Abattage rituel : presse censurée
Les révélations d’un organe de presse, approuvées par un rapport d’experts accablant, censurées.
Ce mercredi sept mars, Le Point publiait en exclusivité sur son site internet un audit d'experts indépendants consacré à "la protection animale en laboratoire : la question particulière de l'abattage rituel". Rédigée par dix hauts fonctionnaires du Conseil de l'alimentation agissant pour le compte du ministère de l'agriculture, la synthèse scientifique est estampillée Confidentiel. Tout porte à croire que sans l’élan d’indignation provoqué par les dérives du commerce de la foi, ce rapport d'informations serait resté caché à l’opinion publique.
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Dans un souci de vérité, les journalistes enquêteurs d’Envoyer Spécial " La viande dans tous ses états" , Mélanie Delattre et Christophe Labbé du Point.fr notamment et bien d’autres intrépides ont fait un travail formidable. Au nom de tous les acteurs de la cause animale, je les salue chaleureusement. Cette transparence envers les consommateurs, les militants de la cause animale, guidés par la tolérance, l’adogmatisme et la générosité humaine l’ont toujours revendiqué. Une "audace" qui leurs avait déjà valu les foudres de l'organe de contrôle de la publicité. La censure avait déjà frappé une campagne de communication concernant indistinctement les abattages Casher et Halal en 2010 pour crime de lèse religieux. Or, par de là les croyances personnelles, les milieux d’appartenance, les origines ethniques, les initiés de l’intelligence de cœur forment une confraternité de fait qui n’a rien à envier à la bienveillance superficielle d’obédiences réputés discrètes et parasitées par l’affairisme, la recherche des honneurs et le goût du pouvoir.
Restons vigilants ! Les dogmes religieux sont intolérants et exclusifs par nature. Illuminée par la ferveur religieuse, convaincue d’être détentrice d’une vérité absolue, immuable et universelle, ne supportant aucune contradiction, la suprême théocratie n’accorde pas spontanément à toute la société, la liberté de culte, la liberté de savoir, la liberté d’expression qu'elle revendique à haute voix pour outrage à un verset du livre de la foi, insoumission à la loi révélée. La victimisation confessionnelle et la culpabilisation des citoyens extérieurs au culte ne sont pas des justifications rationnelles pour détourner le regard de la cruauté infligée en toute conscience à un animal. L'animal agonise en silence. L'animal, lui, est un sans grade, un sans voix.
Quand la sphère religieuse prend l’ascendant sur la souveraineté populaire par une dérogation à la loi générale et impersonnelle transformant une exception en une règle et la règle en exception sans que les consommateurs en soient avisés ;
quand la sphère religieuse déshumanisée n’a aucune compassion pour la sensibilité animale ;
quand la sphère religieuse prend l’ascendant sur l’autorité publique d'un Premier ministre tenant un langage de raison ;
quand la sphère religieuse prend l’ascendant sur la science en obtenant la censure à posteriori et sans la moindre explication d’un article de presse étayé par un comité d’experts scientifiques d’une instance officielle ;
quand la sphère religieuse méprise les consommateurs en dénigrant aux consommateurs le droit à l’information en obtenant le retrait d'un argumentaire scientifique vulgarisé pour le grand public ;
alors l’obscurantisme est à portée de vue.
Voici l’article de presse du 07/03/2012 à 17h39 après épuration, modifications et effacement
Halal : ce que nous cachent les abattoirs
Voici l’article de presse publié le 07/03/2012 à 13h04 avant l'action de la censure
Les Français ont progressivement, et sans le savoir, été mis au régime halal
CONFIDENTIEL. Un rapport pointe les dérives de l’abattage rituel en France. « Le Point » se l’est procuré.
C’est un plat que personne n’avait imaginé au menu de la campagne. Trois semaines après la polémique déclenchée par Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, en meeting à Bordeaux, a remis le couvert en réclamant un étiquetage sur les viandes issues de l’abattage rituel. « Reconnaissons à chacun le droit de savoir ce qu’il mange, halal ou non », a-t-il lancé.
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L'abattoir de Bailleul, dont la viande est certifiée halal, est l'un des trois abattoirs respectant le rite musulman agréés par la préfecture du Nord.
Derrière ces joutes électorales perce un sujet tabou, celui de la souffrance animale. Chaque année, on tue dans notre pays 1 milliard de poulets et de lapins, 25 millions de porcs, plus de 6 millions de bovins, ou encore 4 millions de moutons. Une exécution silencieuse organisée à l’abri des regards. Le débat sur le halal réveille notre mauvaise conscience de carnivores. Il force à s’interroger sur ce qui se passe dans les abattoirs, sur le fonctionnement de ces usines de mort. Difficile, désormais, de regarder son morceau de steak sans imaginer l’animal à l’autre bout de la chaîne.
Saignés vivants
Un rapport confidentiel que Le Point s’est procuré jette une lumière crue sur l’abattage rituel tel qu’il est pratiqué en France. Remis aux autorités en novembre 2011, le document, rédigé par dix experts et hauts fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, a été soigneusement enterré. Il est vrai que cet audit de 54 pages émanant du Conseil général de l’alimentation contient une vérité qui n’est pas bonne à dire : les Français ont progressivement, et sans le savoir, été mis au régime halal.
Aujourd’hui, comme l’indique le rapport, plus de la moitié des bovins, ovins et caprins tués en France le sont suivant un mode d’abattage « rituel », halal ou casher. Ce qui signifie que les animaux sont saignés alors qu’ils sont encore conscients. Pour les moutons, la proportion grimpe à 58 %. Une réalité bien différente des chiffres annoncés par Bruno Le Maire, qui, sur le plateau de France 2, le 20 février, expliquait que seulement 14 % de la viande était concernée par l’abattage rituel. « Pour minimiser le phénomène, le ministre de l’Agriculture a préféré communiquer sur le tonnage de viande plutôt que de décompter le nombre d’animaux abattus de façon rituelle », décrypte le vétérinaire Jean-Pierre Kiefer, président de l’Oaba, l’OEuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs, seule association habilitée par les pouvoirs publics à contrôler in situ les conditions d’abattage.
En fait, dans l’espace de mise à mort des abattoirs, la fameuse « zone noire », tous les animaux sont saignés vivants. Pour que la viande soit consommable et puisse être conservée, il est indispensable qu’au moment où la bête se vide de son sang le coeur batte encore. D’où la solution trouvée d’étourdir le bétail avant la mise à mort. Cette pratique est obligatoire en France depuis un demi-siècle.
Dérive
Pour continuer à pratiquer la saignée traditionnelle, sans étourdissement préalable, musulmans et juifs ont obtenu une dérogation. Mais, progressivement, ce qui devait rester une exception est devenu la règle. Comme le souligne le rapport : « Il existe bien une situation fragile où l’abattage rituel pourrait devenir la norme au lieu de rester une pratique dérogatoire. » Comment expliquer cette dérive, qui fait qu’aujourd’hui le nombre d’animaux tués par un sacrificateur dépasse largement la demande religieuse, laquelle ne concerne en France que 7 % de la population ?
L’abattage rituel pose parfois aussi un problème d’hygiène. Lors de l’égorgement, l’oesophage de l’animal est tranché et le contenu de ses intestins a plus de risques de souiller la viande, notamment les quartiers avant, ceux qui servent à fabriquer les steaks hachés. Avec à la clé un danger de contamination par Escherichia coli, une bactérie responsable d’insuffisances rénales chez les enfants. Depuis la fin des années 90, plusieurs organismes officiels ont tiré le signal d’alarme, la Cour des comptes, la Direction générale de l’alimentation ou encore l’Office alimentaire et vétérinaire européen. En outre, le stress ressenti par l’animal au moment de l’abattage provoque la sécrétion de toxines. Plus la bête est stressée, plus la viande sera dure à mâcher et pisseuse.
Cruelle agonie
Si l’on nous met dans l’assiette plus de viande halal que nous n’en réclamons, c’est avant tout par intérêt économique. L’abattage rituel entraîne une perte en ligne. Ainsi, dans le rite casher, on ne consomme que l’avant du bétail jusqu’à la huitième côte.
Il arrive aussi fréquemment qu’après inspection de la carcasse par le rabbin, celle-ci soit refusée. Finalement, uniquement 20 à 30 % de la viande reçoit le coup de tampon. Tout le reste, considéré comme « religieusement impropre », est aussitôt remis dans le circuit traditionnel par l’abattoir, qui ne veut pas rester avec des invendus sur les bras. La viande halal obéit à la même logique. Les musulmans peuvent consommer l’ensemble de la carcasse, mais leur culture culinaire les porte à préférer les morceaux de l’avant et les abats. Il y a donc aussi surproduction. D’après une enquête menée en 2005 par les services vétérinaires en Haute et Basse-Normandie,
« certains abattoirs écoulent dans le circuit classique, sans mention particulière, jusqu’à 60 % de la viande produite selon le rite musulman et plus de 70 % quand il s’agit du rite israélite ».
Non seulement la France est confrontée à une inflation de l’abattage rituel, mais en plus, comme le dénonce le rapport, celui-ci est souvent pratiqué hors des clous. En principe, l’animal doit rester immobilisé dans une cage de contention, parce que, une fois qu’il a la gorge tranchée, chaque mouvement accroît sa douleur. Or, pour tenir la cadence, les responsables d’abattoirs sont tentés d’écourter cette étape. Dès que le sacrificateur a fait son oeuvre et dit sa prière, le bétail est remplacé par un autre. Et, comme il est dit dans le rapport, « l’animal encore conscient est laissé au sol en train de perdre son sang avec des mouvements de pédalage, voire suspendu sur le rail ». Une agonie qui varie de dix-sept secondes à cinq minutes pour les ovins et peut durer jusqu’à un quart d’heure pour un bovin.
Pour que l’abattage rituel soit fait dans les règles, le rapport estime que l’on ne doit pas dépasser une cadence de 20 bovins à l’heure, soit trois minutes par bête. En 2005, un abattoir du groupe Bigard, qui affichait une impressionnante moyenne de 60 bovins à l’heure, s’était fait taper sur les doigts par l’Oaba (Oeuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs). « Non seulement les animaux étaient accrochés encore conscients par une patte sur la chaîne d’abattage, mais certains se retrouvaient vivants sur le poste dit d’habillage pour la première opération consistant à enlever la peau de la tête à et couper les pattes », raconte Frédéric Freund, l’un des inspecteurs de l’association.
En conclusion de leur rapport, les sages du Conseil de l’alimentation préconisent un nouveau classement officiel des abattoirs qui ne soit plus uniquement centré sur des critères sanitaires mais prenne désormais en compte la souffrance animale. Surtout, ils réclament une étude scientifique pour savoir si l’abattage sans étourdissement est à l’origine ou non d’un surcroît de souffrance chez l’animal. Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la polémique.
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