La franc-maçonnerie a pour objectif de « libérer » l’homme de ses entraves afin qu’il puisse être totalement heureux dans le monde qui l’entoure, la franc-maçonnerie doit concourir à perfectionner l’homme pour l’amélioration de soi. C’est en raccourci, je l’avoue, ce qui s’écrit et se dit sur la franc-maçonnerie en général et tout particulièrement sur la franc-maçonnerie dite laïque mais celle qui ne se « classe » pas en laïque, cache tellement la notion de transcendance, afin de s’ouvrir à tous !, qu’elle pourrait faire sienne cette définition réductrice.
Il peut exister encore une franc-maçonnerie qui aborde la Connaissance et qui a pour but d’aider l’homme à dépasser son individualité pour découvrir sa personnalité, son Soi transcendant. Cette franc-maçonnerie transcendante n’est pas une « entité » en elle-même mais des pèlerins en quête de Tradition transcendante composent les colonnes des loges de certaines obédiences. Il ne s’agit pas ici de dire que telle est meilleure que telle et que l’une est le vrai chemin et l’autre non. Il s’agit de dire que du point de vue traditionnel, c’est-à-dire du point de vue de l’esprit, c’est bien la franc-maçonnerie transcendante qui peut conduire le pèlerin sur le chemin de l’Absolu. La franc-maçonnerie transcendante c’est la connaissance d’un Principe Suprême, Axe sacré présent dans tous les êtres, dans tous les états que peut traverser l’Etre, aussi bien dans le monde manifesté que le monde non manifesté.
La franc-maçonnerie transcendante doit nous permettre d’étudier la Connaissance mais aussi de la réaliser puisque la Connaissance est effective uniquement si elle est achevée par la réalisation. Il convient de reconnaître que cette franc-maçonnerie transcendante, la seule d’ailleurs qui devrait porter le nom de franc-maçonnerie, est ensevelie par l’agitation de la franc-maçonnerie laïque qui détourne des notions qui devraient être transcendantes pour les revêtir d’un nouvel habillage illusoire du nom de développement personnel. Au sens traditionnel, le développement personnel serait donc le développement de la personnalité, c’est-à-dire justement la transcendance qui loge dans notre cœur, ce serait donc le détachement complet de ce monde actuel et se laisser guider par l’Axe sacré ; c’est-à-dire la disparition totale de l’ego. Le développement personnel tel qu’on le présente seraient de « canaliser les énergies » qui sont en nous afin de vivre libre et heureux, c’est-à-dire améliorer notre individualité, vivre avec son ego. On voit bien là la différence entre une démarche traditionnelle et donc transcendante et une démarche de développement personnel. La démarche traditionnelle consiste à chercher son unité pour ensuite obtenir la délivrance, l’union totale avec le Principe. Les deux chemins ne mènent pas à la même destination.
Effectivement, la démarche traditionnelle, qui exclut totalement le prosélytisme, ne cherche aucunement à faire de la « publicité » pour vanter les mérites de son chemin mais alors qu’un nouveau cycle va voir le jour il est temps, non pas de « recruter », mais d’indiquer qu’une voie spiritualité traditionnelle peut être emprunter pour le pèlerin qui le peut.
La franc-maçonnerie transcendante est celle dont l’initié prête justement serment sur le volume de la loi sacrée. L’étude par la Connaissance des textes contenus dans ce livre sacré nous ouvre le chemin de l’Absolu, chemin où la doctrine a remplacé le dogme.
La franc-maçonnerie transcendante repose sur les piliers de la foi, l’espérance et la charité. L’initié est passé de la crainte à l’Amour. La foi trouve son prolongement dans l’intuition intellectuelle qui à son siège dans le cœur du cœur. Elle est l’étincelle qui nous ouvre le vestibule de la Connaissance. L’espérance est la réalisation de ce monde meilleur qui peut être atteint dans l’état dans lequel nous nous trouvons. La charité c’est la reconnaissance de l’autre tel qu’il est et non pas tel que nous voudrions qu’il soit.
La franc-maçonnerie transcendante est celle qui s’appuie sur une fondation exotérique, c’est-à-dire en occident sur une tradition religieuse, puisque c’est la forme qu’a prise la Tradition dans cette partie du monde. La réalisation de la Connaissance ne peut se faire qu’une ou deux fois par mois, c’est au quotidien, à chaque instant, que notre esprit doit être orienté vers la Lumière de l’Axe sacré. On objectera qu’en occident la tradition catholique chrétienne empêche le pèlerin de s’appuyer sur elle car elle condamne celui qui veut dépasser le dogme. Nous pouvons comprendre cette condamnation puisqu’elle voulait justement se protéger de la dérive anti-religieuse qu’elle pourrait entraîner. Sur ce point, elle avait raison, par contre étouffer le dépassement du dogme entraîne forcément sa dégénérescence et son appauvrissement au point où on le connaît aujourd’hui. Un exemple parmi tant d’autres est la place donnée aux laïcs qui officient à la place des prêtres ! L’extérieur ne peut exister sans l’intérieur, c’est l’amande qui forme l’écorce et non l’inverse. Dans tous les cas, il est plus que temps de dépasser cette vaine polémique. L’initié de la franc-maçonnerie transcendante devra donc de manière orthodoxe trouver le début de réalisation la plus proche de la Tradition dans le monde le plus anti-traditionnel qui n’a jamais existé, en attendant de quitter ce monde là, car, à un moment donné, il est une entrave pour le pèlerin qui veut arriver à sa destination.
Ces trois points permettent au pèlerin qui chemine sur la voie traditionnelle de baliser son chemin. En aucun cas, ces points ne doivent servir de support à la polémique, la vindicte ou l’affirmation d’une supériorité individuelle. Par contre, ils peuvent être affirmés sans crainte et sans honte.
Laurent Mollard