Baptême et citoyenneté ?
Quelle est la signification du baptême ?
L’origine du mot grec signifie « plonger ». Le baptisé était alors immergé dans l’eau dont la signification exprimait le passage de la mer rouge pour entrer en terre promise.
Depuis le moyen âge, le baptême a perdu cette signification originelle. Aujourd’hui, pour les catholiques pratiquants, ce sacrement traduit l’entrée dans la famille chrétienne avec pour mission des parents, du parrain et de la marraine de donner à l’enfant une éducation religieuse.
Le baptême civil est une pratique qui remonte à la Révolution française, sous l’appellation "baptême républicain". Tombé en désuétude au XIX siècle, il fut seulement rétabli à Paris depuis 1995.
Pendant plusieurs siècles, les grands évènements de la vie (naissances, mariages et décès) ont été enregistrés par l’Eglise catholique. La Révolution française fait tomber ce monopole de l’Eglise. La loi du 20 septembre 1792 confie la tenue et la conservation des registres aux municipalités au lieu des paroisses. Les registres d’état civils succèdent aux registres paroissiaux.
Dans un sondage CSA-Le Monde des religions datant de janvier 2007, 51% des personnes interrogées se déclarent catholiques dont la moitié disent ne pas croire en Dieu et seulement 8% assistent à une messe hebdomadaire.
Malgré cette désaffection de la pratique religieuse, le sacrement de baptême représente un peu plus de quarante pour cent du nombre de naissances en France métropolitaine en 2006 (796.896 naissances et 344.852 baptêmes religieux, données tirées des chiffres officiels de l’Eglise catholique romaine en France). Chacun peut interpréter la démarche de parents non-pratiquants de faire baptiser leur enfant.
Si le baptême religieux traduit, de fait, l’entrée de l’enfant dans une communauté spirituelle selon un rite ancien, le baptême civil n’a pas cette valeur sacramental d’appartenance à une communauté de pensée.
L’enregistrement obligatoire de la naissance d’un enfant sur les registres d’état civil lui confère de plein droit la nationalité française et reconnait son appartenance à la société civile, tout en restant un droit conditionnel à sa majorité pour devenir citoyen français. C’est la notion de droit du sol, par l’appartenance à la Nation, qui prévaut à celle de droit du sang qui s’attache à reconnaître l’origine, la « souche » de la filiation paternelle.
Le baptême civil est un acte volontaire qui n’a aucune valeur légale. C’est une simple cérémonie familiale de « parrainage civil », réduit à la valeur symbolique de l’engagement moral du parrain et de la marraine en cas d’empêchement majeur ou du décès des parents. C’est un tutorat informel. Toutefois, le parrain ou/et la marraine peuvent être désignés comme tuteurs par voie testamentaire ou sous-seing privé (article 398 du code civil), au même titre que le parrainage religieux.
L’officialisation du parrainage civil d’un enfant pourrait, dans certaines situations très particulières, servir à la reconnaissance officielle de son appartenance à la société civile. Dans cet esprit, une proposition de loi relative au « baptême républicain » a été présentée à L’Assemblée Nationale en juin 2006 pour donner un statut légal au parrainage :
« Le parrainage trouve ses fondements dans la tradition chrétienne. Depuis le concile de Mayence de 819, le baptême et le parrainage constituaient une quasi-obligation pour les parents du nouveau-né ».
« Aujourd’hui la notion de parrainage a connu une évolution et se décline sous de nouvelles formes : parrainage d’enfants étrangers, parrainage culturel, parrainage scolaire ou encore parrainage professionnel ».
« Art. 77-1. - Un homme et une femme adulte bénéficiant de tous leurs droits civiques peuvent prendre sous leur protection lors d’une célébration de parrainage un enfant mineur.
« Les parents ayant l’autorité parentale sur l’enfant mineur doivent donner leur accord au parrainage.
« Le parrain et la marraine s’engagent à concourir, dans le respect de l’autorité parentale, à l’éducation et à l’apprentissage de la citoyenneté du mineur.
« Art. 77-2. - Le parrainage civil est célébré publiquement devant l’officier d’état civil de la commune de résidence du oudes parents.
« Art. 77-3. - Au jour fixé l’officier d’état civil fait lecture des articles 371-1, 372-1 et 381.
« Il reçoit la déclaration des parents du choix des parrain et marraine et le consentement de ces derniers à accepter ce rôle.
« Acte de ces déclarations est dressé sur le champ et signé de chacun des déclarants.
Cette loi n’est pas en application et le document relatif au « parrainage civil », délivré actuellement par la mairie, tel qu’il est rédigé et signé par les parents, le parrain, la marraine et le Maire (ou son représentant) avec le cachet de la mairie, présente exagérément un caractère officiel.
« Devant nous (le Maire ou son représentant) ont comparu en la mairie de (commune des parents), accompagnés de leur famille, (les parents).
Lesquels Nous ont déclaré présenter (l’enfant) dans la volonté de le placer sous l’égide et la protection de l’autorité civile et républicaine, émanant du suffrage universel ».
Les termes et la formulation de ce document, par comparution devant le Magistrat de la commune, semblent lui conférer une valeur juridique.
Dans le commerce cette pratique serait appelée « publicité mensongère » !
S’il n’y a pas lieu d’opposer le caractère religieux ou civil à une démarche volontaire et symbolique qui, aux yeux des parents se justifie par le tutorat moral du parrainage, il est probable que le nombre de baptêmes religieux qui se situe à un des bas les plus prononcé de l’histoire de l’Eglise catholique en France, est une situation favorable au regain de popularité du « baptême » dit civil. Un mot derrière lequel se déroulent des siècles d’histoire judéo-chrétienne…et la Révolution française !
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