On constate depuis un certain temps, et un peu partout en France, de nombreuses interventions à propos de la laïcité. Stop aux signes religieux. Touche pas à ma laïcité. La laïcité est en danger. Interdiction au chef de l’Etat de faire l’éloge de la religion ou d’exprimer un quelconque penchant envers l’église. Tels sont les slogans qu’on entend ça et là, dans les propos tenus par certains hommes politiques, chaque fois qu’un haut responsable ose parler de religion.
Certes, la laïcité est l’un des principes les plus révolutionnaires des temps modernes. Elle a permis aux gouvernants de se dégager de cet ascendant des autorités de Rome lesquels, durant des siècles, ont exercé leur pouvoir sur les plus hautes instances des pays européens, intervenant même dans le choix des souverains comme dans leur destitution.
Les hommes de l’église étaient de véritables gendarmes, censeurs des mœurs humaines, qui relevaient toutes les défaillances des responsables et les manquements à la moralité.
Cette hégémonie a pris fin avec la Révolution française et la séparation des églises et de l’Etat, consacrée par la loi de 1905 qui fut longuement débattue à l’assemblée nationale.
Si certains hommes politiques comme Emile Combes et Maurice Allard, partisans de la tradition jacobine et anticléricaux, étaient pour l’éradication pure et simple de la religion chrétienne, la reléguant au domaine strictement privé, d’autres, tels Julien Jaurès et Aristide Briand, soutenaient quant à eux, une attitude plus nuancée, à savoir une neutralité de l’Etat vis-à-vis de toutes les croyances et la garantie de la liberté de conscience des citoyens, et ce, conformément à la déclaration des Droits de l’Homme. C’est d’ailleurs dans cet esprit que fut conçue la loi de 1905, adoptée le 3 juillet de la même année, après 48 séances d’âpres discussions à la chambre des députés, par 341 voix contre 233 et promulguée le 9 décembre 1905 par le président de la République.
Cette loi, jugée finalement comme étant un texte de conciliation, a mis fin à plusieurs années de tension, entre partisans ou non de la séparation des pouvoirs politique et religieux
COMMENT CETTE LOI PEUT-ELLE SE CONCILER AVEC LES PRESCRIPTIONS DU CORAN ?
Au moment de sa promulgation, cette loi ne concernait que les catholiques, les protestants et les juifs. Les musulmans étaient encore minoritaires en France et l’islamisme tel qu’on le connaît aujourd’hui, encore inexistant.La plupart, pour ne pas dire la totalité des jeunes femmes musulmanes en France et en Europe, ne portaient pas de voile à l’époque. Seules les vieilles femmes se couvraient les cheveux, ce qui est d’ailleurs le cas, aujourd’hui encore, des vieilles françaises dans la campagne.
Si en Arabie Saoudite et dans les pays du Golfe, le Hijab fait partie intégrante de l’habit de la femme,le port du voile islamique a toujours été facultatif en Egypte et dans les pays de l’Afrique du Nord. En milieu étudiant, la pratique est apparue, dans les années soixante dix dans les Universités de Bir Zeit en Palestine et Al Azhar au Caire. Depuis, et peu à peu, sous l’influence des islamistes,le port du voile s’est généralisé pour s’étendre à pratiquement l’ensemble de la communauté féminine musulmane en Egypte, et à neuf femmes sur dix, dans les pays du Maghreb. Cet enthousiasme pour le voile n’a pas épargné l’Europe où vivent des millions de musulmans. Pour les Islamistes, il ne s’agit pas là d’une mode vestimentaire, mais bel et bien d’une obligation religieuse faite à toutes les femmes musulmanes, affirmation que ne partagent pas un grand nombre de penseurs et responsables politiques arabes, notamment au Maghreb, lesquels n’osent pas cependant, le dire tout haut.
Revenons maintenant en France.
Personne n’ignore plus l’influence exercée actuellement par les Islamistes en Europe. Un grand nombre d’organisations religieuses s’activent dans les pays européens, encadrant et orientant les musulmans pour une meilleure observation des principes de la religion islamique, conformément aux prescriptions coraniques, telles que pratiquées dans les premiers temps de l’Islam. Parmi ces prescriptions il y a bien entendu, l’obligation faite aux femmes de couvrir certaines parties de leur corps et de porter un voile pour ne pas laisser paraître leurs charmes.
En partant de là, il n’est pas difficile d’imaginer l’attitude qu’un immigrant musulman qui quitte la mosquée, bien endoctriné et convaincu par les prêches d’un grand moufti, va observer désormais à l’égard de son épouse et de ses filles.
Certes, la loi de 1905 (article 2) garantit la liberté de conscience et la liberté collective de pratiquer une religion sans entraves. Mais il faut reconnaître que le nombre des mosquées et celui des femmes qui circulent avec un tchador ou un foulard et une djellaba, qui a changé quelque peu le paysage des villes et des écoles françaises, a de quoi inquiéter les Français de souche qui commencent à craindre une islamisation de l’Hexagone.
La loi du 17 Mars 2004 est venue, du moins au niveau des écoles, collèges et lycées, limiter un peu ce que certains considèrent comme un déferlement islamique et un dérapage de la société française. Ce texte stipule en effet que « le port de signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit ».
La loi de 2004 souleva, comme on le sait, un véritable tollé de protestation et d’indignation au sein des Français de confession musulmane qui estiment que les autorités françaises ont légiféré sous la pression médiatique et d’une certaine opinion hostile aux immigrés qui voit en l’Islam un danger pour la République. Pour ces Français musulmans, les mesures prises par la loi de 2004, ainsi qu’une certaine circulaire d’application de François Bayrou, à l’époque ministre de l’Education nationale, portent un coup grave aux principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Pourquoi, dit-on encore, obliger une musulmane à enlever son voile pour faire une photo d’identité ? A-t-on réellement besoin, fait-on remarquer, de voir le cou et les oreilles d’une femme pour pouvoir l’identifier ?
De nombreux François n’ont pas admis tous ces textes qui constituent selon eux, des restrictions dans les tenues traditionnelles des jeunes musulmanes, rappelant qu’au Royaume Uni et aux Etats-Unis, aucune loi n’interdit aux habitants de porter une tenue traditionnelle. Des Américains nés indous, qui vivent en Amérique depuis plusieurs décades continuent, disent-ils, de porter, hommes et femmes, des tenues de leur pays d’origine.
Dans un article intitulé Islam et Laïcité, Alain Boyer dénonce les discriminations contre les convictions religieuses et les manifestations d’identité.
‘’ La loi d’Allah doit être suivie avant la loi française ‘’ proclame un imam turc en France. Les pays musulmans qui suivent de près ce qui se passe en France, déplorent l’idée de certains hommes politiques qui cherchent à façonner à leur manière, un Islam à la française. Dans ces conditions, rétorquent certains Islamistes, pourquoi pas un catholicisme à la chinoise ou à l’indienne ?
La société du 21e siècle est, fait-on remarquer, une société cosmopolite où des hommes de races différentes, de couleurs, de religions et de mœurs différentes doivent cohabiter et s’entendre dans le respect de leurs différences. Tous les Français sont égaux. Ils ont les mêmes droits et les mêmes obligations.’ La laïcité a dit N. Sarkozy est cette barrière qui empêche les différentes croyances de s’affronter. Nous sommes a-t-il précisé’’ pour une laïcité ouverte, positive, une laïcité qui respecte, qui rassemble, qui dialogue, et non pas une laïcité qui exclut et qui divise’’ Arrêtons donc les discriminations, sans quoi on risque de voir au prochain 14 Juillet, des pancartes hissées aux abords des Champs Elysées, avec des écrits tels que :
TOUCHE PAS A MON VOILE
TOUCHE PAS A MA BARBE
TOUCHE PAS A MA DJELLABA
VIVE LA REPUBLIQUE.