Deuil d’Achoura des Chiites
C’est pour l’imam Hossein, le troisième imam, que les chiites célèbrent dans le monde l'Achoura, le jour commémorant de son martyre suivant la bataille de Karbala en septième siècle. Les chiites sont traditionnellement connus par le rite annuel de l’Achoura.
Les chiites croient en Imamat, ce qui stipule que seulement les descendants du prophète possèdent une mission prophétique pour guider les musulmans. Le premier Imam est Ali et le douzième est Mahdi qui est en occultation depuis des siècles et réapparaitra à la fin des temps sur la terre pour régner le monde.
C’est sous la dynastie des Safavides en 16em siècle que le deuil d’Achoura se divulgua en Iran. Il s’agit du jour où le troisième Imam Hussein, fils du premier Imam et quatrième Calife, Ali, avec ses soixante-douze compagnons sont martyrisés par les troupes de Yazid, le maudit qui était Calife omeyyade en 680. Quelques siècles plus tard, cet événement prend une dimension exagérée en Iran.
Dès son apparition, le Chiisme fut une secte de persécutés et d’exclus dans le monde musulman. Les Safavides préparèrent un terrain favorable pour les faire venir en Iran. Les minorités chiites, souvent isolées au cœur des populations majoritairement sunnites, devinrent de nouveaux citoyens du premier état chiite du monde musulman sous les Safavides. Parmi eux, beaucoup d’Arabes qui se prennent pour les descendants du prophète Mohamed. Syed ou en langue arabe « seigneur » est leur titre qui leur permet de se payer le luxe de former une nouvelle caste privilégiée en Iran jusqu'à aujourd’hui.
Les Sayeds ont droit de porter des turbans noirs ou parfois verts. Ils n’étaient pas si nombreux en Iran avant la dynastie des Safavides. Les historiens ne dénient pas la participation de l’imam Hassan et l’imam Hossein, les fils d’Ali et les petits-fils du prophète, à l’invasion sanglante de la Perse (633-656) : les deux sont parmi les troupes envahissantes de l’islam mais aucune source ne signalise une trace de leurs descendants en Iran. Ceci étant, les Sayeds de l’époque pré-Safavides devraient descendre d’autres envahisseurs musulmans faisant partie des troupes arabes. Cette vue soutient l’idée que les descendants du prophète en Iran est loin d’être réalisable.
Quelque soit l’origine des Sayeds en Iran — descendants des envahisseurs arabs ou de prophète Mohamad —, ils sont aujourd’hui plusieurs millions dont la propagation disproportionnée montre qu’une grande majorité entre eux semblent être des charlatans et des opportunistes qui se sont faufilés dans les rangs des "descendants du Prophète" pour profiter de tous les avantages qui leur étaient offerts. Les descendants de Mohammad et à la fois des disciples d’Ali, gendre et cousin du Prophète Mohammed, inventent leur mythe de leur suprématie chez les chiites.
Revenant au mois du deuil, Moharrem, pendant les dix premiers jours du mois, et spécialement le neuvième jour (Tasou'ah) et le dixième jour (Achoura), les chiites se consacrent aux cérémonies de deuil en souvenir du martyre de l’Imam Hossein et de ses partisans à Karbala.
Tout au long de la journée d’Achoura en Iran, Des cortèges d’hommes vêtus de noir déambulent dans les rues au son des tambours rythmés par le frappement des poitrines et des chaînes et précédés par des porte-drapeaux et des groupes de musique funèbre. Les hommes marchent dans les rues en se frappant la poitrine et la tête pour exprimer leur peine collective. Des cérémonies émouvantes des coups de la flagellation (chaînes en grappes attachées à une poignée pour se frapper successivement les épaules ou la tête) sont rythmés avec le chant et instruments de deuil. Certains se tailladent même le crâne pour que jaillisse le sang.
La couleur de rouge représente le sang versé des martyres de Karbala, associé avec ce sang versé, les animaux sont égorgés, les objets de deuil sont colorés de rouge, on se blesse et blesse les petits enfants au coup de couteau pour montrer la douleur et souffrance des martyres de Karbala.
Les objets de deuil, comme les mains amputées en bois qui symbolisent les deux mains du martyre Abbas, le frère d’Hossein, coupole et ses minarets, des épées et d’autres armes de la guerre de Karbala, des pigeons de deuil sont présentés dans les cortèges. Des chants traditionnels du deuil se transmettent en Persan et Arabe afin de rappeler le drame de Karbala. Des innombrables scénarios et récits sont racontés pour le seul jour d’Achoura, des propos sans fondement historique et authentique pour rendre un tableau le plus tragique possible. Des symboles comme drapeaux vers ou noirs et longs drapeaux "alam" sont portés avec des groupes de musique funèbre a la tête des cortèges. Les femmes séparées des hommes suivent les cortèges.
En même temps la douleur et souffrance ainsi présentées favorisent l’industrie du chiisme par l’effet psychologique. Elles s’associent avec une punition réservée aux déviants qui malgré les sommations refusent de complètement réintégrer la secte “juste” de l’islam. C’est plutôt sous le régime totalitaire des mollahs que ce genre de constats est mis en cause par les iraniens.
Les sentiments douloureux justifient les actes de blessure comme un rite expiatoire chez chiites, le contraire tant qu'une déviation est alors punissable. En plus, le deuil d’Achoura dévoile l’assujettissement aveugles des iraniens aux envahisseurs et assassins de leur ancêtres comme l’imam Hossein lui-même qui faisait partie des troupes musulmanes à la conquête de la Perse sous le calife Omar. Tout est une perception humiliante qui devient pour les iraniens de plus en plus valide en l’assimilant avec les crimes du régime islamique.
Le mois Muharram ainsi devient un mois vraiment maudit où il faut éviter transactions commerciales importantes, tous les signes de réjouissance, vacances, et toute fête y comprise mariage. Par contre c'est plutôt la tristesse et le deuil qui doivent prédominer la vie sociale. Tout concourt à signifier le deuil et également à une culture de s’aliénation contre la culture de joie, celle qui préislamiques faisait partie de la culture persane.
L’importance de l’Achoura est aussi associée au pouvoir de la caste de clergé, surtout les Sayeds, en Iran qui reprend aujourd’hui une suprématie sanglante. En effet depuis les Qadjars, les Mollahs contrôlaient les institutions religieuses et culturelles comme des « madressehs » (écoles pour les garçons), la justice, et d’autres instituions publiques qui pouvaient restreindre les droits égalitaires des citoyens, l’égalité de femme, l’épanouissement d’arts et de sciences modernes et surtout contrarier l’identité préislamique de l’Iran, la Perse.
Sous les Qadjars, une nouvelle cérémonie de deuil émerge. Il s’agit de Ta’zieh qui s’inspire des événements de jour de l’Achoura, dont l’impression devient trop forte dans la mentalité chiite. Ta’zieh est une représentation théâtrale de ces événements, accompagnée de lamentations et de récits de deuil. Bien que ces récits et les lamentations infinies ne soient que des prêches imaginaires pour pousser l’industrie des Mollahs chiites.
C’est dans la cour royale de Nasser-al-Din Shah Ghajar que cette cérémonie a été officiellement lieu. Pour le shah qui se prenait pour « l’ombre de Dieu sur la terre ». Ta’zieh représentait une occasion supplémentaire que son populace prouve sa foi et son attachement aux valeurs divines par lesquelles le roi justifie son royaume chiite. Ensuite, ta`zyieh prend un aspect plus publique et aura lieu sur les grandes places « takieh » dont takieh de « dolat » (…de l’état) et encore connu. Les acteurs du ta’zieh sont toujours des hommes, et le rôle des femmes est tenu par des jeunes garçons impubères.
L'Achoura intervient cette année en Iran dans un climat de tension politique entre différentes fractions du régime islamique. C’est une occasion aussi pour une majorité d’iraniens exacerbée par l’ensemble du régime islamique à manifester leur mécontentement vis-à-vis l’islam politique et l’ensemble du régime. L’an dernier les cortèges d’Achoura étaient une occasion pour se transformer en défilé de l'opposition, des manifestations sont attendues cette année contre la dictature des Mollahs chiite en Iran.
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