Vœux 2023 d’Emmanuel Macron : l’impératif d’unité de la Nation
« Dans les responsabilités qui sont les miennes, je ne perds jamais de vue cet impératif d’unité de la Nation que nous formons tous ensemble. Si nous cédions à l’esprit de division qui nous presse de toute part, nous n’aurions à peu près aucune chance de nous en sortir, dans un monde si rude, dans des temps si durs. Alors je nous souhaite donc de vivre 2023, autant que possible, en pays uni et solidaire, reconnaissants la place de chacun et respectueux de tous. » (Emmanuel Macron, le 31 décembre 2022).
Au cours de son allocution télévisée de ce samedi 31 décembre 2022 à 20 heures, Emmanuel Macron s'est livré à l'exercice traditionnel des Présidents de la République, celui d'adresser ses vœux à tous les Français, à la Nation. Il l'a fait sans goûter sa joie d'avoir été réélu par le peuple français en le rappelant à deux reprises, d'abord au début : « Pour la sixième fois, j’ai le privilège de partager avec vous ce moment des vœux. » et ensuite, en évoquant l'année électorale passée : « 2022 fut aussi, pour nous tous, une année démocratique intense au cours de laquelle vous avez renouvelé notre Assemblée Nationale et où vous avez, lors de l’élection présidentielle de ce printemps, décidé de me confier un nouveau mandat de cinq ans à la tête de notre Nation, ce qui m’honore et m’oblige. ».
Au risque de la lourdeur, Emmanuel Macron a eu raison de rappeler cette évidence : malgré tout ce que les oppositions populistes affirment matin midi et soir de mauvaise foi, il a été réélu, dans la plus grande pureté démocratique du vote (vote libre, sincère et secret, comme dans une démocratie mature qui assume son rôle), et même très bien réélu (près de 59% des suffrages). Tous ces mauvais joueurs crachent sur notre démocratie alors que nous voyons chaque jour qu'elle est extrêmement fragile et jamais acquise. Leurs candidats respectifs étaient moins performants qu'Emmanuel Macron et, comme des adeptes sectaires, ils ont peine à l'admettre et préfère penser que le peuple est mouton, stupide voire idiot, ce qui est une notion assez vaseuse de l'amour du peuple français !
Les yeux probablement trop fixés vers le prompteur, Emmanuel Macron a émis la relativité de cet exercice des vœux : « Les cérémonies de vœux ont ceci de singulier : elles obligent à parler d’un futur qu’en vérité, on ne connaît pas, dont nous savons pourtant avec certitude que nous devrons l’affronter, avec nos forces et nos faiblesses, mais en pays uni. ». Il est bien placé pour savoir, lui qui a subi un nombre incalculable de crises majeures imprévisibles (gilets jaunes en 2018, pandémie de covid-19 depuis 2020, inflation à partir de 2021, invasion russe de l'Ukraine et crise énergétique en 2022, à cela ajouter les bouleversements climatiques avec des années de plus en plus "chaudes"). D'une certaine manière, les meilleurs vœux qu'on puisse nous souhaiter pour 2023, c'est qu'il n'y ait pas une nouvelle crise majeure qui se surajoute aux précédentes.
La leçon de 2022, pour Emmanuel Macron, c'est que la guerre est hélas de retour, cruelle et angoissante, au cœur de l'Europe : « Qui aurait imaginé (…) que, pensant sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire, nous aurions à affronter en quelques semaines, d’inimaginables défis : la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie, des dizaines, peut-être des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, une effroyable crise énergétique, une crise alimentaire menaçante, l’invocation des pires menaces, y compris nucléaires ? Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? ».
Président des crises imprévisibles, Emmanuel Macron a toujours su garder la combativité et l'optimisme, louant « notre capacité collective à relever ensemble ces défis ». Non seulement, il a toujours considéré que la France était capable de relever les défis, mais il a toujours voulu redonner aux Français la fierté d'être Français, en particulier cette année 2022 avec la récompense de deux lauréats du Prix Nobel (Alain Aspect et Annie Ernaux) et quelques émotions fortes notamment à l'occasion de la finale de la coupe du monde de football au Qatar : « Soyons fiers ! Il nous faut nous munir de cette fierté et de cette confiance pour aborder l’année qui vient. Car je crois que cette année 2023 est d’abord celle de questions que je sais inquiétantes, et de crises une fois encore à affronter. ».
Les crises actuelles ? Sur le risque de pénurie d'électricité, au contraire du gouvernement depuis quelques mois, il s'est voulu rassurant, prêt à donner un satisfecit aux Français : « Si nous continuons à économiser l’énergie, comme nous le faisons depuis quelques mois, et comme je vous l’annonçais dès le 14 juillet dernier, et que nous continuons de remettre en service nos réacteurs nucléaires comme prévu, nous y arriverons. C’est entre nos mains. ». La hausse du prix de l'énergie : « Nous avons mis des réponses concrètes en place. Je le dis à chacun d’entre vous car alors que les prix de l’énergie ont atteint des niveaux historiques, la hausse restera plafonnée dans notre pays. ». Ce qui ne signifie pas toutefois qu'il n'y aura pas de hausse.
La pandémie de covid-19 aussi se poursuit, surtout par sa recrudescence en Chine : « Nous pourrons faire face. D’abord, grâce à l’usage raisonnable et adapté des gestes barrières contre le virus, que nous avons appris. Ensuite, grâce à la vaccination qui a montré son efficacité ; et j’incite ce soir tous nos compatriotes de plus de 70 ans en particulier à faire leur rappel ou à se faire vacciner, si ce n’est pas déjà fait. Enfin, en testant, en séquençant, en établissant les contrôles aux frontières. C’est ce que le gouvernement a décidé de faire dans nos aéroports, dès demain, pour les avions arrivant de Chine, où l’épidémie bat son plein et où nombre de restrictions ont été relâchées. ».
En revanche, il n'a pas exclu ses ambitions de continuer à réformer la France, quitte à créer lui-même d'autres crises, et en particulier, par sa réforme des retraites qu'il assume et qu'il projette toujours. Son leitmotiv est : « Il nous faut travailler davantage. ». C'est le cas pour les retraites comme pour l'assurance-chômage. La motivation : « assurer l’équilibre de notre système pour les années et décennies à venir ». Explication : « L’objectif est de consolider nos régimes de retraite par répartition, qui, sans cela, serait menacé, car nous continuons de financer à crédit. Pour se faire, l’allongement de nos carrières de travail sera progressif, il se fera par étapes sur près de dix ans. Il sera aussi juste, en tenant compte des carrières longues, des carrières hachées, de la difficulté de certaines tâches, de certains métiers. ».
Mais Emmanuel Macron ne veut pas seulement jouer au Père Fouettard, il veut aussi être le Père Noël : « C’est cela qui nous permettra d’équilibrer le financement de notre retraite, dans notre pays, et c’est une chance, où l’on vit plus longtemps, d’améliorer la retraite minimale pour toutes celles et ceux qui ont travaillé pour avoir leurs trimestres, et de transmettre à nos enfants un modèle social juste et solide, parce qu’il sera crédible et financé dans la durée. ». En particulier, la réforme devrait revaloriser le minimum retraite et aussi améliorer les conditions de travail après avoir liquidé sa retraite.
Parmi d'autres annonces, nombreuses, Emmanuel Macron a affirmé l'achèvement des travaux de la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris au cours de l'année 2023, tout en ayant un petite pensée pour les catholiques française : « En rendant chaque jour notre laïcité effective car elle est un principe de liberté. Et elle ne retire rien à la place de la religion dans le for intérieur de chacun, pour tous ceux qui croient, et je salue, en cet instant, la mémoire de sa Sainteté Benoît XVI, dont la disparition, je le sais, affecte beaucoup de catholiques en France et dans le monde. ».
Le message de ses vœux, et c'est probablement le véritable message qui doit rester, le Président l'a déclamé dès le milieu de l'allocution : « Comme vous, je m’impatiente, mais sans jamais céder à la facilité ou à la fatalité. Aussi, je nous souhaite pour 2023, par notre travail et notre engagement, d’œuvrer à refonder une France plus forte, plus juste, pour la transmettre à nos enfants. ».
Une France plus forte, c'est, par exemple, une France plus indépendante : « Ce n’est pas, et ne sera jamais, une course aux illusions perdues d’avance. Car cette indépendance française doit trouver dans notre Europe son relais, son complément. Quand tant de pays se rêvent des empires, quand tant d’entreprises s’imaginent des royaumes, nous avons un continent, pour former un espace de paix et de liberté, de prospérité, de solidarité, de droit et de puissance. Depuis 2017, nous menons ce combat pour que notre Europe rassemble ses forces. Pour qu’à 27, nous soyons plus forts. C’est pour cela que j’ai mené ce combat ces dernières années, que vous m’avez entendu alerter aussi les autres Européens afin de défendre nos industries et nos emplois, il y a quelques semaines après les décisions des autres continents, et c’est pour cela que je redoublerai d’efforts en ce début d’année. ».
Le second quinquennat d'Emmanuel Macron s'annonce très dense et il aura à négocier de nombreux virages nationaux. 2023 devrait être l'année de l'impossible réforme des retraites. Projet présenté au début de l'année et application dès la fin de l'année. Reste que si Emmanuel Macron n'est pas capable de convaincre les Français, et pas seulement les partenaires sociaux, le risque majeur d'une paralysie du pays est réel. Mais qui ne comprend pas que travailler plus dans un contexte économique où tout le monde travaille plus est une évidence mais aussi une nécessité ? Ce sont les conditions de cette nécessité qui devront faire l'objet d'un savant et délicat dosage de consensus dans une France prompte à s'enflammer au moindre changement.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (31 décembre 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Vœux 2023 d’Emmanuel Macron : l'impératif d'unité de la Nation.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2022 à Paris (texte intégral et vidéo).
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