Zezetta Star, une « pute » pas très républicaine sur la liste de Bartolone
A chaque scrutin de liste, on se plaît à dénicher quelques profils "exotiques" sur les listes des candidats, surtout s'ils sont issus des rangs du Front national. Arrêtons-nous, une fois n'est pas coutume, sur le profil d'un co-listier de Claude Bartolone pour ce second tour des élections régionales à Paris. Il s'agit de Thierry Schaffauser.
Un pornocrate écolo
La parcours de ce trentenaire, ainsi que ses prises de position sur Twitter, sont, on va le voir, pour le moins décoiffantes et pas très consensuelles.
Dès l'âge de 18 ans, le jeune homme, homosexuel ayant souffert d'homophobie dès le lycée, se forme à l'action politique en rejoignant l'association de lutte contre le sida Act Up-Paris.
En 2006, il co-fonde le groupe militant Les Putes qui, par le biais d'une démarche artistique, défend "la pétasserie homosexuelle". Il fait aussi partie des organisateurs de la première Pute Pride.
Tant à Act Up qu'aux Putes, l'homme use du pseudonyme de Zezetta Star.
Un film lui a d'ailleurs été consacré : "Sur le trottoir avec Zezetta Star". Pendant un an, entre 2004 et 2005, la caméra de ZeTrottoir Prod l'a suivi ; Zezetta Star nous livre son témoignage, avec un franc-parler désarmant, sur ses combats de vie en tant que citoyen transpédégouine. Voici l'un des épisodes de ce film (les autres sont disponibles sur YouTube) :
Thierry Schaffauser est en effet un travailleur du sexe, et milite - au sein du STRASS, le syndicat du travail sexuel - pour la liberté des prostituées, ce qui, nous le savons, n'est pas tout à fait dans la ligne du gouvernement socialiste.
D'ailleurs, en août 2014, il envoie ce tweet rageur destiné à Najat Vallaud-Belkacem, qui, en tant que ministre des Droits des femmes, avait prôné l'abolition de la prostitution :
En mars 2008, Thierry Schaffauser est candidat aux élections municipales dans le 16e arrondissement de Paris sur la liste des Verts conduite par Pascale Ourbih, une actrice transsexuelle franco-algérienne, également femme politique à EELV.
En 2008, il s'installe à Londres et, jusqu'à son retour en France, exerce en tant qu'acteur dans le porno gay britannique (ses vidéos, pour les amateurs, sont facilement accessibles sur Google...).
Dans une interview du 24 mai 2012 au Tag parfait, le militant écologiste nous livrait son souhait de voir la pratique du porno se démocratiser, ainsi que l'apport d'aides financières de l'État dans ce secteur :
"J’espère une démocratisation plus grande encore du porno, et que davantage de gens puissent en faire, pas seulement de façon amateur. J’aimerais que des moyens, peut-être des fonds publics soient alloués à la production de films qui soient plus beaux, mieux scénarisés, que les acteurs aient un meilleur contrôle sur la qualité de leur image. J’aimerais que l’Etat puisse soutenir l’auto-production."
Un hardeur du tweet
A l'occasion des élections régionales 2015, Thierry Schaffauser se retrouve propulsé sur la liste d'Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts, en Ile-de-France, ce qu'il annonce avec fierté sur son compte Twitter.
Et, à l'occasion de la COP21, il a des solutions très personnelles pour sauver le climat, dont il nous fait profiter par ses tweets (ceci n'est qu'une sélection) :
Tout cela est amusant... mais l'embêtant est de retrouver "Zezetta Star" sur la liste du président de l'Assemblée nationale pour le second tour des Régionales. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il ne semble pas porter les socialistes dans son coeur. Petit florilège de ses prises de position anti-gouvernementales sur Twitter :
- Contre Maud Olivier, députée socialiste :
- Contre Marisol Touraine, ministre PS des Affaires sociales et de la Santé :
- Contre Manuel Valls, le Premier ministre himself !
- Contre le PS dans sa globalité :
- Contre la gauche elle-même :
Sans doute le hardeur veut-il faire changer les choses de l'intérieur (ce qu'on comprend aisément), en pratiquant une forme d'entrisme... Mais la cohérence politique n'en sort pas grandie.
Le plus gênant, peut-être, au moment où chacun, au PS comme dans l'ex-UMP, se drape dans un républicanisme de bon aloi contre le Front national, c'est que le militant Vert se montre très peu républicain :
Le 13 avril 2015, il publie dans Yagg une tribune intitulée "Ma fierté n’est pas républicaine" et demande au mouvement LGBT de faire son choix :
"Soit l’Inter-LGBT assume un positionnement républicain (et sa teneur raciste) en disant clairement qu’elle emmerde ceux qui ne s’y reconnaissent pas, soit elle doit faire l’effort de comprendre que nos communautés sont riches de cultures militantes variées, qui peuvent également être issues des mouvements féministes, antiracistes dé-coloniaux, transféministes, queers, intersectionnels, ou d’autres encore qui portent des analyses très différentes sur l’injonction universaliste républicaine du paysage politique français, et en particulier sur ce que cela signifie en termes d’oppression pour les minorités de ce pays, qu’elles soient sexuelles et de genre, ou pas."
Même au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Thierry Schaffauser ne se range pas sous la bannière de l'unité nationale. Pas question pour lui de sortir son drapeau !
Face à la crise que traverse le pays, il préconise ses solutions, très en accord il est vrai avec le programme des Verts d'Emmanuelle Cosse :
Assez raccord aussi avec le programme des Verts sur la dépénalisation des drogues (au moins douces), qu'il assume consommer dans le film "Sur le trottoir avec Zezetta Star", ce qui n'est pas tout à fait la position du PS... Lors des élections municipales de 2014, où il était candidat EELV à Paris, il se disait même favorable à la légalisation de toutes les drogues.
Sortir de la fistinière citoyenne ?
Pour conclure ce portrait exotique, à la découverte d'un des co-listiers de Claude Bartolone, je citerai ce dernier tweet, au contenu quelque peu mystérieux :
Nous revoilà donc dans la fistinière, lieu si symbolique pour nous autres citoyens, et qui semble devoir être l'aboutissement de tout en matière politique... Dès dimanche soir, nous y aurons droit, à notre petit fist. Comme d'hab.
Mais quoi ? N'avions-nous pas été prévenus ? Dès la campagne présidentielle de 2012, Barto, dit aussi "le parrain du 9-3", ou "Don Bartolone", avait étrangement singé Bourseault, vous vous souvenez, le comique pathétique des Bronzés qui faisait "bip bip !". Il nous avait ainsi annoncé le changement, dans un geste déroutant, dont un comique controversé nous avait finalement révélé la signification cachée.
Tant que rien ne changera au niveau institutionnel, dans le contrôle des pouvoirs, que ce dernier passe par des assemblées de citoyens tirés au sort ou par une Cour de légitimité d’exercice (au choix), la scène politique sera peuplée de Bourseaults, et nous, nous n'aurons pas fini d'avoir mal au derrière.
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