militants socialistes salueraient le cortège de manifestants quelque part du côté du cirque d’hivers. A leur tête, il y aurait Désir, Hamon, Assouline, Bartolone et quelques autres. Mais le ministre de l’intérieur porte le nom de Valls. Alors au train où vont les choses, au rythme avec lequel ILS réhabilitent le quinquennat sarkozyste, peut-être vivrons nous ce jour où, en 2017, Valls sera toujours ministre de l’intérieur. Mais cette fois-ci, il sera à sa bonne place, à sa juste place, aux côtés de Nicolas. Mais avant d’en arriver là, il s’agira, cette fois là, de faire le bon choix.
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