Xavier Darcos, l’inflexible
Raté. Xavier Darcos est sur la mauvaise pente. Le ministre de l’Education nationale ne semble pas en capacité de mettre fin au mouvement des lycéens qui six semaines après son commencement continue à prendre de l’ampleur. Manque de pédagogie peut-être, le ministre bute sur des suppressions de poste qui ne convainquent personne. Le mammouth a le cuir épais et ne veut pas se faire dégraisser.
Le rendez-vous de ce dimanche sur BFM visait à apaiser les tensions. C’est un flop. L’appel à la raison ne dépassera pas la porte des agences de presse. Le mélange des chiffres n’est pas propice à la compréhension. Sur les 11 200 postes de l’Education nationale qui ne seront pas renouvelés (un départ en retraite sur deux), “8 500 sont des postes d’enseignants, 5 000 postes sont compensés par des heures supplémentaires, si bien que le non-renouvellement concerne en réalité 3 500 postes”, a indiqué le ministre avant de préciser : “Nous allons recruter 18 000 enseignants nouveaux à la rentrée et la moyenne d’élèves par classe sera la même à la rentrée 2008 qu’à celle de 2007, soit 28 par classe en lycée général et 19 en lycée professionnel”.
Le constat de départ peut pourtant être partagé : “Nous voulons faire une réforme du lycée (...) parce que ses performances ne cessent de baisser alors qu’il coûte plus cher que dans les autres pays”. Selon Xavier Darcos, un lycéen français “coûte 22 % plus cher que la moyenne européenne”. Faire mieux ou différemment avec moins c’est ce qu’attendent des jeunes inquiets sur leur avenir. Au lieu de cela, ils ont le sentiment qu’on leur impose des économies brutales qui se traduiront mathématiquement par une baisse de la qualité de l’enseignement.
Faire des économies tout de suite et réfléchir après semble constituer la feuille de route du ministre. “Il faut respecter les engagements du gouvernement. On a pris l’engagement de rétablir l’équilibre budgétaire en 2012, tous les secteurs doivent y contribuer. Il faut rationaliser les dépenses, y compris l’Education nationale”, a-t-il répliqué à Jack Lang qui demandait que l’Education nationale échappe aux coupes budgétaires.
Stratégiquement, Xavier Darcos a fait le choix, faute d’éléments concrets sur une réforme insuffisamment préparée, de chercher à décrédibiliser le mouvement des lycéens et collégiens. Très politique, le ministre remet en cause l’authenticité de la démarche de ces jeunes qui ne peuvent à ses yeux qu’être téléguidés par les syndicats des enseignants accusés “de pousser les élèves devant eux” et “appelés à “prendre leurs responsabilités”. En se faisant plaisir le ministre n’a réussi qu’à renforcer le sentiment anti-Darcos et personnaliser l’affrontement. La hache de guerre est désormais officiellement déterrée avec les syndicats qui ressortent de leurs placards leurs sempiternelles revendications.
Droit dans ses bottes, Xavier Darcos s’est montré inflexible sur BFM, en indiquant que le gouvernement ne reculerait pas, laissant juste la porte ouverte à des “ajustements”. Même s’il s’en défend, “Je suis un vieux de la vieille et je sais que ces mouvements sont toujours difficiles à contrôler”, le ministre espère que les vacances scolaires qui commencent permettront de dégonfler le mouvement.
Un
pari risqué. L’arbitrage pourrait venir de l’Elysée inquiet de voir se
multiplier les fronts sociaux et s’effondrer les côtes de popularité (-
3 points pour Nicolas Sarkozy, -12 points pour Xavier Darcos selon le
baromètre mensuel OpinionWay).
29 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON