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Accueil du site > Actualités > Religions > La laïcité française paisible... vue de Rochefort !

La laïcité française paisible... vue de Rochefort !

Point de vue d’un pasteur protestant évangélique sur la laïcité au travers d’une rencontre interreligieuse de trois jours, qui a eu lieu à Lyon, en septembre dernier.

Lyon, partagée entre l’humanisme pour un meilleur monde et son équipe de foot qui jouait contre le Real Madrid. Laissons le ballon de côté, et passons en touche : l’intégrisme a été stigmatisé par le premier ministre et approuvé par des dizaines de responsables religieux de toutes confessions (juive, musulmane, catholique, protestante, orthodoxe, bouddhiste, hindoue, etc.). La rencontre interreligieuse se donne comme objectif la réflexion, sans oublier la dénonciation de l’intégrisme violent. Elle veut chercher une autre voie de paix. Rien de nouveau, et pourtant si actuel ! Ce type d’intégrisme ne connaît pas les rapports de tolérance qui doivent unir tous citoyens, religieux ou non.

C’est ainsi que la philosophie des droits de l’homme réunit tous les délégués mondiaux des religions. Quand on sait que cette philosophie est le fruit, entre autres, des dix commandements que Dieu (celui qui est nommé ainsi par les textes sacrés) a laissés aux hommes par la voie du peuple juif et des enseignements que le Christ a donnés à ses disciples, on pourrait avoir l’impression que la boucle est fermée. On peut unir, affirme le premier ministre, toutes les religions dans une civilisation unique, qu’il appelle "civilisation humaine". Quant à la modalité de cette globalité, il serait très certainement utile de l’approfondir !

Beau programme, certes, qui vaut son pesant d’or, mais qui malheureusement voit peu de concrétisations sur le marché de l’humanité. Alors il faut se battre pour rectifier le tir. Ces trois jours sont là pour y travailler. C’est la première fois qu’en France, une telle initiative a pris corps, même si celle-ci n’en est pas à son premier lancement. Voilà une manière de marquer la grandeur de la laïcité française, qui devrait être le modèle du monde, car il est respectueux à la fois de la « liberté de conscience » et de la « liberté de culte ».

Si Nicolas Sarkozy a eu le courage de vouloir concilier les religions par le modèle laïque français, la réunion des trois jours, avec 3000 personnes, et symboliquement organisée quatre ans après les attentats de New York et Washington (à l’initiative de la communauté catholique de Sant’Egidio), a désiré entreprendre cette réflexion, ces échanges interreligieux autour de ce thème : "Le courage d’un humanisme de paix". Que nous puissions trouver des solutions qui soient adaptables à tous les terrains minés de notre monde complexe n’est pas impossible, mais il reste encore beaucoup de travail de paix, de résolutions concrètes pour aller dans ce sens. Il va falloir y trouver tous les ingrédients d’égalité, de pouvoir équilibré, d’échanges commerciaux et culturels à la limite de l’altruisme.

Doit-on attendre un miracle ? Je ne sais, mais ces rencontres permettent en tout cas de déceler une volonté d’agir dans ce sens. Au plan local, à Rochefort, une volonté d’unité s’est exprimée. Dans un café, le Café de la Paix (son nom est symbolique de notre démarche), toutes les obédiences, y compris les évangéliques (et nous sommes loin de l’évangélisme américain dont on nous bassine régulièrement les oreilles dans certains articles médiatisés), se retrouvent pour échanger, partager et discuter de ce qui touche à notre quotidien individuel et collectif et de l’actualité. Une sorte d’AgoraVox, ce blog vivant collectif en trois dimensions, celui d’un moment. Une trentaine de personnes, toutes bien différentes (je dois préciser qu’il n’y avait pas de jeunes, à mon grand regret), mais ayant compris que notre différence, religieuse et non religieuse, est riche d’un vivre ensemble et, qui plus est, pourrait nous mener à un vivre ensemble encore plus concret. On a encore du chemin à parcourir, mais maintenant, il n’y a plus de barrière !

Une petite ondée, dans ce grand désert d’un humanisme en tranchées !


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11 réactions à cet article    


  • Pierre (---.---.135.132) 28 janvier 2006 14:58

    Bonjour Christian, J’ai lu avec plaisir et intérêt ton article. A bientôt !


    • louis michel (---.---.66.117) 28 janvier 2006 17:51

      interessent bon courage


      • mélodie (---.---.136.36) 28 janvier 2006 18:13

        merci, bel exemple d’intelligence humaine. Cela fait du bien au moral.Mélodie


        • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 28 janvier 2006 20:44

          Petite remarque historique : présentez les dix commandements comme l’origine (divine ?) des droits de l’homme est pour le moins discutable. Les droits de l’homme dans les dix commandements sont liés non au libertés individuelles et politiques, mais à l’obéissance au seul dieu de la religion monothéiste (juive) qu’affirme le premier et le deuxième commandement, en des termes passablement terrorisants

          Tu n’auras pas d’autres dieux en dehors de moi.

          Tu ne te feras pas d’image taillée, ni aucune figure de ce qui est en haut dans le ciel, ni de ce qui est en bas sur la terre, ni de ce qui est dans les eaux sous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles et tu ne les serviras pas ; car moi, je suis Yahweh, ton Dieu, un Dieu Jaloux qui punit 1’iniquité des pères sur les enfants, sur la troisième et sur la quatrième génération pour ceux qui me haïsse, mais faisant miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et gardent mes commandements.

          En ce qui concerne les derniers ;

          (Honore ton père et ta mère afin que tes jours durent longtemps dans le pays. Tu ne tueras point.Tu ne commettras point d’adultère.Tu ne voleras pas. Tu ne déposeras pas comme témoin mensonger contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain), ce sont des règles humaines de bon sens pour réduire le risque de violence dans la cité et ils étaient déjà connus avant et hors les religions monothéistes, chez les chinois et les anciens babyloniens etc..

          La seule originalité des dix commandements résident donc dans la soumission inconditionnelle au seul Dieu véritable, à l’exclusion des autres. C’est pourquoi on peut argumenter dans un sens inverse du vôtre : les dix commandements rendent légitime l’intolérance ; laquelle interprétation a dominé pendant des siècles les 3 religions monothéistes et c’est suite aux guerres de religions (chrétiennes) que les philosophes ont inventé des droits de l’homme laïcisés c’est à dire sans référence religieuse qui sont aux fondements de notre société démocratique.

          Le rasoir philosophique : l’illusion religieuse


          • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 28 janvier 2006 21:17

            Il fallait lire « présenter » et non « présentez » dans la première ligne ; les changements dans le texte en dernière minute, ça craint ; d’autant que la fenêtre est de plus en plus réduite...


          • Christian Pradel Christian Pradel 2 février 2006 14:32

            Merci pour votre intervention. Evidemment, la raison d’être des 10 commandements n’est pas la même que les déclarations des droits de l’homme. La plupart des spécialistes, quelles que soient leurs vues concernant la paternité, la date, la forme originale ou l’histoire du Décalogue, sont d’accord pour reconnaître l’importance sans pareille reconnue au Décalogue dans la compréhension qu’avait Israël de sa relation avec Dieu. L’exclusivisme au seul Dieu est propre à l’affirmation monothéiste. L’affirmation polythéiste, par exemple, avait aussi ses intolérances. Les menaces au sein du décalogue que vous avez écris en gras concernent ceux qui ont fait alliance, c’est à dire Israël. Les traditions implantées, quelles qu’elles soient sont très souvent, quand elles sont menacées de l’intérieur comme de l’extérieur, source de pratiques intolérantes et violentes.

            En parlant de sources, j’ai mis effectivement le doigt sur les textes religieux (décalogue mais aussi les idées évangéliques du nouveau testament), d’où ma précision par la proposition « entres autres » qui, sans le mentionner, ne voulait pas oublier les textes littéraires (Antigone de Sophocle, par exemple), philosophiques ( stoïciens). Vous avez raison de parler de la religion chinoise et sa philosophie. Mais avec tout cela, la liste n’est pas encore complète.

            Pour ce qui concerne le décalogue, il y a une reconnaissance, non exclusive des autres pensées, du droit à la vie, à l’honneur. En Babylonie, le code d’Amourabi, au début du 2ème millénaire, prescrit un certain nombre de droits. Le Décalogue est l’affirmation que face à Dieu et au peuple, chaque individu existe et a des droits, en particulier le droit de ne pas être tué, de ne pas être volé et le droit d’exercer librement lui-même sa relation avec Dieu. Il a une portée sociale et notamment le rôle de la famille, sa place centrale dans l’expérience qu’avait Israël de sa relation avec YHWH ( Dieu). Il faudrait plus de temps pour montrer que la relation entre Israël et YHWH n’était pas seulement une entité spirituelle conceptualisée mais était profondément enracinée dans les situations concrètes de la vie en Israël, les circonstances sociales, économiques et politiques.

            Je voulais simplement souligner (en voulant faire court parfois, on peut laisser entendre des idées que nous n’avions pas en vue) que le concept de droits de l’Homme est ancien. La déclaration des droits de l’homme est non seulement fonction du caractère spécifique de la culture qui fait partie de sa mise en place mais aussi une étape décisive dans le long processus historique de la reconnaissance de la valeur propre de l’individu. Cela va, pour notre occident, de la pensée judéo-chrétienne à la manifestation, jeune mais présente, des Lumières, c’est-à-dire la critique des tutelles extérieures et l’affirmation de l’autonomie avec son mouvement d’émancipation. Bien sûr je fais court ici.

            Quant à la légitimation de l’intolérance qu’un texte comme le décalogue permet, je reconnais que ces textes en facilitent la pratique mais l’histoire des religions et des moeurs nous montrent que le phénomène de l’intolérance n’est pas à ramener sur le seul compte des textes religieux mais aux faits de la volonté de pouvoir, plus ou moins hégémonique, et dont les caractères peuvent être religieux comme laïques. Comme je l’avais aussi écris ci-dessus, les traditions implantées, quelles qu’elles soient ( laïques ou religieuses) sont très souvent, quand elles sont menacées, source de pratiques guerrières. Ce phénomène est donc plus complexe, ce dont vous avez déjà certainement mesuré l’ampleur.

            Pour revenir à mon texte, vous pouvez bien sur interpréter le décalogue comme étant un moyen d’intolérance, contraire au droit de l’homme. L’inverse est aussi possible. Ce qui nous montre le caractère humain fluide dans son rapport à l’autre. Le décalogue à apporter une ossature à un peuple qui a su être tolérant et intolérant. Ceux qui s’en sont inspirés ( par exemple les chrétiens) n’ont pas tous abouti à une forme d’intolérance vis à vis de l’autre. Je ne pense pas que le décalogue existe dans le seul but menant à des pratiques d’intolérance. Vous dites, à juste titre, que « c’est suite aux guerres de religions (chrétiennes) que les philosophes ont inventé des droits de l’homme laïcisés c’est à dire sans référence religieuse qui sont aux fondements de notre société démocratique ». Ces très bonnes intentions n’ont pas été pour autant suivis des faits escomptés parce que le germe profond de la violence n’est pas dans la religion mais dans le caractère propre de l’homme ( religieux ou laïque). Ainsi je vois dans les droits de l’homme laïcisés « un bon modèle », peut -être universel, mais non « une force modèle ».

            Chaleureusement,

            Christian


          • optionnel (---.---.14.184) 29 janvier 2006 11:10

            il faut noter qu’il existe chez les animaux des « valeurs » de soutien, d’accompagnement, de solidarité et ils n’ont pas connaissance des commandements de dieu....


            • eric (---.---.182.106) 30 janvier 2006 18:25

              A tous les soit disant croyants:Ton seul salut,c’est toi l’etre humain qui déambule sur cette terre,qui fait la pluie et le beau temps et non pas selon des dires selon des débilités du genre forces de l’au-dela,dieux et toutes fables inventées par une poignée de malins pour dominer la majorité (troupeau de moutons) Religions = guerres intolérances frustrations etc.... le croyant voudra toujours avoir le dernier mot imposer sa facon de vivre et est prosélytiste dans l’ame.

              PS Le naturel revient toujours au galop.


              • Alain (---.---.169.254) 31 janvier 2006 15:19

                Je trouve cette vue quelque peu simpliste même si c’est votre opinion. On sait bien qu’on nom de la religion il y a eu des intolérances flagrantes. Mais réduire la religion qu’à de la frénésie barbare, c’est une vue simpliste.

                Alain


              • eric (---.---.234.26) 31 janvier 2006 20:59

                Peut etre simpliste a vos yeux mais les faits au cours des siecles et de nos jours me donnent malheureusement raison.Et personne ne me fera changer d’opinion.Sans etre hautain,le bourrage de mou avec moi ne marche pas !!


              • (---.---.53.104) 15 février 2006 21:36

                Les guerres les plus dévastatrices ne sont pas les guerres de religion ; regardez les scores désastreux des conflits du 20è siècles. L’intolérance est loin d’être la caractéristique centrale du croyant : 20 millions de victimes du nazisme, 60 millions de victimes avec les régimes communistes centrés sur l’URSS... Il serait intéressant de faire un bilan des initiatives de paix qui jalonnent l’histoire, on serait surpris...

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