Vous avez dit la gauche ?
Si les frasques New-Yorkaises à la mode en ce printemps ne nous concernent que de très loin, l'affaire DSK nous aura au moins renseigné sur les capacités de la gauche à subvenir à ses besoins de subsistance. Car enfin, notre défenseur des pauvres va acquitter une caution de 100 000 dollars pour sa liberté conditionnelle, plus un dépôt de garantie de 500 000 dollars, aux frais de la princesse pour s'offrir les services d'une société de gardiennage, destinée non pas à empêcher les gens de rentrer mais cette-fois-ci à les empêcher de sortir. Et des avocats, pas n'importe lesquels, les meilleurs, les plus chers, à deux millions de dollars, tout simplement, car il faut bien les meilleurs, pour défendre le peuple, car le peuple le vaut bien.
Ainsi l'homme que le pays s'apprêtait élire à la présidence se trouve en fait à la tête d'un tas de sable mouillé qui ressemble pour la majorité de ses concitoyens à une montagne d'or.
Et la gauche perd son champion, son mentor, son exemple, les hordes de bobos perdent leur espoir de pouvoir continuer à squatter le sentiment compassionnel à l'abri des projecteurs de la bonne conscience. Comme la droite italienne a son exemple à suivre, son milliardaire à elle, qui a réussi, et qui va faire réussir chaque italien, notre gauche a son patron qui réussi dans ses baskets Nike, devenu son Madoff du bistouri.
En même temps, De Funès perd son meilleur adversaire auprès duquel il ressemble à un “pasteur méthodiste”. De Funès, Ray-Ban sur le crane, myope du cerveau, est l'enfileur de costards trop grands, aux manches qui dépassent, DSK, lui c'est l'aristocratie des affaires, la classe business, la cravatte Armani. Les cartes sont tellement brouillées entre cette droite dite populaire et cette gauche caviar que l'on se demande qui peut encore y placer cette lame de rasoir autrefois tranchante.
Le curseur n'est plus là, depuis longtemps, la droite attirant les déçus de la redistribution avortée de Mitterrand, et ses sbires pré-retraités, la gauche étant le refuge des classes moyennes, intellectuellement perdue, à part l'horizon du fiscalement correct, la gauche en 4X4, la gauche “sociale-démocrate”, la gauche écolo, qui n'a de social et d'écolo que les luttes d'égo des cadres, de démocrate que la valeur du compte en banque.
Cette gauche et cette droite sont en fait les deux flancs de la même montagne de la mondialisation, du marché globalisé, l'ubac à l'ombre des délocalisations, du chômage de masse, l'adret sous les flashes des cours de bourse.
Comment reprocher à la droite des rentiers de faire de la vraie droite, dont le souci est de tenter de rallier à sa cause les volontaires de l'accumulation, les forçats du business, les primo-accédants à la propriété, les petits actionnaires, les croyants du bonheur monétariste ?
Là où le bât blesse, c'est plutôt du coté de la gauche, d'une gauche qui s'est ralliée à la logique des marchés, on devrait dire rangée à la cause des possédants.
Car gauche veut dire, si l'on a encore le droit de le dire, solidarité et donc redistribution, partage, pas pression fiscale, et l'impôt n'est pas un blasphème s'il réduit les injustices. Et Ségolène Royal qui se félicite de ne pas augmenter les impôts dans sa région, Jospin qui en son temps supprime la vignette auto en redonnant d'abord le sourire aux propriétaires de Ferrari. Non décidément, les petits, les sans-grades, les exclus de la mondialisation, ceux qui n'ont rien à planquer ne sont plus là, plus à gauche, qui devrait être leur chaloupe.
Ceux-là sont à l'extrême, pas tellement du coté de Mélanchon, mais plutôt du torchon, qui brûle chez Mariane Le Pen. Ceux-là ont perdu tout espoir dans la politique, ils ont quitté le navire depuis longtemps, ils ne votent plus, sans le savoir ils laissent faire ceux qui ont quelque chose à perdre…et qui ne veulent pas que ça change.
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