Espérance et fortune dans les communautés polythéistes et plus largement païennes, mais aussi dans le monde occidental
Dans cet article, nous traiterons de choses démentielles, en ce sens qu'elles dépassent de beaucoup le quotidien, et qu'il faut peut-être en prendre la mesure, si possible, pour apprécier sa teneur. « Tout » part d'un constat au sein de la, ou plutôt des, communautés polythéistes, plus largement païennes, qui s'expriment online, mais qui existent aussi IRL (in real life, dans la vie réelle) – les unes recoupant parfois les autres, sans nécessité, et réciproquement. Ce constat, c'est l'observation des valeurs à l'oeuvre, prises dans une dialectique de l'espérance et de la fortune.
Mais d'emblée, il faut dire que cette dialectique ne concerne pas que les communautés évoquées : les communautés évoquées en sont, en quelque sorte, un genre de baromètre. En effet, ces communautés, en tant qu'elles se placent doublement « à faux » par rapport à l'héritage monothéiste et par rapport au devenir-laïc de cet héritage, présentent l'avantage d'en être des réceptacles originaux.
Ainsi, tout comme en médecine les phénomènes originaux permettent de comprendre rétroactivement les phénomènes normaux, ces communautés permettent de comprendre rétroactivement la société normale – si seulement elle existe.
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Espérance
Voici une vertu théologale dans le catholicisme, à côté de la charité et de la foi déjà évoquées chacune dans leur genre à travers mes réflexions (la charité explicitement, la foi implicitement). L'Antiquité nous a laissé un témoignage au sujet de l'espérance : il est hellénique. Et il parle de la vengeance de Zeus contre Prométhée, qui avait volé le feu divin pour aider les Hommes.
Zeus n'ayant pas aimé ce vol titanesque, et les Hommes n'étant alors que des hommes (c'est-à-dire uniquement composés de spécimens masculins), voilà que le Dieu conçu Pandore, une femme séduisante pour aller parmi eux, les H/hommes. Mais Zeus ne s'arrêta pas là, puisqu'il confia à Pandore une jarre contenant tous les maux du monde : guerre, famine, maladie, etc. dont l'espérance. Chose étonnante au regard moderne, puisque ce regard passa, depuis l'Antiquité, au tamis des monothéismes qui en font une vertu.
Dans les monothéismes, on retrouve l'espérance du judaïsme à l'islamisme. Dans le judaïsme, elle s'exprime essentiellement dans l'expression de « תיקון עולם, tikkun olam » rendue par « réparer le monde » et, dans l'islamisme, elle s'exprime dans l'expression « صَبْر, sabr » rendue par « endurance, patience ». Le juif scrupuleux se fixe donc un but : d'une manière ou d'une autre, réparer le monde ; c'est donc que le monde était, de base et d'une manière ou d'une autre, interprété pour cassé. Ce qui, en matière intentionnelle comme conséquentielle, laisse à désirer : en effet, si le monde est quelque chose comme cassé, c'est 1. que le Dieu exclusif aurait manqué quelque chose dans la Création et que 2. les Hommes eux-mêmes sont des créatures cassées, d'une manière ou d'une autre.
Sur le premier point, on songera facilement à l'expulsion de l'Eden, avec sa perte de l'innocence morale et de l'immortalité humaine – les pères bibliques perdant en longévité de génération en génération. Mais, 1. le Dieu exclusif avait lui-même posé les conditions de l'expulsion, en suggérant qu'on pouvait transgresser sa loi en goûtant aux fruits des arbres de la connaissance du bien et du mal, et surtout 2. c'est lui seul qui enragea d'un coup, à expulser son premier monde de l'Eden, qui n'était pas du tout au courant des risques qu'il encourait. Qu'on le prenne par un bout comme un autre, il appert que le Dieu exclusif est lui-même cause de la cassure !
Arguerait-on que le Serpent est un intrus réellement cause de la cassure, qu'il faudrait remarquer son statut – comme tout – de créature de la Création : encore une fois, ce Dieu exclusif avait lui-même créé les conditions d'une tentation devant sa loi en créant ce Serpent, et je renvoie au début de ce raisonnement.
Le juif devrait-il donc réparer « la faute de Dieu » ? Et comment le pourrait-il, lui qui en est affecté en tant que créature tout comme le Serpent, et suraffecté encore par l'exclusion de l'Eden ?... Si le Dieu exclusif n'est pas capable de réparer sa faute, nul ne le pourrait – selon le biblisme, – pas même le peuple élu !
Derrière ce raisonnement accourent chrétiens et musulmans, pour dirent que Jésus/Isa sauva la mise, et qu'il est précisément la capacité réparatrice du Dieu exclusif, sans parler de la filiation/identification divine du messie, ni de sa résurrection – auxquelles croient seuls les chrétiens, – ni de l'achèvement prophétique par Mahomet/Muhammad – auquel croient seuls les musulmans.
En tout cas, c'était la seule solution théologique pour « sauver Dieu » de sa faute : des rustines ! Mais quelles piètres omniprésence, omnipotence et omniscience divines que voilà... et encore ! Tout cela parce que les premiers juifs, interprétèrent le monde pour cassé, d'une manière ou d'une autre !... Les chrétiens recyclèrent le péché originel et l'islamisme ne réclamerait pas à corps et à cri qu'il faudrait être musulman, s'il n'y avait pas faute à ne pas l'être – selon lui. Et ainsi, d'enjoindre au sabr, qui est très proche de l'espérance chrétienne : garder la foi même dans l'épreuve.
Cette vertu est essentielle, en effet, quand on a identifié le Dieu exclusif pour ainsi dire à ce que d'autres nomment diversement : hasard, contingence ou destin. Etant donné que le sort advient pour le meilleur et pour le pire, et l'espérance devient une vertu pour conserver la foi et continuer d'oeuvrer dans la charité.
Les polythéistes sont moins fous : leurs Dieux & Déesses ne sont pas identifiés pour ainsi dire au hasard, à la contingence ou au destin. Au contraire les Dieux & Déesses, comme les Hommes, s'arrangent du sort. Et si le monothéiste songe doctrinairement qu'il y a dans tout sort, une leçon divine à tirer, ou bien une salvation divine à attendre... le polythéiste compte bien surmonter l'obstacle. Or cette notion d'obstacle vaut mieux que celle d'épreuve, puisque celle d'épreuve présuppose quelqu'un pour nous mettre à l'épreuve par le sort : j'ai nommé le Dieu exclusif...
Mais si certains sorts sont assurément des épreuves, imposées par quelque Dieu & Déesse dans le polythéisme, il n'en reste pas moins que le polythéiste n'y voit jamais qu'un obstacle à franchir, pour vaincre. Franchissement et victoire sont des notions dont le monothéiste se prive car, s'il franchit et vainc, ce doit toujours être « בעזרת השם, Deo volente, إن شاء الله... si Dieu le veut ! »
Bien que le polythéiste sera reconnaissant envers les Dieux & Déesses de franchir et vaincre, pour honorer leur éventuelle intervention, il le fera sans humilité ni honte pour sa fierté, grâce à sa créativité et son intelligence ou autre qualité plus physique encore : c'est que le polythéiste n'a pas d'espérance.
Si dans le polythéisme – au moins hellénique – l'espérance est rangée par Zeus-même, le Dieu des Dieux, avec les maux du monde... comment le polythéiste s'abandonnerait-il à cette faiblesse ? Où il faut comprendre que l'espérance est laissée dans la jarre de la séduisante Pandore, précisément parce que, pour séduire les H/hommes parmi lesquels elle est envoyée – et dont elle vient décupler la mortelle engeance de sa sexualité, – le meilleur instrument des femmes sera un mal pour les hommes : les laisser espérer. « T'as qu'à croire ! »... Aristophane l'a raillé dans Lysistrata, où les Athéniennes décident de faire la grève du sexe au grand dam des Athéniens.
Les monothéistes n'ont jamais pu accepter ce pouvoir féminin et l'ont diabolisé, quoiqu'ils soient sommés d'espérer ! Quelle hypocrisie. Evidemment, monothéistes ou autres, dénégateurs, malotrus, brutes et violeurs, bafouent ce pouvoir aussi.
Fortune
La fortune, c'est précisément ce dont il était question : du hasard, de la contingence, du destin, du sort. Il y a bien une Déesse romaine pour la figurer, et d'autres Déesses telles que la (D)Ana celte pour incarner le destin, ou encore les Nornes scandinaves pour tramer les existences, etc. jamais les Anciens ne prétendirent soumettre tous les Dieux & Déesses à ces divinités-là, quoi qu'ils les révéraient humainement, et quoi que les plus sages énonçaient que mêmes les Dieux & Déesses sont sujets au hasard, à la contingence, au destin, au sort. Bref : pas de quoi en faire un Dieu exclusif, nous obligeant à des raisonnements théologiques impossibles quant la puissance et au vouloir divin, ou au contraire son impuissance et la tentation diabolique...
A l'origine, la Fortuna latine est neutre, et dispose de la bonne comme de la mauvaise fortune – de la chance ou de la malchance, de la bonne aventure et de la mésaventure. Représentée en Suisse au sanctuaire du Cigognier, à côté de la celtique Naria, Fortuna tient – par cette association – d'une certaine force des choses. Que j'ai mise en scène dans mon ouvrage à paraître, aux éditions Sól og Máni : Diuiciacos, lettres à Excingos.
Si donc les monothéistes en firent l'identité essentielle de leur Dieu exclusif, c'est que, d'une manière ou d'une autre, ils prétendaient avoir un pouvoir sur la Déesse, sur les femmes en général, sur ces éléments tout particuliers que seul le féminin est vraiment capable d'introduire dans l'existence : la jouissance et l'enfant – ainsi que leurs contraires, jusqu'à la souffrance et la mort (or les mythes foisonnent de tels contraires, et même plus ! comme seule le génie féminin est capable).
Laissons les Modernes discuter de la possibilité de produire des petits humains en cuves artificielles, ainsi que de l'égalité des altersexualités : la nature est inégale, et il se trouva toujours et par nécessité, que l'accouplement introduise lesdits éléments dans l'existence. Cela alla toujours sans dire, quel que fut le degré de licence orgiaque qu'on s'octroyât, et cela devrait aller mieux en le disant, aujourd'hui ?... Un Aristophane aurait bien d'autres comédies à écrire !
Enfin l'essentiel, c'est que Fortuna est à l'oeuvre et que – Déesse – elle est femme. Ainsi, « tu peux toujours espérer ! » pour qu'elle te laisse tranquille, que tu appelles son action hasard, contingence, destin, sort ou... providence !... Le fait est que les philosophes peuvent discuter longtemps de la nature de notre arbitre (libre ou serf) qu'il faut bien s'y faire, se faire au hasard, à la contingence, au destin, au sort.
D'aucuns diront que l'idée de destin incite à la résignation, mais c'est absurde : si après tout, le destin destine tout, moi compris, personne n'est pourtant informé de sa destinée. Que donc il se résigne ou s'encourage n'a aucune importance, et tenter de surmonter sa destinée est plus noble que de la laisser nous submerger. En tout cas, l'antique héroïsme a pris sa décision, malgré tout ! Et d'ailleurs il a souvent été insouciant, eut égard aux oracles. Libre malgré tout, parce que, comme disait Nietzsche : « vouloir libère ».
Le fait est qu'une philosophie du pur hasard pourrait avoir le même effet déprimant, que la philosophie du destin déprime les lâches. En effet, si tout est livré au hasard, nos décisions ne sont jamais que des hasards réagissant à d'autres hasards, aléatoirement, ce qui leur ôte tout sens... Le destin, au moins, en risquant toujours de nous écraser sous son sens, semble en procurer – justement, du sens.
Et de nos jours, le débat entre le déterminisme et l'indéterminisme scientifique n'est pas tranché. Si bien entendu, le déterminisme est prégnant dans la nature (on observe par exemple, que nos volontés « chargent » mentalement avant que nous en ayons conscience, au point qu'on puisse douter de la liberté de nos décisions) il se trouve que l'indéterminisme aussi (on observe par exemple, statistiquement, en demandant à deviner des tirages de cartes, que l'on a à peine tendance à bien deviner, alors que seul un pur hasard aurait émergé, sans faculté de deviner l'avenir : c'est donc que nous sommes, doucement mais sûrement, doués d'une prescience qui regagne du terrain sur la liberté). Mais enfin, déterminisme ou indéterminisme, cela revient au même que destin et hasard (la contingence étant cette expérience de pensée, que les choses auraient pu être autrement, mais qu'elles sont ainsi ; le sort étant ce constat de la tournure que prennent les choses ; quant à la providence, elle suppose un Dieu pour prévoir, et si elle n'est pas nécessairement monothéiste, il s'avère que les monothéistes en firent un synonyme de leur Dieu exclusif avec un grand P, et qu'on la trouve à l'oeuvre dans la fantasy de J.R.R. Tolkien).
Les polythéistes n'ont aucun problème théologique avec Fortuna, ou quel que soit le nom qu'on voudra lui donner, car elle n'est pas exclusive. Les monothéistes par contre, sont toujours frustrés devant Fortuna – et comment ne le seraient-ils pas, puisqu'ils sont frustrés devant les femmes ? Aussi mettent-ils tout en oeuvre, en interprétant le monde pour cassé, et en cherchant mille folles raisons à leur Dieu exclusif, d'intervenir comme seule Fortuna intervient. Ils espèrent devant elle pour ne pas y penser, et conserver leur fidélité au Dieu exclusif malgré toute réalité : c'est profondément triste de leur part.
Les polythéistes n'ont aucun problème avec Fortuna, disais-je, parce que les polythéistes n'ont aucun problème avec les femmes, quoi qu'ils les traitèrent diversement selon cultures – du règne possible, au gynécée obligatoire, – et quoi qu'ils pratiquèrent sans jugement diverses altersexualités, comme disent les Modernes : on disait anciennement bougrerie, volupté. Cela dit n'exagérons pas le tableau : les lois, les coutumes et les moeurs ont toujours réglé les désirs, quels qu'ils soient, et la licence orgiaque ne fut jamais la règle – et pour cause : la licence orgiaque est chaotique. Passons.
Fait notoire : la Déesse romaine de l'espérance est Spes – c'est la même racine étymologique. Or, Spes et espoir ou espérance, remontent à l'indo-européen reconstitué sphe : succès, richesse. La Déesse Spes n'a donc rien à voir avec l'espérance monothéiste, puisqu'elle appelle le succès et la richesse du polythéiste. L'espérance monothéiste, au contraire, ne vise pas cela : elle vise à réparer un monde présupposé cassé, à endurer tous les obstacles pour des épreuves – du diable comme du bon dieu ! – non pas pour un succès et une richesse personnelles, mais la gloire du Dieu exclusif. Car le juif s'investit dans une cause, tandis que chrétiens et musulmans ne sont pas censés obtenir satisfaction dans cette vie mais dans l'autre (au pire : le cas du kamikaze musulman...). Sous cet angle, le juif est encore le plus païen des monothéistes, quoi que le chrétien et le musulman aient réinventé le monde d'en-bas et le monde d'en-haut en formes d'enfer et de paradis...
C'est donc dire que, pour les monothéistes, l'espérance a sémantiquement déraillé, puisqu'elle entra dans le champ lexical de l'aspiration spirituelle, quand elle aurait dû s'en tenir (comme pour le juif) à l'escompte d'une réussite. D'ailleurs, aspiration et spirituelle contiennent tous deux le latin spiritus : souffle, esprit. Si les polythéistes ont naturellement aussi des aspirations spirituelles, ils ne font pas entrer l'espérance dans ce domaine où, selon la langue des oiseaux (par associations, si vous préférez...), l'espérance finit par désigner l'expiration spirituelle ! (Le latin spero, j'espère est devenu spiro, je souffle/respire/vis... préfixé par é, ex, recouvrant donc l'acception idoine.)
D'aucuns jugeront cela capillotracté par méconnaissance de la langue des oiseaux, c'est-à-dire par le même effet qu'inflige le monothéisme aux monothéistes : ladite expiration spirituelle. Et ils se tiennent là, haletants, dans un air raréfié, à maintenir vaille que vaille leur fidélité, spirituellement essoufflés mais sûrs et certains que seul le Dieu exclusif peut les oxygéner. Pitié pour eux !
Ce que l'on sait des philosophies antiques
D'aucuns m'attendaient au tournant depuis un moment, car j'ai tardé à évoquer les philosophies antiques – et pas qu'antiques. On a éventuellement songé à m'opposer le stoïcisme, avant tout, parce que les stoïciens cultivèrent une patience à toute épreuve, et voulurent prendre chaque obstacle pour une épreuve personnelle – une occasion de s'endurcir, encore et toujours. Or voilà bien toute la différence avec l'espérance monothéiste, qui n'a pas l'ambition d'endurcir et condamne autant l'ambition, que cet endurcissement bientôt jugé orgueilleux.
Quant au cyrénaïque, son hédonisme n'aurait jamais voulu d'une telle espérance (« un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ! ») et dans le meilleur des cas, le cyrénaïque aurait voulu le plaisir du franchissement et de la victoire – certes peut-être à moindres frais !... Quant à l'épicurien, son autarcie et son matérialisme éthiques, visaient précisément à se passer d'espérance en se confinant au jardin. Quant au sceptique, sans conteste il serait sceptique au sujet de l'espérance, sachant qu'il l'est déjà au sujet de la présence ! l'espérance renvoyant à l'avenir non-encore présent.
Alors, curieusement, à propos des écoles de vie philosophique modernes, il est à dire que l'existentialiste, pétri d'angoisse devant ce qu'il nomme liberté, peut bien « se faire être espérant » : c'est pour lui une option, non une obligation. Le fataliste nietzschéen, enfin, recherche sa plus haute espérance, qui est aussi sa suprême souffrance ! selon un mot de Nietzsche tiré du Gai savoir ; mais c'est une espérance au sens antique, impliquant une réalisation surhumaine : elle n'est assujettie à rien ni personne qu'elle-même – qu'à sa volonté de puissance (en quoi elle n'a aucune peur de s'éperdre dans la souffrance, et par quoi les monothéistes, surtout chrétiens, ont cru pouvoir dire que Nietzsche réinventait séculièrement la Passion christique).
Quid des communautés polythéistes, et plus largement païennes ?
Nous distinguons les communautés polythéistes et païennes, en ce sens que les communautés polythéistes peuvent certes être jugées païennes par les monothéistes ou les laïcs (qui reprennent ce vocable de païen hérité) que ces communautés polythéistes gardent un caractère plus traditionnel que les communautés païennes au sens large. Communautés païennes qui dérivent souvent vers des formes de New Age et autres fallaces voire politicardises – même quand elles contiennent, facultativement, du polythéisme.
Mais enfin ces communautés, quelles qu'elles soient, ont permis de quintessencier la dialectique de l'espérance et de la fortune, car elles sont traversées par ces attitudes. D'une part, par héritage monothéiste subconscient ; d'autre part, par revendication antimonothéiste-propolythéiste-propaïenne consciente... cette revendication serait-elle caricaturalement sommaire (or, elle l'est, caricaturalement sommaire) car elle agit dans le sens monothéiste de sa diabolisation.
Le désespoir contemporain
A priori, les polythéistes et autres païens contemporains, ont l'espoir de réaliser ce que la brièveté de la vie de l'empereur romain Julien le Philosophe, ne permit pas de réaliser : un retour aux Anciennes Coutumes. D'ailleurs, en Islande et en Norvège pour l'asatru, en Grande Bretagne et en Espagne pour le druidisme, en Grèce pour l'hellénisme, les USA n'en parlont pas (avec leur totale licence spirituelle même pour les sectes les plus terribles ou délurées), etc. existent des reconnaissances institutionnelles. Disons, avant tout, que des volontés ont bien oeuvré, et que Fortuna les a exhaussées – ou Sudz, pour le dire avec un Dieu slave du destin.
En France, des associations cultuelles, de fait comme de droit, ont droit de cité sans problème, avec la laïcité. La sécularisation du monde occidental permet cela, de même que la modernisation du monde slave, par ailleurs le plus dynamique collectivement, à ce niveau. Il existe, en outre, l'ECER : European Congress of Ethnic Religions, Congrès Européen des Religions Ethniques. En fin de comptes, il n'y a pas tant à espérer, qu'à être reconnaissant, malgré les narquoiseries monothéistes ou athées.
Car, sans vraie surprise, existe une forme de désespoir dans les milieux polythéistes et plus largement païens, parce qu'ils se nourrissent, par héritage moral, d'espérances. C'est à la fois un vrai, et un faux problème... C'est un vrai problème dans la mesure où, comme on l'a principalement vu, l'espérance n'est pas une vertu polythéiste... Et c'est un faux problème parce que, logiquement, l'espérance décroît à mesure qu'on devient polythéiste (bien entendu, le monothéiste condamne cela pour diabolique). Attardons-nous sur ce faux problème polythéiste, néanmoins, avant de détailler le vrai problème, car il présente le danger de ce que je nommerai les TPS (Troubles de la Personnalité Singulière).
Un faux problème, pouvant néanmoins en causer : la singularité
Le fait est que nos cultures occidentales, bâtardement (post)monothéistes, sont habituées à cultiver l'espérance. Dans ce contexte, même laïc ou séculier, voire même activement antireligieux, l'espérance continue de faire partie des « qualités ». C'est-à-dire que, socialement, l'affect d'espoir, ou du moins ses manifestations, est perçu positivement ; cette attitude réflexe, lorsqu'elle est perçue chez quelqu'un, lui confère une plus-value sociale aux yeux des autres : « le prestige du bon esprit », qui n'est qu'un effet de masse.
Il s'agit de réflexes culturels hérités, malgré la diminution de la croyance : ça accouche du dicton populaire « l'espoir fait vivre ». L'activisme politique, surtout de gauche, est littéralement animé par l'espérance et ses frustrations ; à droite, l'espérance se manifeste surtout à l'occasion des élections et leurs « candidats providentiels » – la gauche se comporte de manière prophétique, et la droite de manière oecuménique.
Bien entendu, on trouve du cynisme désabusé, voire du rejet antisocial pur et simple, qui semblent renier l'espérance. Toutefois, c'est toujours au nom d'une « fidélité supérieure » à des idéaux ayant replacé la figure du Dieu exclusif : le cynique désabusé, n'est jamais qu'un idéaliste déçu dans son espérance ; le rejet antisocial, n'est jamais qu'une révolte face aux espérances frustrées. Enfin, il y a les désespérés, c'est-à-dire les malades d'avoir perdu espoir... Donc rares sont les personnes qui savent se passer d'espoir.
Dans un tel contexte dominé par l'envie d'espoir, peuvent se manifester ce que je résumerai en tant que TPS (Troubles de la Personnalité Singulière). Car une personne qui se sent, à tort ou à raison, singulière, peut... je dis bien peut... se sentir isolée, esseulée, voire se croire marginale, et tourner à la marginalité. Elle est constamment... non pas en désaccord, non pas pas en discorde... mais en « malaccord » avec le commun des mortels. Elle est « mal accordée » aux autres, au sens instrumental et musical du terme.
C'est l'histoire du vilain petit canard, qui n'est pas nécessairement flatteuse quand on y pense, car on sait aujourd'hui zoologiquement que les cygnes sont des anatidés plus agressifs que la moyenne. En vérité cette agressivité se comprend, puisque la personne singulière subit socialement et constamment son malaccord, ce qui crée inévitablement des situations qui passent pour des désaccords et provoquent parfois des discordes. Evidemment, l'agressivité n'arrange rien ; enfin personne n'est fautif ni encore moins coupable, mais le malaccord est là. La difficulté de garder son sang-froid est alors atroce et des TPS peuvent... je dis bien peuvent... survenir. C'est-à-dire que la personne singulière est si accablée par – voire s'accable tant elle-même pour – sa singularité, qu'elle s'éperd.
Une personne qui a la singularité de se passer d'espoir, peut... je dis bien peux... ressentir sa constance affective pour un défaut, dans cet environnement culturel qui valorise l'espérance et condamne toute absence d'espérance pour désespérance. Alors, la personne singulière ressent sont défaut pour une affectivité défectueuse : elle se demande « ce qui ne va pas avec elle ». C'est là que son affectivité tourne en fait mal, puisqu'elle se ressent faussement désespérée. Avec un tel faux soi, comme disent les psys, la personne singulière en arrive – hélas – aux TPS.
Le remède à cela, c'est évidemment de déjouer le ressentiment, et c'est certes plus facile à dire qu'à faire ; pourtant, il y a à le faire. Le dernier obstacle alors, c'est que déjouer le ressentiment augmente le malaccord, avec ses inévitables désaccords et discordes (le monothéiste argue que c'est à cause du polythéisme diabolique, mais c'est juste qu'il interprète sottement la réalité sociale). Bref, l'agressivité dépressive est dangereuse.
Notons que ce qui vient d'être dit, saillant quand on se passe de l'espérance, vaut pour tous les autres articles mentionnés en en-tête, tant qu'on ne trouve pas de collectif partageant nos nouvelles valeurs. Mais continuons notre exploration an-espérante.
Un vrai problème, en causant tout un tas d'autres : les pagano-chrétiens
Admettons que tout se passe bien pour la personne singulière – cela arrive plus souvent qu'on ne pense, dans les conditions chaotiques de la laïcité libérale, encore que ces conditions délitent les cultures, les valeurs et les collectifs...
A ce point, même une personne capable de se passer d'espoir, dans les milieux polythéistes, se retrouverait confrontée à l'espérance païenne. Et je ne parle pas de l'espérance au sens étymologique, pas plus qu'au sens nietzschéen, mais bien de l'ensemble des païens contemporains qui, au fond, développent ainsi paradoxalement un désespoir pagano-chrétien (chrétien, car on les rencontre moins issus des juifs et des musulmans, en Europe...). Que font les pagano-chrétiens ?
Pour lutter contre leur désespoir, les pagano-chrétiens utilisent la méthode Coué ; vous savez, cette méthode qui consiste à se répéter névrotiquement ce dont nous voulons nous convaincre, pour nous illusionner sur sa réalité ? Eh bien, les pagano-chrétiens s'en servent pour ressentir une espérance... oui, eux aussi, ils sont dans le ressentiment.
Car alors que nous devrions déjà louer les Dieux & Déesses, de pouvoir nous fonder sur l'archéo/historiologie, afin de renouer avec l'Ancienne Coutume... les pagano-chrétiens refusent de voir que l'arbre est largement – et parfois totalement – déraciné... quoiqu'il ne soit pas mort puisque nous sommes là.
Je ne dis pas cela en raison d'espérer, mais en constat livré à la fortune.
Le pagano-chrétien, dans son agressivité dépressive, invente mille et une nuits contre-historiques et féeriques, pour dire à quel point « hermétiquement, ésotériquement, clandestinement » des continuités eurent lieu, inscrites dans le monothéisme, malgré le monothéisme, et même contre le monothéisme... de ce qu'elles auraient cherché combattre le christianisme dans son ombre.
Cela donna un tas de poèmes, livres, BD et films entraînants ces derniers siècles, sans qu'on touchât une seule fois à la vérité historique : dans ces mises en scène, le christianisme est toujours diabolisé (c'est un comble de diaboliser, quand on se dit païen !) et pris pour un imbécile en même tant que tout le monde (comme s'il avait laissé s'épanouir ces sortes d'hérésie, et que ces hérésies avaient pu délivrer un message intact dans pareilles conditions). Le ressentiment transpire à tous les niveaux, de ce que l'espérance est frustrée et le désespoir grand, à se réfugier dans l'imaginaire.
Il faut naturellement se tourner vers les ésotéristes et autres sorciers, à ce stade, qui ont vu et fait évoluer mille notions et symboles anciens. En les charriant à travers le monothéisme dans la féodalité, leurs travaux ont certes été diabolisés et condamnés pour hérétiques. Mais, surtout, ils se sont largement délités, ce qui ne permet pas de leur donner « la bénédiction », on s'en doute, quand on est polythéiste. Autant de raisons de désespérer, si on tient à l'espérance !... D'aucuns veulent y trouver le moyen de raccorder avec l'Ancienne Coutume ; on ne peut le leur reprocher car, comme nous le disions, dans le contexte actuel, il est couru de penser que « l'espoir fait vivre ».
Hélas, la seule chose de certaine là, c'est le pot-pourri des pratiques et spéculations magiques, qui ont peut-être... je dis bien peut-être... leur intérêt en magie (les magiciens, les premiers, savent la réalité de ce « peut-être », qui reconnaissent les fadaises) que cela ne concerne jamais, justement, qu'un pot-pourri pagano-chrétien : toute la magie contemporaine en est là d'un tel pagano-christianisme – ou pagano-judaïsme, ou pagano-islamisme... bref, d'un tel pagano-monothéisme.
De même que la Déesse Mari basque peut bien cacher, derrière sa paronomase avec la Vierge Marie, une Ma-ra Ri-gana ou Grande Reine, il a bien fallu accoutumer les anciennes valeurs à la nouvelle religion... La plupart du temps, ça n'a même pas été rebelle, mais innocemment populaire. Donc plupart du temps, donc, il n'y a pas eu de « société secrète », ni même discrète d'ailleurs, quoi que les choses aient infusé à travers la discrétion des gens modestes – y compris des curés ! Qui par exemple, au Pays Basque, pratiquaient encore voilà un siècle des rites pour invoquer la pluie et chasser la grêle – eut égard à la distance du haut-clergé. Innocence du Devenir.
Comment mieux vous dire que nous sommes, dans tout cela, en présence de mirages polythéistes ? Et, qu'en tant que tels, ces mirages ne peuvent que désespérer ceux qui les chargent d'espérance ? (On ne désespère qu'à raison qu'on a espéré.) Car il s'agit avant tout de prismes rétrospectifs, opacifiant notre regard sur l'Antiquité. Et c'est sans parler de tous les recours aux traditions lointaines qui, pour stimulantes qu'elles soient parfois, sont fondamentalement « de faux espoirs » inconvenants à notre Histoire, quoi que greffés dessus, interprétés à la sauce occidentale dans le cadre des rayons Religion, philosophie, ésotérisme de librairie : pagano-christianisme, quand tu nous tiens !... Tous ces espoirs, au fond, sont des tentatives passives-agressives pour gérer notre agressivité désespérée d'Occidentaux éperdus. Je vous laisse imaginer ce qu'on penser alors, de ceux qui ne procèdent qu'à travers leurs « ressentis » pour « adapter les traditions » après avoir vécu une « auto-initiation ». La désespérance New Age est immense.
Dans ce pot-pourri, on retrouve évidemment les adeptes d'un christianisme païen. Ecoutez bien : le christianisme médiéval était antisémite. Bien qu'originé dans le judaïsme, le christianisme s'affirma différentiellement depuis Rome. Mais, depuis deux siècles et même depuis cinquante ans surtout, avec la décision des juifs de mieux s'intégrer en Europe et les conséquences culpabilisantes de la Seconde Guerre mondiale, l'idée de « judéo-christianisme » a connu une propagande sans précédant, comme pour expier deux mille ans de différentiation chrétienne du judaïsme... Toutefois, remarquons que l'idée de « judéo-christianisme » n'altéra que les chrétiens, dans l'affaire, quoi que les juifs s'altérèrent aussi en s'adaptant à l'Occident. C'est notamment les Etats-Uniens, qui réactivèrent chrétiennement le mythe juif de la Terre Promise, dans l'Histoire de la conquête américaine...
Dans cette ambiance, les adeptes d'un christianisme païen arguent que « le Christ n'est pas Yeshoua » (le Jésus galiléen) « mais un super-archétype païen européen » ; car, certes, l'histoire de cet antique charpentier israélite, né d'une vierge, proclamé Fils unique du Dieu-Père exclusif, mort et ressuscité, identique au Dieu-même... l'histoire de Yeshoua se sera prêtée à toutes les projections polythéistes : la Déesse phrygio-romaine Cybèle – mère de(s) Dieu(x), la Déesse égypto-romaine Isis – mère d'un Dieu et résurrectrice, la mort et la résurrection du Dieu germano-scandinave Baldr ou de l'hellène Dionysos, la souffrance du Dieu germano-scandinave Odin, le métier boisé du Dieu celte Esus, la filiation du Dieu celte Maponos (littéralement « le Fils ») avec son père Dagodeuos (littéralement « le Bon Dieu »), la victoire sur la mort du romain Sol Invictus (« Soleil Invaincu »), la lumière spirituelle du Dieu hellène Apollon, etc.
En somme, pour ces pagano-chrétiens confirmés, adeptes du christianisme païen, « tous les espoirs sont permis »... et si ces espoirs ne ressortent pas trop des mille et une nuits contre-historiques et féeriques déjà évoquées, c'est qu'ils ont pour eux de s'enraciner dans la récupération des fêtes polythéistes par les fêtes monothéistes, sans compter qu'ils ressortent, évidemment, de la magie aussi évoquée. Mais comment vous dire, que le syncrétisme d'un tel paganisme n'est qu'un palliatif au désespoir, nourri au lait de l'espérance chrétienne ? Il vous gonfle tant d'espoirs, que la fortune ne peut que vous réservez une dure chute.
Et ce n'est pas terminé, puisqu'à partir de cette propagande chrétienne païenne, c'est tous les milieux néopaïens qui ânonnent et bêtifient, au sujet « des fêtes chrétiennes qui ne sont que la récupération de fêtes païennes » comme si cette récupération n'avait pas infligé « de saintes rétorsions » au polythéisme, bien plus profondes que ce qu'une simple dénonciation peut balayer, sans compter que le christianisme a crucifié ces fêtes au bois du calendrier romain grégorien devenu civil. On invente alors, dans un espoir dérisoire, la roue de l'année wiccanne, bientôt récupérée même par des néodruides et des asatruars, alors que rien ou presque ne concorde... au hasard : les Anciens ne fêtaient pas ou peu les solstices et les équinoxes. Ceci est de modernisation sous le coup de l'astronomie et du calendrier civil, avec ses mentions saisonnales aux 21 de mars, juin, septembre et décembre...
Ajoutons que l'espérance augmente l'agressivité. En effet, c'est toujours parce qu'on s'attendait à autre chose que l'on perd patience, voire qu'on s'énerve, jusqu'à l'agression. Ce n'est pas ce qu'on peut nommer une manifestation de force, maîtrisée : l'espérance, éconduit ! C'est de ne pas le supporter, qui rend, par exemple, dénégateur, malotrus, brute et violeur avec les femmes.
Ce serait une passion masculine issue des reins, si les femmes-mêmes n'y étaient pas sujettes entre elles, à se détromper les unes les autres : Freud la nommait der Wunsch, le désir, littéralement le voeu (l'espérance est à moins d'un pas) et j'opposerais volontiers à son affirmation selon laquelle « la libido est masculine », que la libido est féminine... c'est juste qu'elle éveille plus naïvement le masculin, qui peut féconder : pour Dolto, chez la femme, la libido est insituable ; pour Belhaj Kacem, chez la femme, la libido concorde avec la jouissance – chez l'homme, la libido est découplée de la jouissance.
Car le sex appeal mammifère émane des femelles ; l'hominisation a orienté ce sex appeal, parfois l'a désorienté, sans le tuer.
Qu'est-ce qui est polythéiste, dans quoi tout le paganisme devrait s'enraciner ?
Sans surprise, ce qui est polythéiste, c'est la fortune. Je renvoie à ce que j'en dis plus haut sous le titre idoine, plutôt que de me répéter. Mais, concrètement, cela se traduit par la capacité de se passer d'espérance. La fortune dit : « Tout peut arriver » mais aussi « Que ce qui doit arriver, arrive ! »
Si naturellement, il existe des façons de (se pré)parer à l'avenir, afin d'amortir l'imprévu, et dans chaque domaine avec des méthodes différentes, remarquons qu'il est (em)bourgeois(é) de vouloir (se pré)parer à tout, comme c'est le cas dans l'actuel système assuranciel et pas qu'assuranciel – et toutes ses dérives pas assurancielles du tout...
Ce que ne supporte pas le monde actuel, justement, c'est que « tout puisse arriver » ni que « ce qui doive arriver, arrive »... évidemment quand ce qui doit arriver semble néfaste. Mais même quand ce qui doit arriver serait faste, la modernité voudrait que tout reste modulable et intuitif ; elle se révolte contre la force des choses et appelle cela « liberté » bien qu'elle combatte l'aveni – surtout s'il semble lui échapper.
L'innovationnisme et le progressisme sont paradoxalement conservateurs, puisque l'innovation et le progrès sont sous rentable contrôle : il n'y a pas d'effusion, il n'y a que de la gestion. Dans de telles conditions, on ne doit pas s'étonner que le primitivisme et le conservatisme puissent devenir révolutionnaires ! Passons.
On me dira « qu'il faut bien anticiper, parier sur l'avenir » dans nos démarches, et qu'à ce titre, « l'espoir est permis ». Mais pourquoi donc espérer ? En dehors d'invocations aux Dieux & Déesses, en vue de s'accorder leur bienveillance et la fortune (espérance étymologique) ainsi que de l'effort surhumain (espérance nietzschéenne) il n'y a rien à espérer. Il n'y a rien à espérer, mais tout à accepter, et à se motiver dans nos projets.
Or, par les conditions plus ou moins post-monothéistes auxquelles est venu l'Occident, il est vrai que la fortune s'est fait une place. Dans la mentalité nihiliste, elle oscille entre déterminisme scientifique dur et hasard pur... à savoir : la seule pensée de la contingence (selon laquelle les choses auraient pu être autrement, voire ne pas être).
C'est-à-dire, encore une fois, que la moderne fortune n'est qu'un ressentiment dont il faut s'extirper, inhérent aux désespérances post-monothéistes... conséquences d'avoir trop espéré jusque là, rendues au cynisme désabusé voire au rejet antisocial. Enfin, malgré tout, et même surtout, il faut aimer Pandore et l'espérance qu'elle inspire ! Ça n'empêche pas de s'en défier : quand on aime, on prévient son coeur des risques qu'il encourt (on ne part pas à la moindre difficulté).
Il va de soi qu'un polythéiste responsable se refuse à espérer ; au contraire, il épouse Fortuna ! Là encore par amour : quand on aime, on s'adapte à son amour (on ne fuit pas à la moindre difficulté). Et, pour ceux que cela intéresse, dans le domaine celtique, je renvoie vers mon Diuiciacos, lettres à Excingos, à paraître aux éditions Sól og Máni.
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