Laisserons-nous mourir un innocent ?
"Les âmes ne se clarifient que par l'usage de la raison et la recherche intellectuelle. Et les adeptes des Lois religieuses adhèrent à leur croyance par imitation servile de leurs chefs spirituels..../... Ils reçoivent des fables qu'ils intériorisent telles quelles sans les confronter à leur jugement. Et quiconque met en doute ces chimères est perçu comme un mécréant et un infidèle." Abû Bakr Râzi (9e Siècle)
A diffuser largement, question de vie ou de mort :
Mohamed Cheikh Ould Mohamed, condamné à mort pour apostasie
Par André Chenet
à l'attention de Mr Hollande, Président de la France, et de son gouvernement,
La première condamnation à mort pour apostasie de l'histoire de la Mauritanie depuis son indépendance en 1960 a été prononcée mercredi soir à Nouadhibou (Nord-Ouest) à l'encontre d'un Mauritanien, musulman, inculpé après un écrit considéré comme blasphématoire - (AFP). Dans un court article, le jeune homme accusait la société mauritanienne de perpétuer un « ordre social inique hérité » de l'époque du prophète Mohammed.
Le prévenu, selon une source judiciaire mauritanienne, "a plaidé non coupable", en précisant que "son intention n'était pas de porter atteinte au prophète, loin s'en faut, mais avant tout de défendre une couche de la population mal considérée et maltraitée, les forgerons" dont il est issu.
D'après ses propos rapportés par la même source, l'accusé a affirmé devant la Cour : "Si on peut comprendre (à travers mon texte) ce pour quoi je suis inculpé, je le nie complètement et m'en repens ouvertement".
En février 2014, un célèbre avocat mauritanien, Me Mohameden Ould Icheddou, mandé par la famille du prévenu, a du renoncer à le défendre en raison des manifestations hostiles visant le jeune homme ainsi que lui-même et ses proches. A la suite du désistement de l'avocat, deux avocats ont été commis d'office par la Cour criminelle pour la défense de l'accusé.
Pour avoir eu le tort d'exprimer l'injustice extrême qui est faite à sa "caste", celle des artisans, et d'en accuser la société mauritanienne, où sévit toujours l'esclavage des noirs, Mohammed Cheikh Ould Mohamed a été condamné à mort le 24 décembre dernier par la "justice" de son pays qui est une République islamique où la charia est en vigueur, même si depuis 1987 aucune peine de mort ou de flagellation n'a plus été exécutée. Selon plusieurs organisations islamiques locales, jamais un texte critique de l'islam n'avait été publié en Mauritanie. Une partie de la population s'est par ailleurs réjouie de ce verdict d'un autre temps. Le 10 janvier 2014, quelques jours après son arrestation - le 2 janvier - des milliers de manifestants avaient convergé vers le palais présidentiel, où le chef de l'Etat Mohamed Ould Abdel Aziz les avait exhorté au calme en promettant de "prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre l'islam et son prophète". "La justice s'est saisie de cette affaire et elle fera son travail mais soyez certains que l'islam est au-dessus de tout, de la démocratie et de la liberté", avait-il ajouté. Quelques observateurs avertis de la société mauritanienne ont laissé entendre que, dans cette affaire, la religion aurait été utilisée en vue de cette condamnation scabreuse afin de détourner l'attention d'un autre procès à l'encontre du militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah, actuellement en cours dans la ville de Rosso, très compromettant pour le gouvernement mauritanien. Il s'agirait donc d''une tentative de diversion de l'État mauritanien. Quand bien même ce ne serait pas le cas, mettre à mort un homme pour la seule raison qu'il ait pu exprimer des idées et des revendications qui sont celles d'opprimés considérés comme des sous-hommes par les classes supérieures de son pays tout en remettant en cause des coutumes séculaires obscurantistes, serait un crime selon une version de la charia qui a servi à justifier ce verdict d'exécution capitale.
Il a été inculpé d'apostasie "pour avoir parlé avec légèreté du prophète Mahommed". Le jeune homme, âgé de 27 ans, s'est évanoui en écoutant la sentence prononcée contre lui tandis que, devant le tribunal une foule en liesse s'était réunie pour fêter à coups de klaxon et de "youyou" la décision des juges.
A ce jour, personne ne semble rien savoir à propos d'un éventuel recours.
Il serait urgent et sage que les chefs d'États des pays voisins (Algérie, Maroc, Mali, Sénégal ...) en appellent le Président mauritanien à la clémence, au nom de l'islam traditionnel sinon celui des droits humains, à moins qu'ils ne considèrent eux-aussi que la liberté d'expression doive céder le pas devant le fondamentalisme religieux. Le Coran n'a jamais été en soi un instrument de haine, et seule l'interprétation qui en est faite par des fanatiques et des ignorants en exclut les principes de tolérance et de compassion.
Ainsi la religion, en Mauritanie comme dans certains pays du Golfe persique, peut être détournée en une arme de Terreur pour protéger et renforcer l'absolutisme des pouvoirs en place.
Les démocraties occidentales et leurs organisations humanitaires sauront-elles, après les croisades de ces dernières décades - entreprises au nom de la démocratie en terres d'Islam - se faire entendre ou bien feront-elles comme si de rien n'était, au nom "du sacro saint principe de non ingérence dans les affaires d'un pays souverain" tout en continuant à se compromettre avec leurs richissimes alliés du Quatar et de l'Arabie saoudite ? En tant que citoyen français, je n'attends rien de moins qu'une intervention ferme et décisive de la part du Président Hollande avec l'appui de tous les représentants du peuple français. En espérant que la France puisse encore être à la hauteur des justes causes qu'elle s'est assignée depuis la révolution de 89, en condamnant haut et fort l'esclavage, la peine de mort, l'exclusion des déshérités où que ce soit dans le monde.
Les sources principales de cet article :
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