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Xavier Darcos a perdu l’esprit ... français

Je l’avoue, je l’avoue, le titre est racoleur. Pourtant, comment résister à cette boutade quand on lit avec tout l’intérêt que nous lui devons la prose de Xavier Darcos dans Le Monde de jeudi 19 mars. « Esprit français, es-tu là ? » s’interroge-t-il en page 20. Qu’est-il arrivé à celui qui se présente à nous d’abord comme Membre de l’Institut et ensuite comme Ministre de l’éducation nationale ? C’est que, dans ce qui ressemble à une séance de spiritisme, Xavier Darcos est venu retrouver une élite perdue, celle des intellectuels et avec eux l’esprit français qui les définissaient tant par le passé. Il a beau convoquer Voltaire et Montaigne, leur attacher la compagnie tutélaire de Nicolas Sarkozy (si, si), rien n’y fait.

Selon lui, l’indépendance de pensée, la hauteur de vue, l’enthousiasme mêlé à la courtoisie dans le débat d’idées, qui caractérisaient tant cet esprit français, semblent autant de qualités perdues aujourd’hui. La République, née de l’alliance entre intellectuels et politiques, réussissant ainsi à canaliser le désir parfois violent de démocratie, serait aujourd’hui à la dérive.

Jugez en vous-même :

« Le rationnel semble exilé du débat public, tandis que la rumeur, l’outrance, la théorie du complot ou le déni de vérité s’instille jusque dans les sphères les plus éclairées du monde intellectuel ? »

« Cette tendance imprécatrice blesse l’intelligence. Elle me choque (…) Elle encourage le monde du savoir dans une défiance explicite, voire obligée, à l’égard du politique »

« Personne n’a intérêt à encourager cette dérive. Personne ne peut en justifier les vrais ressorts, qui sont le dévoiement de la fonction critique de l’intellectuel au profit d’intérêts partisans ou caricaturaux. »

« L’affaire ne se clive pas entre les bons (la gauche) et les méchants (la droite). Cette supputation est inféconde. Elle donne un exemple désastreux de notre jeunesse en privilégiant la querelle ou le préjugé plutôt que la controverse argumentée. »

Et puis il y a ce passage amusant : « Il suffit pour s’en convaincre de fréquenter certains blogs ou certains forums dans lesquels les exposés les plus brillants sont parfois consacrés aux arguties de thèses les plus insensées, assorties de procès en sorcellerie ad hominem. »

L’intellectuel a démissionné, quitté la cité. Ou alors il s’est laissé corrompre. Ne résonnent (raisonnent ?) plus aujourd’hui que les mégaphones syndicaux dans des cortèges agressifs. Le politique est bien seul. Sans l’arbitrage certes critique, sans la hauteur de vue, sans la courtoisie de l’intellectuel, que peut l’homme politique livré à la vindicte populaire ?

Et cette vindicte, Xavier Darcos va encore la voir défiler depuis ses fenêtres, ce 19 mars au départ, à Paris, d’une place qui s’appelle précisément République.

L’intellectuel a quitté la cité, le politique est seul dans l’hémicycle et le jeune forcément ultra gauchiste a envahi la rue. Esprit français éclairé de toute sa hauteur de vue, courtois, Xavier Darcos n’a eu de cesse au cours de son ministère de dénoncer des syndicats "dont la fonction principale est la résistance au changement", répétant à l’envi « à ceux qui font grève qu’il faut qu’ils fassent attention parce que le monde, la France avancent plus vite que les cortèges".

Plus qu’un héritier de l’esprit français, Xavier Darcos se pose en héritier de cette République des propriétaires que Boissy d’Anglas défendait à la tribune de l’Assemblée nationale en 1795 : « Nous devons être gouvernés par les meilleurs : les meilleurs sont les plus instruits et les plus intéressés au maintien des lois ; or, à bien peu d’exception près, vous ne trouverez de pareils hommes que parmi ceux qui, possédant une propriété, sont attachés au pays qui la contient, aux lois qui la protègent, à la tranquillité qui la conserve (…). Si vous donnez à des hommes sans propriété les droits politiques sans réserve (…) ils nous précipiteront enfin sans ces convulsions violentes dont nous sortons à peine. »

Classes laborieuses, classes dangereuses. Certes, avec plus de courtoisie et sans doute beaucoup d’esprit, la prose de Xavier Darcos, dans Le Monde du 19 mars, ne dit pas autre chose…

Max.

PS : Vous êtes également les bienvenus ICI.


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5 réactions à cet article    


  • Varsass 19 mars 2009 17:57

    Au moins, il voit la vérité en face : il fait bien la différence entre politiques et intellectuels. smiley

    Serait-ce un aveu ?  smiley



    • Dolores 20 mars 2009 21:56

      Xavier Darcos,même membre de l’Institut, ne doit pas être français puisqu’il ignore l’esprit de son propre pays.

      Il ne sait pas que les français aiment les discussions, même vives, parce qu’ils ont la passion des idées et qu’ils peuvent les défendre avec acharnement.
      De plus ils y excellent depuis l’Antiquité, leur éloquence était reconnue des Romains.

      Passion que Xavier Darcos ne peut avoir puisque "ses" idées sont toutes prêtes et ne sont pas les siennes propres, qu’il a pour lui facilité la tâche "la discipline" du parti, et qu’il n’a pas grand chose à defendre vivement parce qu’en réalité il est une sorte de fonctionnaire de l’UMP et appointé par nos soins.

      On peut concevoir que pour lui toute voix qui s’élève avec un peu de vivacité contre lui, ou son parti, ou son chef adoré lui soit une gêne. Que ferait-il, si avec courtoisie, les syndicats lui disaient qu’ils ne veulent pas de ses réformes ? Il leur rirait au nez probablement !
      Seul "l"agressivité" le fait, sinon réfléchir, du moins fléchir, modifier, reporter ou abandonner ses idées "indiscutées" courtoisement.

      Plus besoin de discuter puisque la politique est devenu un métier sans surprise pour personne. Les oppositions sont devenues si molles qu’on ne les entend plus. Darcos devrait être satisfait, les voix qui s’élèvent dans l’hémicycle, et c’est dans ce sens que l’esprit français disparait, sont pratiquement inaudibles.
      Les affrontements ont presque complètements disparus dans une sorte de consensus mou qui ne grandit pas les politiciens.

      C’est seulement dans la rue qu’on a encore un peu du vrai esprit français et pas dans les arcanes du pouvoir !



    • PapyJC_78 19 mars 2009 18:06

      Si je puis me permettre de rassurer notre (très) cher Ministre de l’éducation nationale,
      l’esprit français dans ce qu’il a de plus beau existe encore,
      bien qu’ailleurs, semble t-il, que chez ses amis politiques( Lefèbvre, Albanel, et certains autres, très à l’aise avec de jolis mots français comme "connasse", "pauv’con", etc....).

      On trouve encore, dans d’autres formations que la sienne, le goût du débat d’idées n’excluant pas le respect de l’autre, la profondeur du sujet et l’attrait d’une langue française retrouvée....

      Pour remonter son moral, je lui offre ce lien vers une vidéo apportant quelque consistance à mes affirmations...


      • anamo 19 mars 2009 21:42

        Les attaques contre la culture au sens large et populaire du terme ne sont pas le seul fait de Xavier Darcos.

        "Les Grosses Têtes" de Philippe Bouvard sur RTL le lundi 16 mars, l’invité du jour est Eric Woerth m’ont inspiré pour ce petit texte :

        Nous avons enfin un gouvernement décidé à agir et éradiquer certaines persistances d’un autre age. Par exemple, la fonction publique ne doit plus être captée par des littéraires ou des personnes à la culture générale affirmée. Eric Woerth se dit déterminé à expurger les concours administratifs de toutes ces questions nuisibles faisant référence à une soi-disant culture générale. Seules les questions utiles et nécessaires à l’exécution de la tâche seront retenues. Un inculte aux espaces verts et une illetrée au service courrier. Nul n’est besoin, pour une guichetière basique de la sécurité sociale, d’avoir des lettres latines, grecques ou orientales, tout au plus, sur son mobile, quelque SMS de son Jules. A quoi bon savoir déterminer si un verbe est du premier, deuxième ou troisième groupe pour un employé de préfecture. D’ailleurs pourquoi vouloir l’inculquer dès le plus jeune age à nos enfants (Monsieur Darcos si vous nous recevez ... !) Le concours d’accès à la fonction publique doit redevenir un outil au service de l’efficacité administrative. Chacun à sa place dans ce qu’il (sait) peut faire. La fonction publique doit relever de l’adéquation d’une personne à un poste, pas d’un choix ou d’une convenance personnelle avec tout ce que cela peut avoir de portée revendicative et d’instabilité sociale.
        Un grand merci à Eric Woerth pour son oeuvre de salut(brité) public(que).

        L’attaque est menée sur tous les fronts !


        • ndididju 20 mars 2009 16:38

          Ahah ! On dirait bien que sur les concours, le sieur DARCOS ait mis un genou à terre :
          l’AFP, reprise par libération, france info et autres, annonce que le ministre a fait de nouvelles propositions aux syndicats en maintenant en l’état les concours pour l’année 2010.

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