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Accueil du site > Actualités > Politique > Vous avez dit souverainiste, indépendantiste, autonomiste ?

Vous avez dit souverainiste, indépendantiste, autonomiste ?

La question de la souveraineté s’invite maintenant de plus en plus depuis quelques années dans le débat public. Il y a eu une accélération depuis le BREXIT. Puis la présidentielle française avec les partis plus ou moins souverainistes, de droite comme de gauche, qui ont réuni quasiment 50% des voix au premier tour. Puis, sous une autre forme, avec la question de l’indépendance de la Catalogne, le référendum en Vénétie. D’ailleurs, pendant la crise catalane, les regards se sont tournés vers la Corse, certains craignant qu’elle ne finisse aussi par réclamer son d’autonomie !

Jean-Luc Mélenchon s’est lui-même fait récemment traiter de souverainiste, et comme ce mot est devenu une sorte de mauvais sort jetant le discrédit sur les personnes qui en sont étiquetés, il s’est redéfini comme étant « plutôt indépendantiste ».

En fait, la souveraineté est souvent associée à la nation. On parle généralement de LA souveraineté nationale. Comme s’il n’y avait qu’une seule souveraineté possible, et qu’elle soit nécessairement nationale.

Avec cette conception de la souveraineté, on sent bien que cela peut être compliqué ! En effet, cela suppose d’une part qu’une majorité des habitants du pays concerné ait envie de décider de tout ensemble, et d’autre part, qu’elle possède les moyens de mettre en œuvre en toute indépendance, les décisions communes. Ces conditions sont de fait, très contraignantes.

On voit bien qu’en France, si nous voulions redevenir souverains, il faudrait au moins sortir de l’Europe. Or il n’est pas évident qu’une majorité de français veuille aujourd’hui quitter l’Europe, malgré toutes les critiques formulées par les français envers la manière dont elle fonctionne.

Aussi, peut-on se poser la question suivante :

Est-il possible qu’un groupe de personnes, petit ou grand, national ou transnational, puisse acquérir une « certaine » souveraineté ? Une souveraineté telle que, sans avoir la capacité de pouvoir décider de tout elle permette de décider de manière indépendante sur des sujets politiques et économiques d’une certaine importance, voire d’une importance certaine

Pour fixer les idées, imaginons qu’on évalue le niveau de souveraineté sur une échelle de 0 à 10. Au niveau 0, on ne peut rien décider tout seul. C’est le niveau de souveraineté de l’esclave.

Au niveau 10, on peut décider de tout en toute indépendance. C’est probablement un niveau théorique inatteignable, même par les plus puissants.

Entre ces deux extrémités, plus le niveau est élevé, plus on peut décider sur des sujets importants. Je vous laisse imaginer à quoi correspond chaque niveau.

Du coup, posséder une « certaine souveraineté », correspondrait probablement à un niveau de 7 ou 8, ce qui serait déjà pas si mal.

Si on rassemblait par exemple dans une même pièce les 100 personnes les plus riches du monde, on imagine bien que collectivement leur niveau de souveraineté s’approcherait de 10.

Si par contre on regroupait dans une autre pièce les quelques milliards de gens ne possédant rien,( et dont certains diraient même qu’ils ne sont rien, puisqu’ils n’ont pas de pouvoir d’achat), on sent bien que, comme dirait Coluche, pour eux ce serait plus compliqué. Leur souveraineté avoisinerait 0.

Maintenant, entre ces deux situations, pourquoi un groupe de personnes, plutôt important, mais sans être nécessairement énorme, de nationalités potentiellement diverses, liées par une forme de « contrat social » , ne pourrait-il pas acquérir une « certaine souveraineté » ? Une souveraineté, certes partielle, mais qui leur permettrait par exemple de battre une « certaine forme de monnaie », d’instituer le plein emploi, de décider de leur propre code du travail et de la politique économique et sociale interne au groupe ? Ce serait déjà un bon début !.

On peut poser d’ailleurs poser cette question différemment : à quelles conditions doit satisfaire un groupe de personnes désirant acquérir cette « certaine souveraineté » ?

A la réflexion, j’ai répondu à cette question-là dans mes précédents articles publiés sur Agoravox.

En effet, depuis quelques années déjà, je cherche à promouvoir et mettre en œuvre un système de relance et de pilotage économique. En résumé, ce système croise et cumule des fonctions de banque centrale, d’assurance économique et de ministère de l’économie. Il peut être mis en œuvre concrètement et de manière indépendante, pour ne pas dire souveraine, grâce à une simple coopérative d’achat-vente (lire mes précédents articles pour plus de précisions). La création de cette coopérative n’est bien sûr pas une fin en soi. Ce n’est qu’un moyen. Le but est en effet une sorte d’auto-détermination, donnant par exemple la capacité aux adhérents de décider et mettre en œuvre une politique de plein emploi.

 En effet, chacun devrait pouvoir vivre décemment de son travail sur cette planète.

Je pense avoir montré, tout au long de mes précédents articles, que pour un ensemble de l’ordre de « seulement » un million de personnes regroupées dans cette coopérative, cette auto-détermination-là, ce « certain souverainisme » était possible.

Mais qu’est-ce qui, fondamentalement, peut rendre un groupe de personnes autonome, « souverain » ?

Je voudrais vous montrer rapidement maintenant que c’est simplement la coopération entre les membres du groupe.

En effet, imaginons quelques instants qu'une personne soit capable à elle seule de subvenir à tous ses besoins fondamentaux. Et, disons que les besoins fondamentaux sont de se nourrir, se vêtir, se loger et se divertir, sans faste, mais de manière satisfaisante. Cela suppose qu'elle possède une sorte de jardin d'Eden, regorgeant de ressources et de matières premières, qu'elle puisse donc en disposer comme elle le désire, et qu'elle ait toutes les compétences, à elle seule, pour les transformer et produire ce dont elle a besoin. Cette personne pourrait voir l'avenir d'un œil serein, car elle serait économiquement autonome. Elle pourrait choisir de manière indépendante, sans crainte de pressions extérieures, soit de se satisfaire de ce qu'elle produit, ou bien de commercer librement avec d'autres pour proposer les produits qu'elle sait fabriquer efficacement, en échange de produits qu'elle ne saurait fabriquer elle-même.

Cette situation n'est bien sûr plus réaliste depuis une éternité.

Imaginons maintenant qu'une personne ait la capacité de se nourrir et se vêtir, et qu'une autre sache se loger et se divertir. De la même manière, ensemble elles pourraient être autonomes. Il suffirait pour cela qu'elles coopèrent, de manière à ce que chacune subvienne en partie à ses propres besoins et en partie à ceux de l'autre.

Cette situation semble tout autant irréaliste aujourd'hui. Par contre, si un million de personnes, regroupées dans quelques dizaines de milliers d'entreprises diversifiées coopèrent, alors ensemble ces personnes peuvent devenir collectivement autonomes. Ensemble, elles peuvent satisfaire les besoins fondamentaux de chacun, et sans craindre les pressions et les turbulences extérieures, elles peuvent choisir en toute indépendance, la manière dont elles veulent vivre, travailler et s’épanouir.

Quel niveau de coopération minimal faut-il construire pour rendre un groupe de personnes et d’entreprises autonomes ?

Il faut et il suffit que chacun puisse produire et échanger des biens et des services en toutes circonstances, indépendamment des évènements susceptibles de survenir à l’extérieur du groupe. En particulier, il faut que les compétences et les moyens de productions soient possédés par les membres du groupe, individuellement ou collectivement, et que les échanges entre les membres puissent être organisés, même si les outils monétaires et financiers disponibles à l’extérieur font défaut ou sont défaillants. Ceci suppose que les coopérants partagent cette même vision, aient des capacités de production et/ou des compétences complémentaires à celles des autres, se fassent mutuellement confiance et s’engagent à réaliser un certain niveau d’échanges économiques à l’intérieur du groupe. Si ces conditions sont remplies, alors la permanence des besoins à l’intérieur du groupe garantit la pérennité de l’activité économique minimale et assure l’autonomie. Rien n’empêche les membres du groupe d’échanger avec l’extérieur pour satisfaire des besoins non fondamentaux inaccessibles à l’intérieur. Au contraire, l’autonomie acquise grâce à la coopération avec les membres du groupe rendra sa relation avec l’extérieur plus sereine.

La coopération n’élimine pas la concurrence, mais la complète. La concurrence permet à chaque individu de choisir librement son fournisseur. Sans concurrence, on se trouve dans une situation de monopole, qui met le vendeur en position de force, et limite la liberté de choix des individus. La concurrence est une sorte de biodiversité permettant à chacun de trouver une solution satisfaisante à son besoin. Cependant, la concurrence, poussée à l’extrême, limite le choix collectif. Elle finit par imposer à tous ce que personne n’a réellement voulu individuellement. La coopération corrige ce défaut. La concurrence protège la liberté individuelle, alors que la coopération protège la liberté collective, sans laquelle la liberté individuelle n’est qu’une vue de l’esprit.

Traditionnellement, la coopération, et par conséquent une certaine solidarité, était instituée par les Etats. Ils avaient, à une certaine époque, des outils monétaires et financiers capables de maîtriser les processus coopératifs. Aujourd’hui, à l’heure de la mondialisation, les Etats ne sont plus capables d’assurer la coopération indispensable à l’autonomie. C’est pourquoi il devient nécessaire que les gens ordinaires, regroupés dans une coopérative, prennent le relais.

Nous pouvons le faire, maintenant. Vous êtes prêts ?


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2 réactions à cet article    


  • Samy Levrai samy Levrai 1er décembre 2017 11:53

    C’est comme être enceint, on est dans un pays souverain ou n’est pas dans un pays souverain, on ne l’est pas à moitié...

    Il existe 4 piliers à la souveraineté  :
    faire ses lois
    faire sa justice
    battre monnaie
    decider de la paix et la guerre

    S’il manque un seul de ces piliers un pays n’est pas souverain et ne pas etre souverain revient à être un pays non libre, un pays souverain est un pays libre.

    Nous faisons à nouveau face a une tentative de changer le sens des mots comme dans 1984 d’Orwell avec cet article, melanger souveraineté et coopération cela doit s’adresser à des décérébré ou alors vouloir en fabriquer...

    Les français ont dit non à l’UE en 2005, depuis ils sont toujours dedans et on leur pose plus la question... depuis il n’y a que des partis pour une « autre Europe »... que des partis qui veulent donc rester dedans... et 100% des médias de masse faisant la propagande euro atlantiste... 
    Les cooperatives dans la dictature euro atlantiste cela doit valoir l’indépendance dans le cadre de l’Union Europeenne ..., une belle escroquerie démocratique et sémantique.

    Article de mouise.

    • av88 av88 1er décembre 2017 17:17

      Les états au sein de l’Union Européenne ne sont pas souverains, donc pas de démocratie, exemple :

      Le non respects du choix des peuples semble être une règle dans l’UE

      Référendum sur la constitution Européenne 2005 en France, réponses des Français NON, mais finalement ratifiés par les parlementaires

      Référendum sur la constitution Européenne 2005 aux Pays Bas. Réponse des Néerlandais NON, mais finalement ratifié par les parlementaires.

      2008 en Irlande, réponse des Irlandais NON, on les fait revoter jusqu’à qu’ils disent Oui 2009.

      2016 au Pays bas, référendum sur l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine, résultat NON, mais finalement ratifié par les parlementaires.

      Seule exception la Grande-Bretagne, qui résiste seule à cette grande idée d’une Grande Europe sans frontière. (tient cela me rappelle quelque chose)

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