Islam : Mais où est donc passé le soufisme ?
Seule la multiplication des erreurs et des sottises que j'entends et je lis à propos de l’Islam, des Musulmans et du mot « arabe » lui-même me pousse à revenir sur un sujet que j'ai déjà évoqué à de nombreuses reprises et qui me paraît pas d'ailleurs poser de problème particulier, tant la documentation sur le sujet est abondante, à la condition toutefois de se donner la peine de consulter ces sources, sans se limiter aux vidéos de Daech ou aux ignorances de notre presse !
J'ai fréquenté et connu bon nombre de Musulmans et j'ai même quelques bons amis qui le sont encore ou qui l'ont été. Comme disait ce brave Paul Valéry : « La bêtise n'est pas mon fort ! » et, par conséquent, par hasard comme par choix, j'ai plutôt eu la chance de connaître des Musulmans intelligents (Mais si ! Mais si ! Ça existe !). Il y en avait beaucoup déjà à une époque très lointaine où ils étaient, sinon plus nombreux du moins plus influents et plus visibles, de Damas à Cordoue, que bien autres que les circonstances du temps maintenaient à cette époque au cul de leurs chameaux au fonds de l’Arabie qu’on disait alors « Heureuse » au lieu d'en faire le nombril actuel du monde ! Mes amis musulmans se lamentent tous et toujours de l'immobilisme (et souvent hélas du recul) intellectuel des communautés musulmanes qui ont bien changé depuis le glorieux temps de l'Andalousie. Hélas, comme bien d’autres, ils ne le font guère savoir !
On nous bassine avec l’arabe qui serait la langue de plus d’un milliard et demi d’humains ; cette formule me fait me tapoter le menton pour des raisons diverses et multiples dont le détail serait trop long à évoquer ici. Je ne suis jamais allé essayer de vérifier et je suis d'ailleurs bien incapable de le faire, mais je me souviens que mes bons amis, compétents en la matière et parfaits arabophones … eux, me disaient qu'il n’existe même pas de dictionnaire complet et universel de la langue arabe ! Je n'y vois aucun inconvénient pour ce qui me concerne et cela ne fait que me confirmer dans l'idée que le principal problème de la religion musulmane est le conservatisme frénétique qu’on lui impose dans le wahhabisme qui en est devenu évidemment la meilleure ou la pire des incarnations. À mes yeux la principale preuve de l’étourderie, voire de la non-existence d’Allah, réside dans le constat évident qu’il a mis la totalité des ressources énergétiques du monde sous les fesses de ses plus sinistres sectateurs.
Il y a en revanche un terme essentiel à mes yeux dans l’Islam, mais que je n’entends et ne lis nulle part : « soufisme ». Le soufisme (en arabe : تصوف ou taçawwuf ) désigne, en effet, le cœur ésotérique de la tradition islamique. Ce mot qualifie la « vérité » intérieure qui « vivifie et permet la compréhension profonde de « es-shariyah » (la « grande route ») et qualifie non seulement la haqîqah, mais aussi « l'ensemble des moyens destinés à y parvenir, appelé tarîqah conduisant de la shariyah vers la haqîqah, c'est-à-dire de l’ « écorce » (el-qishr) vers le « noyau » (el-lobb) par l'intermédiaire du « rayon » allant de la circonférence vers le « centre ». Le soufisme est lié, depuis les origines, à la fois aux orthodoxies sunnite et chiite, bien qu'il ait pris des formes différentes dans ces deux cas.
René Guénon écrit que, dans la langue arabe, selon un caractère commun par ailleurs avec la langue hébraïque (un de plus !), le sens premier et fondamental du mot « soufi » est donné par « l'addition des valeurs numériques des lettres dont il est formé ». Le mot soufi en a le même nombre que El-Hekmah el-ilahiyah, c'est-à-dire la « Sagesse divine » ; le soufi véritable est donc celui qui possède cette sagesse, ou, en d'autres termes, il est el-ârif bi'llah, c'est-à-dire « celui qui connaît par Dieu », car Dieu ne peut-être connu que par Lui-même ». On comprend déjà que nous sommes là fort loin du djihadisme et de Daech, quoique le soufisme soit au cœur même et aux racines de l’islam ! Dans le soufisme, l'Être suprême est Dieu, à l’agrément duquel on accède par l'amour qui tient la place centrale dans l’enseignement soufi.
Aussi longtemps que les caprices et les hasards de l'histoire ont fait que la domination d'une partie du monde alors connu a été confiée à l'empire ottoman, dont l'islam était infiniment plus accommodant que celui de nos émirs actuels, les choses ne sont pas trop mal passées et les affrontements furent pour l’essentiel territoriaux. Il a fallu la fin de « l’Homme malade » et le développement frénétique de l’exploitation et du rôle des ressources gazières et pétrolières pour que les choses se gâtent. Nous devrons nous en accommoder au moins jusqu'au moment où les dites ressources étant épuisées, nos émirs devront enfin retourner à leurs chameaux de course et à leurs faucons.
Nous n'en sommes hélas pas là, mais on peut espérer voir enfin le bout du tunnel des énergies fossiles puisqu'on constate déjà que le roi du Koweït a déjà dû commencer à aller planquer son pognon au Panama et qu’il y a, si je puis dire, de l’eau dans le gaz en Arabie, en Arabie Saoudite comme au Yemen ou ailleurs ! À ce propos et pour conclure, je vous recommande la fréquentation du blog de Hedy Belhassinne qui est souvent très informé (et pour cause !) et un peu décoiffant !
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