Laïcité et duplicité : le complot de Rambouillet
En marge de la commémoration officielle du centenaire de la loi de 1905, s’est tenu un colloque : « Autour de la laïcité », orchestré par Gérard Larcher, à Rambouillet.
Plusieurs représentants des principales religions avaient été invités par le ministre délégué à l’emploi, au travail et à l’insertion professionnelle des jeunes. Parmi eux, trois ont prononcé ce qu’on peut appeler des doubles discours. En voici la teneur :
Commençons "en douceur" par Gilles Bernheim, le Grand Rabbin de la Synagogue de la Victoire, qui nous rassure tout d’abord sur ses intentions : « Cohérente avec l’histoire de la France, avec sa particularité laïque, la loi de 1905 ne nous paraît pas devoir être remise en question... Il s’agit aujourd’hui d’affirmer ce socle intangible (la laïcité) de notre société »... Mais, un peu plus loin, le Rabbin de la Grande Synagogue dévoile prudemment son jeu : « La loi de 1905 n’est pas censée assurer aux cultes une égalité de moyens. La loi est censée assurer aux cultes une égalité de liberté d’exercice. »
Deux autres intervenants, moins précautionneux, nous éclaireront sur ces paroles volontairement sibyllines. Examinons les déclarations du Pasteur Jean-Arnold de Clermont, président du Conseil de la Fédération protestante de France. Nous aurons droit, là aussi, aux mêmes précautions oratoires que celles du Grand Rabbin : « Le défi du XXIe siècle est celui de la préservation de la paix... Ce défi, nous avons à le relever aujourd’hui en nous tournant résolument vers l’avenir, encore une fois en confortant les principes fondateurs de la loi de 1905 »... Jusqu’ici tout va bien, mais peu après, Jean-Arnold de Clermont révèle clairement le fond de sa pensée : « Si nous vérifions dans la pratique - il suffit de penser à l’Islam en France et aux Évangéliques en france - il n’y a pas égalité de tous devant la loi. Nous devons trouver les moyens pour qu’il y ait une réelle égalité... Après un siècle de pratique, certaines clarifications sont nécessaires, notamment sur la question du financement des lieux de culte »...
Cette fois-ci, nous y sommes ! Il est bien parlé de "moyens" et de "financement des lieux de cultes".
Cependant, la palme des propos contradictoires revient à Monseigneur Lalanne, secrétaire général de la Conférence des évêques de France. Son intervention est très explicite. Comme les deux précédents orateurs, il nous assène tout d’abord son prétendu attachement à la "loi sur la laïcité" : « On n’a pas toujours compris la demande de ne pas changer la loi de 1905. Même si des questions nouvelles se posent, ne touchons pas aux principes de la loi ». Ensuite, tout devient limpide : « ...On évoque souvent le manque de mosquées, mais on manque aussi d’églises... On a bien sûr besoin de construire de nouvelles mosquées et d’autres lieux de culte... Il suffirait de quelques ajustements pour que l’exercice de cette liberté religieuse soit possible pour tous. »
Ne nous laissons surtout pas berner par l’euphémisme "ajustements" ! Ce que veulent Monseigneur Lalanne, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, et le Grand Rabbin Gilles Bernheim, ce sont des SUBVENTIONS de l’État pour bâtir églises, temples et synagogues. Ce qu’ils veulent donc, c’est, malgré leurs protestations de respect de la "Loi concernant la séparation des Églises et de l’État", l’ABROGATION pure et simple de ladite loi ! Car enfin, que signifie l’expression "SÉPARATION des Églises et de l’État", sinon "SUPPRESSION DES SUBVENTIONS DE L’ÉTAT" !
Un quatrième invité l’a d’ailleurs fort bien compris et admis : Dalil Boubakeur, Recteur de la Mosquée de Paris et, depuis juin 2005, président du Conseil français du culte musulman : "En ce qui concerne le financement par l’État des mosquées et autres lieux de culte, cette demande, qui modifierait radicalement, si on l’acceptait, l’esprit de l’article 2 de la loi du 9/12/1905, serait, à terme, porter également atteinte à l’article 1"... Parions que Nicolas Sarkozy, qui avait appuyé la candidature du Recteur de la Mosquée de Paris à la présidence du CFCM, lors des élections de juin 2005, se montrera fort mécontent de ce président récalcitrant ! (Notre ministre chargé des cultes ayant, lui aussi, pudiquement proposé un "ajustement" de la loi de 1905, en faveur du culte musulman - "ajustement-alibi", le 19 septembre de cette année, à l’Académie des sciences morales et politiques).
MM. Larcher (premier adjoint au maire de Rambouillet, et membre invité de l’UMP) et Jean-Frédéric Poisson (maire de Rambouillet, et vice-président du comité exécutif du "Forum des républicains sociaux", parti associé à l’UMP), ne s’attendaient sûrement pas à ce grain de sable dans leur savante machinerie (machination ?) politique et anti-laïque ! Leur "écran de fumée" (le financement du culte musulman) s’est dissipé, et chacun peut désormais voir qui et quoi se cachent peut-être derrière tout ça : le fervent chrétien Nicolas Sarkozy, et le financement du culte catholique !
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON