Voter c’est traduire... mais trahir !
L'élection d'un homme, d'un représentant de la nation au poste le plus prestigieux est d'une complexité qui ne révèle pas son nom.
Alors qu'il est censé représenter notre image sociale, nos ambitions et nos attentes...il est le fruit d'une alchimie secrète et profonde qui jamais ne semble aboutir.
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Je laisse aux spécialistes les plus éclairés le soin d'expliquer et de parfaire ce mode d'expression.
Dans le temps, la démocratie directe nous parle d'un régime politique dans lequel les citoyens exercent directement le pouvoir.
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l’histoire qui donne des exemples de sociétés ou de groupes sociaux organisés en démocratie directe, tout particulièrement Athènes au VIe siècle avant J.-C. (la plupart des magistrats athéniens étaient tirés au sort, entre autre les héliastes, les nomothètes, la boulè) ;
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la philosophie : certains philosophes, dont Jean-Jacques Rousseau, n'envisagent de démocratie que directe, fondant leurs réflexions en particulier sur les droits naturels des êtres humains et le pacte social qui les lie ;
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la politique, tout particulièrement une critique de la démocratie représentative montrant que ce système qui caractérise les États démocratiques modernes apparus depuis le XVIIIe siècle présente de nombreux défauts et qu'en réalité le peuple souverain y est dépossédé de son pouvoir. La démocratie directe apparaît alors comme une alternative aux systèmes existants.
Tout ça, c'est l'éternel sophisme intellectuel qui construit une œuvre gigantesque sur des bases mal connues. Une manipulation faussée. Ce qui m'interroge est d'une autre nature.
Je veux parler du décalage entre notre réalité intérieure d'électeur et celles des résultats effectifs.
Pourquoi le système électoral français n'exprime-t-il pas les préférences des électeurs ?
L’élection présidentielle en France repose sur le principe du scrutin uninominal à deux tours . L'esprit ludique des français, la solennité du moment, l'émotion, voici l'alchimie complexe qui s'active dans un bouillonnement d'une intelligence intuitive qui accouchera d'une souris après avoir culminé dans les cimes éternelles de l'inspiration.
En clair, pour tenter de traduire les circonvolutions de notre âme et conscience, sciemment édulcoré, au premier tour, on choisit, au second, on élimine. En réalité, il est bien connu que, dès le premier tour, le vote « utile » est tentant : de nombreux citoyens ne votent pas pour leur candidat préféré, mais pour un possible gagnant au second tour.
C'est tragique ! La plupart des personnes se planquent dans un isoloir pour commettent un acte tyrannique envers eux même, il font taire leur choix personnel et plaisantent avec la démocratie à leurs insu et à leur dépens. L'esprit humain est complexe et compliqué et tous les hommes politiques du monde de s'en foutre.
Une expérience intelligente, donc objective, pratiquée lors de l'élection présidentielle du 22 Avril 2007 a montré que le candidat le mieux noté a perdu.
En définitive le vainqueur ne fut pas le préféré des électeurs, cela pourrait expliquer en partie cette atmosphère de sourd mécontentement qui suivit comme un déferlement passionnel de polémiques exutoires. D'ailleurs, comme toujours, loin de toute espérance, elle prend toutes les formes de l'analyse mais n'en possède aucune.
Si le vainqueur n'est pas le préféré des électeurs, que se passent-il donc ?
A l'occasion de l’élection présidentielle du 22 avril 2007, une équipe de chercheurs des universités de Caen et Strasbourg ainsi que du CNRS a obtenu la permission de mettre en œuvre une expérience portant sur des modes de scrutin différents.
Dans six bureaux de vote choisis pour leur représentativité, les électeurs ont été invités, juste après avoir déposé leur voix dans la vraie urne, à remplir un autre bulletin dans un bureau adjacent. Tout en respectant les dispositions habituelles (isoloir, urne), le contenu du vote était différent. Il s’agissait, dans un premier temps, de voter « par notation », c’est-à-dire d’attribuer une note (0, 1 ou 2) à chacun des douze candidats en lice. Le vainqueur serait celui qui aurait le plus de points. Ensuite, on proposait, sur la même page, de voter « par approbation », c’est-à-dire d’attribuer un point à tous les candidats acceptables et zéro aux autres. L’électeur pouvait cocher autant de noms qu’il voulait. Le vainqueur, là aussi, serait celui qui aurait le plus d’approbations.
Résultat surprenants.
Le sens de l’expérience a été compris : près des trois quarts des électeurs ont approuvé deux candidats et plus. Tout cela est jugé satisfaisant, car exprimant peut-être plus fidèlement les préférences des électeurs que le vote majoritaire. Cela est conforme à notre attente, mais le résultat du vote n’est pas identique à celui du vrai scrutin dans les mêmes bureaux.
En effet, que ce soit « par approbation » ou « par note », et sur les six bureaux, l’ordre d’arrivée des candidats est le suivant :
En tête, François Bayrou ; en deuxième, Nicolas Sarkozy ; en troisième, Ségolène Royal.
Or le scrutin officiel, conforme au résultat national, plaçait Sarkozy en tête, Royal en deuxième, Bayrou en troisième, et Le Pen en quatrième. Voynet, quant à elle, devançait Besancenot.
Même s’il ne s’agit que d’une expérience, on se prend à penser que le résultat d’une élection dépend peut-être plus de son dispositif technique que des dispositions des électeurs…
Antoinette Baujard et Herrade Igersheim, « Expérimentation du vote par note et du vote par approbation lors de l’élection présidentielle du 22 avril 2007 », Centre d’analyse stratégique, 28 juin 2007, disponible sur www.strategie.gouv.fr.
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