Ces chrétiens dont vous n’avez rien à faire
Encore moins que les autres, c'est dire....
Ce sont les chrétiens orientaux, ces chrétiens qui célèbrent en grec, en syriaque, en copte, en araméen, an arménien, en arabe, ces chrétiens qui parlent d'ailleurs arabe pour la plupart d'entre eux. Minoritaires, toujours suspects aux yeux des maîtres s'étant succèdés sur ces terres depuis des siècles ils formaient souvent l'élite de leurs nations, et un pont avec l'Occident (voir à ce lien un article sur le massacre de ces minorités qui continuent).
Cependant, l'ignorance des catholiques est telle à leur sujet en 2018 qu'elle peut être illustrée par ce monsieur me demandant candidement à un stand de l'Oeuvre d'Orient à quelles dates étaient arrivés au Proche Orient les missionnaires ayant convertis ces croyants. Dans son esprit, un arabe était automatiquement musulman, pas un disciple de l’Évangile.
Je ne peux pas lui en vouloir vraiment après tout, personne ne lui en avait rien dit avant, et il n'avait pas eu la même chance que moi de vivre à Jérusalem. Et quand je lui précisais que plus de la moitié appartenait à l’orthodoxie, qu'ils n'étaient pas catholiques comme tout le monde, il se désintéressa de ce que j'avais à dire. Des survivances folkloriques que tout ça, on les écoute chanter et célébrer de la même manière que l'on regardait les indiens dans les réserves se trémousser dans des parodies de leurs danses traditionnelles.
C'est pittoresque, c'est bien gentil mais ce ne sont pas des vrais chrétiens...
La plupart des liturgies orientales, des traditions chrétiens du Proche Orient sont d'ailleurs souverainement ignorées par une grande majorité des catholiques dits « latins » dans ces contrées, y compris quand ils y vivent depuis plusieurs décennies.
Alors oui, certes oui, dans quelques paroisses françaises, l'on a accueilli deux ou trois familles chrétiennes arabophones mais on peut se demander si cela suffit de s'arrêter là car pendant ce temps le massacre continue. Et n'émeut pas grand monde. Il faut comprendre les occidentaux, les européens que nous sommes. Notre petit ego, notre petite psyché, nos petits problèmes de nombril sont quand même beaucoup plus essentiels.
Bref nous sommes complètement avachis...
Ces persécutés sont trop loin, pas assez exotiques pour que l'on puisse pleurnicher dessus ou faire de jolies photos, pas assez proches de nous pour que l'on puisse s'identifier et faire des « statuts » facebook (TM°) acceptables. Ces chrétiens sont très différents des catholiques français sur un point essentiel, leur foi s'incarne réellement tous les jours sans que cela ne pose aucune espèce de question, ou de conflit interne.
Même quand la mort est partout autour.
Celle des croyants français devient trop souvent un réflexe sociologique, un geste de milieu social et rien d'autres. Je suis toujours surpris (façon de parler lecteur ne comprenant pas la dérision) par ces « cathos » voulant imposer à leur progéniture des valeurs morales privées qui certes sont méritoires mais refusant de le faire sociétalement quant au fonctionnement de l'économie par exemple, fonctionnement totalement amoral.
Alors oui, certes oui, parfois quand un musulman commet un massacre, un meurtre quelconque, parler des chrétiens orientaux est une manière de se justifier de sa colère, de la mettre en balance avec la haine des islamistes dans une comparaison qui est aussi déjà un réflexe de minoritaire, de communautaire.
Je songe enfin à ce prêtre irakien prononçant l'homélie de la messe dominicale à Évreux il y a trois semaines, une homélie forte, solide, charpentée, et à tous ceux qui se mordaient la joue pour ne pas éclater de rire face à lui dans l'assistance à cause de son accent...
Sic Transit Gloria Mundi, Amen
Amaury – Grandgil
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